Délicates et gracieuses, semblant venir d’un autre monde, les méduses sont connues pour leur beauté à couper le souffle, mais aussi pour leur piqûre douloureuse. Ces invertébrés gélatineux flottent dans nos océans depuis l’origine de la vie, ayant survécu à des apocalypses qui ont anéanti d’innombrables autres espèces de la surface de la Terre.
Des millions d’années plus tard, elles restent inchangées, libres de dériver sur les mers salées, émerveillant leurs observateurs et piquant parfois ceux qui s’approchent trop près. Bien qu’il existe de nombreuses méduses dont la piqûre n’est pas urticante, une seule espèce est capable d’inverser indéfiniment son processus de vieillissement, et de prolonger sa survie grâce à un processus de réinitialisation.
Le cycle de vie
Découverte pour la première fois dans la mer Méditerranée dans les années 1880, la Turritopsis dohrnii est une petite méduse en forme de cloche, dotée d’un estomac rouge vif et de quatre-vingt-dix tentacules. Elle mesure environ 4,5 mm et n’est pas plus grosse qu’un petit ongle.
Tout comme les autres méduses, la Turritopsis dohrnii commence sa vie sous forme de planula (larve), nageant dans l’eau avant d’atterrir sur le fond marin pour se transformer en une colonie de polypes. De la colonie sont libérées de plus petites méduses identiques, devenant adultes en quelques semaines.
Méduse immortelle
Qu’est-ce qui rend cette méduse si spéciale ? La Turritopsis dohrnii possède une capacité étonnante dont aucun autre animal connu ne peut se vanter. Elle est capable d’effectuer un processus rare appelé transdifférenciation, qui a attiré l’attention des scientifiques pour son potentiel médical.
Lorsque les méduses sont menacées de mort, elles sont capables de revenir à la forme de polype pour renaître à nouveau. La nouvelle colonie de polypes pourra engendrer de nouvelles méduses qui partagent leur génétique avec l’adulte blessé. En raison de cette incroyable capacité à réapparaître dans une nouvelle vie, la Turritopsis dohrnii est également connue sous le nom de « méduse immortelle ».
Dans le processus de transdifférenciation, une seule cellule adulte spécialisée peut se transformer en une cellule complètement différente, offrant un moyen méthodique de recycler les cellules. Avec ce processus, les scientifiques espèrent reproduire le processus pour remplacer les cellules humaines endommagées par les maladies, tout particulièrement dans les cas de cancer.
Les espèces envahissantes
Non seulement la « méduse immortelle » est capable de survivre à des conditions extrêmes, mais elle prospère également rapidement en tant qu’envahisseur agressif. Les scientifiques ont découvert que, comme de nombreuses espèces marines, les méduses se retrouvent souvent à faire un tour sous les ballasts des navires de passage, grâce auxquels elles sont transportées à travers le monde.
Étant donné que la survie en voyage n’est pas un problème pour ces créatures marines tenaces, les chercheurs ont pu identifier différents individus de Turritopsis dohrnii partageant la même génétique de l’autre côté des océans.
L’incroyable capacité de survie de cette minuscule méduse a mystifié les chercheurs sur la nature de sa mortalité. Même s’il est possible de reproduire le processus de remplacement des cellules, un individu peut-il rester le même éternellement ? Les chercheurs pensent que les gènes sont les mêmes, et cela pourrait être suffisant pour réaliser une percée.
La quête de l’immortalité a longtemps été poursuivie par les humains, et naturellement, cette remarquable capacité d’échapper à la mort est d’un grand intérêt pour les scientifiques. Pourtant, il doit y avoir une raison pour laquelle cette capacité a été donnée seulement à la plus humble des créatures. Était-ce pour pouvoir l’exploiter, créer des êtres surhumains, et dominer pleinement le monde, ou était-ce plutôt pour nous émerveiller de la complexité ingénieuse de la nature et aspirer à être plus digne de cette vie qui nous a été donnée.
En explorant ces choses, il est important de se rappeler qu’il existe un équilibre naturel dans ce monde. Repousser les limites de notre espérance de vie pourrait également entraîner une misère imprévue.
Rédacteur Nello Tinazzo
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