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Nature. La vie secrète des arbres – les habitudes communautaires et altruistes de la forêt

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Dans son livre La vie secrète des arbres, l’auteur à succès Pete Wohlleben amène à comprendre la manière dont les arbres communiquent, mais aussi comment cette communication peut aider l’être humain à mieux se comprendre et à mieux comprendre le monde qui l’entoure. Les arbres inclus dans son histoire comprennent des arbres aux caractéristiques « humaines », des « arbres qui parlent », mais aussi des arbres qui « marchent » parfois.

L’ingénieur forestier et écrivain Peter Wohlleben gère le bois de la réserve naturelle, située dans les montagnes de l’Eifel, dans l’Ouest de l’Allemagne, depuis 2006. Cette réserve est bordée de vastes forêts de chênes et d’hêtres. Dans ces vastes bosquets « sacrés », la communication éthérée se fait par les odeurs, le goût et les impulsions électriques, créant une atmosphère mystérieuse et envoûtante.

La vie secrète des arbres révèle des « drames » et des « histoires d’amour émouvantes »

Au cours de son expérience avec les arbres, Peter Wohlleben a pris conscience des « drames quotidiens et des histoires d’amour émouvantes » des arbres. Dans la plus pure tradition allemande, ce concept de la vie cachée des arbres est ce qu’on pourrait appeler une éthique forestière, qui permet aux forêts de se développer dans des proportions énormes, grâce à des partenariats, des familles élargies et des contacts avec ses habitants.

Au cours de ses recherches, Suzanne Simard a découvert qu’un « arbre mère » est une figure centrale dans une forêt, communiquant avec les arbres et les jeunes arbres qui l’entourent et les protégeant. (Image : Wikimedia / Domaine public)

Dans le but d’améliorer les normes écologiques, Peter Wohlleben considère les monocultures et les machines lourdes comme des « méchants ». Dans le cadre d’une gestion visant à préserver les forêts, les arbres peuvent satisfaire leurs « besoins sociaux », transmettre leurs connaissances aux générations futures et vieillir « dignement ».

En tant qu’ingénieur forestier, M. Wohlleben veille à ce que les arbres soient coupés à la main et enlevés à cheval au lieu d’utiliser des équipements lourds et motorisés. Ce qui permet de protéger les systèmes racinaires souterrains et les réseaux fongiques qui permettent aux plantes de partager les nutriments et les produits chimiques.

À l’échelle mondiale, estime-t-il, les humains devraient et pourraient gérer les forêts de la même manière. L’écologie n’est pas passive, elle est dynamique : les écosystèmes contribuent activement à leur complexité, leur résilience et leur survie.

L’écologie est dynamique et complexe. L’ombre fournie par les arbres d’une forêt joue un rôle important dans ses cours d’eau, permettant aux poissons de se reproduire. (Image : Pexels)

Le réexamen révélateur que fait Peter Wohlleben de nos compagnons les plus anciens nous incite à voir d’un œil neuf ce que nous tenons pour acquis depuis des lustres.

Des dons de sagesse

Deux hêtres massifs se tiennent côte à côte au cœur de la forêt. Malgré leur couronne hivernale clairsemée, ils semblent prendre soin de ne pas empiéter sur l’espace de l’autre. « Ces deux-là sont de vieux amis, ils sont très attentionnés en partageant la lumière du soleil, et leurs systèmes racinaires sont étroitement liés. Dans des cas comme celui-ci, lorsque l’un meurt, l’autre meurt généralement peu après, car ils sont dépendants l’un de l’autre », explique M. Wohlleben.

Les travaux de Darwin ont fait naître l’idée que les arbres, parmi d’autres espèces, se disputent les ressources : les gagnants étant les survivants. L’industrie du bois crée donc des forêts où chaque arbre a son « espace optimal », mais ce scénario artificiel est loin d’être idéal.

La forêt d’Eifel, en Allemagne de l’Ouest, où l’ingénieur forestier et écrivain Peter Wohlleben a observé des caractéristiques humaines remarquables dans les relations entre les arbres. (Image : Wikipedia / CC BY-SA 3.0)

Dans son ouvrage, Peter Wohlleben explique la différence entre les forêts cultivées et les forêts naturelles. Il décrit les arbres comme étant capables de planifier à l’avance, afin de favoriser le meilleur environnement possible pour leur durée de vie.

Dans les forêts naturelles, les arbres créent des « amitiés ». Il observe que les bouleaux prennent soin les uns des autres et « s’occupent des leurs. Ils aident les malades et les faibles à se remettre sur pied. Ils sont même réticents à abandonner leurs morts », précise-t-il. Des recherches scientifiques menées par Suzanne Simard, professeur d’écologie forestière à l’Université de la Colombie-Britannique, ont également montré que « les arbres sont plus altruistes que compétitifs ».

Dans les forêts cultivées, les arbres sont plantés à intervalles réguliers, et deviennent des « solitaires » qui « souffrent de leur isolement ».

La mise en évidence d’une « toile à l’échelle du bois »

En entrelaçant leurs racines et en partageant des réseaux fongiques autour de leurs racines, les arbres voisins agissent comme un système nerveux étendu. « Tous les arbres ici, et dans chaque forêt qui n’est pas trop endommagée, sont connectés les uns aux autres par des réseaux fongiques souterrains », explique Peter Wohlleben. « Certains l’appellent la " toile du bois " ».

Dans le cadre de ses recherches sur les réseaux fongiques, Suzanne Simard a découvert qu’au centre de la toile fongique, un « arbre mère » aide à coordonner le puissant réseau qui guérit, nourrit et soutient le reste de la forêt. Il a été ainsi constaté que l’arbre « mère » ou « pivot » fournit de l’eau et avertit les jeunes arbres du danger.

« En se connectant à tous les arbres d’âges différents, les arbres mères peuvent en fait faciliter la croissance de ces jeunes plants de sous-bois », a-t-elle déclaré.

Selon Peter Wohlleben, auteur de La vie secrète des arbres, les arbres entretiennent des relations sociales complexes et aiment se « dorloter ». (Image : Justin Meissen / Flickr / CC BY-SA 2.0)

Une croissance et une réaction délibérément lentes

Les arbres existent sur leur propre échelle de temps. En Suède, un épicéa a 9 500 ans : c’est l’un des plus vieux arbres de la planète. Le fait de disposer d’autant de temps permet aux arbres de faire les choses à leur propre rythme. Les impulsions électriques qui passent par les racines d’un arbre, par exemple, se déplacent au rythme d’un tiers de 2,54 cm par seconde.

M. Wohlleben est un défenseur de la croissance lente, estimant qu’elle permet d’obtenir des grains plus serrés, plus à même de lutter contre les menaces naturelles. Les arbres à croissance rapide des plantations en monoculture sont très sensibles aux parasites et aux tempêtes. « Couper à blanc une forêt ancienne et la remplacer par une monoculture est une calamité », précise-t-il.

Dans son ouvrage, Peter Wohlleben affirme que les arbres ressentent de la « douleur » lorsque les animaux broutent leurs feuilles. De son côté, le Dr Simard a découvert qu’ils peuvent s’avertir mutuellement du danger par des signaux chimiques envoyés par les réseaux de champignons autour de l’extrémité de leurs racines. Lorsqu’une girafe mange un acacia, par exemple, l’arbre produit un signal chimique que les autres arbres peuvent « sentir », ce qui déclenche la libération d’une toxine qui dissuade les girafes.

Le broutage des girafes peut amener les acacias à envoyer un signal à leurs semblables, déclenchant une large libération de toxines pour prévenir d’autres dommages. (Image : Son of Groucho / Flickr / CC BY 2.0)

Peter Wohlleben précise que certains arbres « acceptent à l’avance » un calendrier de reproduction irrégulier, afin d’empêcher les herbivores de dépendre d’eux pour se nourrir. Un approvisionnement régulier en nourriture entraînerait une surpopulation qui pourrait décimer la forêt. Les arbres coupent donc les rations pour se protéger.

Repenser la science

Dans son nouveau livre Finding the Mother Tree : Discovering the Wisdom of the Forest, Mme Simard montre que la recherche scientifique n’est pas simplement une affaire de chiffres et de conférences, mais plutôt un voyage de réflexion qui dépend autant du caractère organique de l’esprit humain que de tests précis.

Bien que des vibrations ultrasoniques aient été observées dans les troncs d’arbres lorsque le mouvement de l’eau des racines vers les feuilles est interrompu, les scientifiques considéraient ces bruits comme « purement mécaniques » et « probablement sans signification », explique Peter Wohlleben.

« Quand je pense aux résultats de l’étude… il me semble que ces vibrations peuvent être bien plus que de simples vibrations - elles pourraient être des cris de soif ». Les arbres pourraient indiquer à leurs collègues que les niveaux d’eau sont bas, a-t-il ajouté.

Il est facile pour nous de nous éloigner de la forêt qui est essentielle à notre existence et qui ne fait qu’un avec elle. Lorsque nous apprendrons à vivre en harmonie avec l’environnement, nous obtiendrons des résultats bien plus importants que les connaissances techniques et les gains financiers.

Donner, c’est recevoir. Recevoir, c’est donner.
Enseigner, c’est apprendre. Apprendre, c’est enseigner.
Aimer, c’est être aimé. Être aimé, c’est aimer.
Dans ce monde, il ne peut y avoir de personne, de lieu, de chose ou même de moment dans le temps qui ne fasse que recevoir ou que donner.
Et s’il en existe un, c’est à nous de le guérir.

Le Rabbi (1902-1994)1

Note :
1 Traduction, non-officielle, proposée par la rédaction

Rédacteur Charlotte Clémence

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