Les océans s’appauvrissent en oxygène : la vie sur Terre est-elle menacée ?
L’humanité semble ne plus avoir le respect des océans, qui couvrent 70 % de la surface de la terre et contribuent à 50% de son oxygène. Les océans représentent une richesse indispensable pour l’homme, ils sont cependant victimes de son comportement et de ses pratiques nuisibles qui ont de graves répercussions sur le milieu marin et la qualité des eaux.
Un récent rapport de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), du 7 décembre 2019, évoque la diminution en oxygène des océans, qui serait une menace pour les espèces marines et la vie sur terre. «Ce rapport basé sur les travaux de 67 experts est présenté comme le plus important sur ce sujet encore méconnu», selon l’AFP/Express.
Les océans deviennent les poubelles géantes de l’humanité. Et, d’années en années le taux d’oxygène des eaux marines diminue.
Les causes de la baisse en oxygène des océans
« En cinquante ans, les océans auraient perdu 77 milliards de tonnes d’oxygène » selon Véronique Garçon, chercheuse au CNRS de Toulouse.
Depuis de nombreuses décennies, les scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur cette question. Ce phénomène résulterait du fait que l’oxygène des eaux marines est consommé plus rapidement qu’il n’est produit. Une situation préoccupante résultant du rejet des nutriments de l’agriculture humaine, comme l’azote et le phosphore et de divers déchets qui engendrent une prolifération d’algues, consommant une très grande quantité d’oxygène.
Actuellement, la plupart des zones côtières à travers le monde seraient dépourvues d’oxygène. Mais les espaces en haute mer sont également dépourvus d’oxygène, parce que le réchauffement des eaux de surface empêcherait l’oxygène d’atteindre les profondeurs de l’océan. Donc, en un demi-siècle, les zones de haute mer et les zones côtières, auraient quadruplé leur perte en oxygène pour le plus grand malheur des espèces marines. Les scientifiques interpellent depuis des décennies les différents Etats, en insistant sur le fait que cette situation ira en s’accroissant au fur et à mesure du réchauffement de la terre.
Les mangroves sont actuellement menacées. (Image : Freddie01 / Pixabay )
Les écosystèmes côtiers mis en danger
Les différentes régions côtières, les mangroves et les prairies sous-marines sont importantes pour l’équilibre des écosystèmes. Ces espaces protégés luttent contre l’érosion des côtes. Ils représentent une barrière naturelle aux catastrophes climatiques, freinent le changement climatique en absorbant une grande quantité de gaz à effet de serre. Les mangroves sont les foyers de la reproduction des poissons et des oiseaux, mais aussi les lieux privilégiés pour la protection des oiseaux grâce à une végétation très dense.
Or, malgré ces avantages indéniables, les mangroves sont actuellement menacées et selon l’UNESCO, « près de 340 000 à 980 000 hectares de faune et de flore sont détruits chaque année ». Glo.be. La destruction de ces mangroves est liée à l’accroissement de la production vinicole et de l’agriculture, en général.
Dans certains pays, près de 80% des mangroves ont disparu au détriment de l’industrie. La France qui se situe au second rang mondial des espaces maritimes, après les Etats Unis, compte 10 millions de km2 de surfaces côtières. Il faut rappeler que 96% de ces espaces sont situés en régions ultramarines, alors que l’on ne dénombre que 20 000 kilomètres de côtes métropolitaines. Précisons que près du quart des côtes françaises est ravagé par l’érosion, du fait de l’accumulation des sédiments et de l’expansion des rivages limono-vaseux.
La situation est bien plus grave en Chine, car en 20 ans ce pays a perdu 73% de ses marais et de ses mangroves, tandis que ses récifs coralliens ont diminué de 80%. Il en résulte que 90% des villes côtières chinoises sont confrontées à de graves pénuries d’eau.
Une pollution destructrice
Il est bien connu que l’activité humaine serait en grande partie la cause de la dégradation des fonds marins et de l’appauvrissement en oxygène des océans.
Dans les villes côtières et bien au-delà, la majeure partie des eaux usées, engrais chimiques, et déchets sont rejetés en mer. Et le résultat nocif de cette situation est la désertification des fonds marins. Depuis plusieurs décennies, on dénombre des zones mortes, où il n’y aurait plus d’oxygène ni de poissons. Les Nations Unies ont estimé que « les espèces animales telles que les poissons, les oiseaux, les reptiles et les mammifères souffrent de la pollution ». Aussi, les zones mortes prolifèrent et l’on en compte actuellement un grand nombre : « À titre d’exemple, le golfe du Mexique, où se jette le Mississippi, contient une zone morte de quelques 13 000 km². Au niveau mondial, il en existe aujourd’hui près de 500, totalisant une superficie de 245 000 km², ce qui correspond grosso modo à la superficie du Royaume-Uni » selon l’UNESCO.
Vortex de déchets du Pacifique Nord. Il est constitué de déchets en lien avec l’impact de l’activité humaine. Il forme ce qu’on appelle le septième continent et est aussi connu sous le nom de « soupe de plastique », ou « grande zone d’ordures du Pacifique ». (Image : wikimedia / NOAA / Domaine public)
Mais l’une des formes de pollution les plus destructrices est le plastique. Cette matière utilisée à grande échelle sur terre, jonche les fonds marins et empoisonne les espèces marines, qui avalent en grande quantité les substances toxiques de ces plastiques.
Bien que les Etats soient informés de la nocivité de cette matière polluante pour les espèces marines, « chaque année, 5 à 13 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans » et les poissons remplissent leur estomac de plastiques et en meurent.
En septembre 2019, « des recherches ont révélé qu’une grande partie de la pollution des océans provenait des cargos chinois. Un porte-parole de Ocean Cleanup a déclaré : Tout le monde parle de sauver les océans, en cessant d’utiliser des sacs en plastique, des pailles…mais lorsque nous nous dirigeons vers l’océan, ce n’est pas nécessairement ce que nous trouvons. » selon Wikipédia.
Il existe encore d’autres formes de pollution des océans comme le pétrole, les substances radioactives, les métaux lourds et autres produits toxiques de laboratoires et de centres de recherches, sans oublier les déchets provenant de l’atmosphère.
Nos océans sont donc durement éprouvés et beaucoup d’Etats s’inquiètent du devenir de notre planète. Verrons-nous les zones mortes gagner de plus en plus de terrain, au risque de menacer la vie sur terre, alors que l’océan est le vivier de l’homme par excellence ?
Alors, que faire pour venir à bout de ces difficultés ?
Est-il encore temps d’agir ?
Les océans sont producteurs d’oxygène sur terre, grâce à la photosynthèse, qui est « un processus par lequel les plantes vertes synthétisent des matières organiques grâce à l’énergie lumineuse, en absorbant le gaz carbonique de l’air et en rejetant l’oxygène », rapporte le CEA, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies. Mais, la moitié de la photosynthèse mondiale est réalisée par le plancton marin qui est la base de l’alimentation de toutes les espèces marines. D’où la crainte de voir mourir dans le futur ces espèces marines, si le planton marin est détruit progressivement par la pollution.
Les océans sont donc de réelles «pompes à carbone, car ils absorbent près de 30 % des émissions mondiales de CO2», ce qui leur donne une fonction essentielle pour la lutte contre les changements climatiques.
L’UICN précise que : « Si nous continuons d’agir comme nous le faisons actuellement, les océans contiendront plus de plastique que de poissons d’ici 2050 ». Il en va de même, pour les autres formes de pollution marine qui mettent en danger les espèces marines et à court ou moyen terme la vie sur terre. Les Etats et les populations sont actuellement sensibilisés, aussi de nombreuses mesures ont été envisagées, reste à les mettre en œuvre.
Au niveau des Etats
Des conférences mondiales sur le climat sont organisées chaque année. La COP24 réunit 190 pays sensibilisés à la préservation de notre environnement, au cours de cette conférence, les Etats participants vont signer un pacte pour la mise en œuvre d’une feuille de route pour chaque pays, afin de lutter contre le réchauffement climatique, la réduction des gaz à effet de serre, la pollution des plastiques dans les océans.
Le vendredi 10 mai 2019, « 180 pays ont signé à Genève un accord portant sur une règlementation des exportations des déchets plastiques. Précisons qu’actuellement 8 millions de déchets plastiques finissent dans les océans ». Les 1400 représentants des Etats qui ont travaillé sur cette question, ont mesuré l’importance de cette problématique et exprimé leur volonté de changer la donne, pour la santé des habitants de la terre.
Une lueur d’espoir apparaît car de nombreuses initiatives ont été prises pour inverser la tendance. 12,7% des zones côtières seraient déjà protégées. Par ailleurs, le plastique qui est la cible de nombreuses catastrophes environnementales et sanitaires est une problématique sérieuse dans tous les pays. Les industriels devront, à brève échéance, modifier leur mode opératoire pour répondre à une consommation de plus en plus écologique.
Une autre mesure envisagée par les Etats est le recyclage. C’est un procédé de traitement des ordures et déchets industriels, permettant d’éviter le gaspillage des ressources naturelles et de réduire la consommation d’énergie. Presque tous les pays développés sont engagés dans des procédés de recyclage, reste à étendre cette action à l’ensemble des pays du monde. Malgré tout, « Près de 4,8 à 12,7 millions de tonnes de déchets entrent dans les océans chaque année, à cause de la prise en charge et du traitement inadéquats des déchets », selon Wikipédia.
Trajet des jouets en plastique relâchés par un cargo dans le gyre d’ordures. Le plastique est de plus en plus décrié, car il est la cause de nombreuses catastrophes environnementales et sanitaires. (Image : wikimedia / CC BY-SA)
Au niveau de l’homme
À titre individuel et au niveau des groupements sociaux, les gestes pour sauver nos océans sont importants et doivent façonner nos générations futures.
Les gestes à intégrer et à enseigner aux enfants ne sont pas insignifiants, car ils peuvent aussi sauver les espèces marines qui commencent à disparaître, comme le marlin, le requin, la sole et d’autres espèces menacées par la pollution humaine.
Les principaux gestes à intégrer, à enseigner et à divulguer sont simples et peuvent tout changer :
- Cesser de boire l’eau conditionnée en bouteille plastique
- Jeter les mégots de cigarette à la poubelle
- Réduire son empreinte carbone
- Ne pas utiliser de gobelets, couverts et pailles en plastique jetables
- Ne jeter aucun déchet à la mer
En intégrant ces gestes simples, chacun apportera un peu de mieux-être aux espèces marines et préservera la vie sur Terre.
Alors comment se mobiliser pour aider ? Beaucoup d’associations mènent des actions sur ce thème avec de véritables actions de nettoyage au niveau des plages et des fonds marins. Ainsi, des plongeurs sous l’égide de l’Office de la Mer à Marseille, se sont mobilisés à titre bénévole pour ramasser les déchets aux abords des plages et dans les calanques, plus d’une vingtaine de plongeurs ont donné de leur temps pour nettoyer ces fonds très pollués. Précisons que la méditerranée est la mer la plus polluée au monde. Par ailleurs, d’autres associations font appel à des bénévoles pour des opérations de nettoyage de plage, ceci pour éviter que les déchets soient emportés dans les fonds marins. Certains collèges ont même pris ce problème à cœur, en dirigeant des opérations de nettoyage de plage dans un cadre éducatif.
Ce sont de très belles initiatives qui vont s’étendre de plus en plus sur l’ensemble de la Terre.
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