Les parchemins déchiffrés à l’aide de faisceaux lumineux plus brillants que le soleil
En 79 ap. J.-C. la ville romaine d’Herculanum a complètement été effacée de la carte en quelques secondes, par une vague pyroclastique de cendres volcaniques de 500 degrés qui a tué instantanément la population sur place. Aujourd’hui, 75% de la ville reste ensevelie sous 25 m de cendres volcaniques compactées. (Image : @Société Herculanum)
Les papyrus d’Herculanum sont un ensemble de textes carbonisés qui contiennent les œuvres de philosophes grecs comme Philodème de Gadara.
Les textes ont été carbonisés à la suite de l’éruption du Vésuve en Campanie, Italie, en l’an 79 de notre ère. Les scientifiques prévoient maintenant d’utiliser des faisceaux de lumière beaucoup plus lumineux que le soleil pour déchiffrer le contenu insaisissable des papyrus.
Lecture des parchemins
En raison de leur fragilité, les parchemins ont été en grande partie conservés en l’état, car leur ouverture aurait pu entraîner leur désintégration. Sur les 1800 manuscrits récupérés, la plupart sont conservés dans une bibliothèque à Naples, Italie. Quelques-uns de ces manuscrits ont été offerts en cadeau à l’Institut de France.
Le Diamond Light Source, un accélérateur de particules britannique qui produit de la lumière. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le professeur Brent Seales, directeur de la Digital Restoration Initiative (Initiative de Restauration Numérique) à l’Université du Kentucky, et son équipe d’étudiants parisiens de premier cycle vont étudier les manuscrits de France. Au total, six parchemins seront numérisés au site du Diamond Light Source, un accélérateur de particules britannique qui produit de la lumière. Les rouleaux utilisent de l’encre de carbone, dont la densité est similaire à celle du papyrus carbonisé. C’est la raison pour laquelle les scanners à rayons X n’ont pas réussi à détecter le contenu des rouleaux. Mais l’analyse au Diamond Light Source devrait résoudre le problème.
« L’idée est essentiellement comme un tomodensitomètre (scanner) où l’on prendrait l’image d’une personne, une image tridimensionnelle d’une personne et on pourrait la découper pour voir les différents organes... Nous... faisons briller une lumière très intense à travers (le rouleau) et capturons ensuite de l’autre coté une série d’images en deux dimensions. À partir de là, nous reconstruisons un volume tridimensionnel de l'objet... pour lire le texte d’une manière non destructive », a déclaré à Reuters Laurent Chapon, directeur des sciences physiques de Diamond Light Source.
Les scans n’offriront pas une visualisation immédiate du contenu des parchemins. Cependant, ce qu’ils fourniront, ce sont des éléments de base cruciaux qui établiront les fondations d’une telle visualisation. Dans un premier temps, la structure interne des parchemins sera révélée dans la plus haute définition possible, ce qui permettra aux chercheurs de repérer les couches compressées sur lesquelles le contenu textuel existe. L’équipe utilisera ensuite des technologies d’apprentissage automatique pour déchiffrer le contenu.
« L’outil d’apprentissage automatique que nous développons amplifiera ce signal d’encre en apprenant à un algorithme informatique à le reconnaître - pixel par pixel - à partir de photographies de fragments ouverts qui montrent exactement où se trouve l’encre - voxel par voxel - dans les données tomographiques correspondantes des fragments. L’outil peut ensuite être déployé sur les données des rouleaux encore enroulés, identifier l'encre cachée et la rendre plus visible pour tout lecteur », a déclaré M. Seales dans un communiqué (Diamond).
Lors de l’explosion du Mont Vésuve en l’an 79 ap. J.-C., les rouleaux ont été soumis à un assèchement intense dans un court laps de temps qui a provoqué la carbonisation des rouleaux, mais ceux-ci ont finalement été préservés. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Les papyrus d’Herculanum
Lors de l’explosion du Mont Vésuve en l’an 79 ap. J.-C., les rouleaux, qui se trouvaient dans une pièce privée d'oxygène, ont été soumis à un assèchement intense dans un court laps de temps. Ceci a provoqué la carbonisation des rouleaux qui ont finalement été préservés par plusieurs couches de roches cimentaires.
Plusieurs siècles plus tard, en 1752, quelques ouvriers ont découvert accidentellement ces manuscrits. Environ 1 800 manuscrits ont été officiellement répertoriés. Cependant, certains pensent que beaucoup d’autres manuscrits auraient pu être découverts et gardés secrets par les autorités.
Ces rouleaux sont censés contenir des textes sur la philosophie grecque, en particulier ceux de personnages importants comme Chrysippe, Epicure et Philodème. Une partie du poème entourant les événements de la « Bataille d’Actium » a également été retrouvée. L’an dernier, il a été rapporté que certaines sections des Histoires de Sénèque l’Ancien ont été découvertes dans un des papyrus.
Rédacteur Guillaume
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