D’ici juin de cette année, la Chine enverra dans l’espace ses deux derniers satellites du réseau de géolocalisation Beidou, rendant ainsi le système de navigation pleinement opérationnel. Cela portera à 35 le nombre total de satellites Beidou en orbite autour de la terre, dépassant ainsi le réseau américain de satellites GPS, qui en compte 24 en orbite.
Le Beidou chinois
En 2017, un rapport de la Commission sino-américaine de révision économique et de sécurité a mis en évidence trois raisons pour lesquelles la Chine créait son propre réseau de navigation. « La Chine a cherché à mettre en place son propre système de navigation par satellite : premièrement afin de répondre aux exigences de sécurité nationale en mettant fin à la dépendance militaire à l’égard du GPS, deuxièmement, dans le but de construire une industrie commerciale en aval de la navigation par satellite pour tirer profit du marché en pleine expansion, et troisièmement afin d’acquérir un prestige national et international en mettant en place l’un des quatre seuls systèmes mondiaux de navigation par satellite (GNSS) développés à l’heure actuelle », indique le rapport (Belt and Road News).
Il a averti que Beidou aura des implications négatives pour l’Amérique dans les domaines de l’économie, de la sécurité et de la diplomatie. Une fois terminé, Beidou sera le seul système de navigation disposant de huit satellites en orbite géosynchrone, ce qui signifie qu’ils pourront se concentrer sur une région spécifique et suivre la vitesse de rotation de la Terre. Le gouvernement chinois pourrait également être en mesure de suivre tous les utilisateurs du réseau Beidou partout sur la Terre en déployant des logiciels malveillants. Cela peut devenir un problème important lorsque les smartphones équipés de Beidou seront répandus aux États-Unis.
Pékin tente de faire en sorte que les pays participant à son initiative « route et ceinture » (belt and road initiative, BRI, ce nouveau nom permet de préciser que ce projet ne se limite pas à une seule route de la soie), s’engagent à utiliser Beidou et à abandonner le GPS. Selon une estimation, la Chine a exporté des produits de base du système de navigation par satellite Beidou dans plus de 120 pays et s’efforce d’en ajouter d’autres. De plus, l’évaluation des biens et services liés à Beidou atteindront 57 milliards de dollars cette année. La Chine travaille également avec Moscou pour créer une synergie entre Beidou et le système de navigation russe GLONASS.
GLONASS est le propre système de navigation par satellite de la Russie. (Image : glonass-iac.ru)
« Le fait de disposer d’un système satellitaire aussi vaste et aussi robuste pourrait également renforcer la tendance des deux nations à interférer avec les signaux GPS internationaux sur de vastes zones. La perturbation chronique du GPS par la Russie et la Chine dans le nord de la Scandinavie, la mer Noire, l’est de la Méditerranée, le sud de la mer de Chine et ailleurs pourrait devenir beaucoup plus courante et répandue à mesure que la méga-constellation sino-russe de navigation satellitaire deviendra plus robuste et les partenaires plus enhardis », selon le National Defense Magazine.
GPS indien
L’Inde, voisine de la Chine, développe également son propre système de navigation régional appelé NavIC, qui devrait être terminé cette année. Conçu par l’Organisation indienne de recherche spatiale, NavIC est composé de sept satellites. « NavIC propose un système de navigation qui est censé fournir une précision supérieure à 10 mètres, ce qui lui donne un avantage considérable sur le GPS qui a une précision de 20 à 30 mètres. Sa portée s’étend également à 1 500 km en dehors de nos frontières (indiennes), avec une vaste zone de service supplémentaire », selon Money Control.
Le service restreint (RS) de NavIC est un service crypté qui sera offert aux utilisateurs autorisés comme les militaires. (Image : wikipedia / CC0 1.0)
NavIC offrira deux types de services – un service de positionnement standard (SPS) destiné à un usage commercial et un service restreint (RS), qui est un service crypté qui sera offert aux utilisateurs autorisés comme les militaires. Le gouvernement a apparemment l’intention d’étendre le réseau de satellites de 7 à 11. Qualcomm travaille avec l’ISRO pour activer la capacité NavIC dans ses plateformes de puces mobiles Snapdragon. Cela devrait accélérer l’adoption du NavIC par d’autres fabricants d’équipements pour smartphones.
Rédacteur Swanne Vi
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