En 1945, sur les lignes de front de Prusse orientale, Alexandre Soljenitsyne, commandant de batterie dans la division de reconnaissance de l’artillerie de l’Armée rouge soviétique, regagnait son poste de commandement bunkerisé, couvert de poudre et de boue à la suite de tirs d’artillerie prolongés.
À son insu, deux membres de la Tcheka de l’Armée rouge l’attendaient au poste. Ces officiers militaires révolutionnaires détenaient encore plus de pouvoir que les commissaires, et lorsque Alexandre Soljenitsyne les vit, un frisson lui parcourut l’échine.
Alexandre Soljenitsyne arrêté et emprisonné
L’un des officiers déclara : « Aleksandr Issaïevitch Solzhenitsyn, nous avons intercepté l’une de vos communications ». « Intercepté une de mes communications ? », demanda-t-il.
« Nous avons remarqué que vous utilisiez un langage perverti pour critiquer notre grand commandant en chef, le camarade Staline. Nous doutons de votre loyauté et vous ne pouvez plus assumer de fonctions de commandement sur le front. Nous avons également des raisons de soupçonner que vous complotez pour créer une organisation antisoviétique ».
Le commandant, qui avait reçu deux fois des médailles pour sa bravoure au combat, se vit donc retirer ses épaulettes et sa cocarde et, sous les yeux horrifiés de ses camarades, il fut emmené loin de la ligne de front. Au cours des huit années suivantes, Alexandre Soljenitsyne fut condamné et jeté dans diverses prisons et camps de travail, après quoi il passa trois années supplémentaires en exil forcé.
Peu de temps après son emprisonnement, il tomba gravement malade. Après un examen, les médecins déterminèrent qu’il souffrait d’un cancer de l’estomac.
« Soljenitsyne, nous nous sommes déjà concertés et nous pensons qu’il ne vous reste que trois semaines à vivre. Nous allons vous opérer, mais cela ne servira pas à grand-chose. Je suis désolé », ont-ils affirmé à Alexandre Soljenitsyne.
En une fraction de seconde, il avait été privé de sa carrière et de son honneur, et maintenant, tout aussi soudainement, sa vie venait d’être déclarée terminée. L’annonce de sa mort prochaine lui donna le tournis et il perdit presque la capacité de penser.
Des paroles essentielles et éclairantes dans un service de nuit
L’opération se termina dans la seconde moitié de la nuit. Il n’y avait pas la présence et les soins chaleureux d’un être cher pour l’accompagner, seulement une solitude et une peur sans fin. Soudain, dans l’obscurité de la nuit, Alexandre Soljenitsyne entendit une voix basse et affaiblie provenant d’un autre lit. S’il crut d’abord qu’il s’agissait simplement des gémissements d’une autre vie sans défense, il comprit vite qu’un autre patient essayait de lui parler.
Bien qu’il ne pouvait pas voir clairement le visage de l’autre personne dans l’obscurité, il commença à comprendre qu’il s’agissait d’un médecin chrétien qui était également condamné pour s’être opposé à l’autocratie de Staline. Le médecin lui raconta sa vie, en se concentrant principalement sur sa conversion spirituelle du judaïsme au christianisme.
En cette nuit sombre et périlleuse, Alexandre Soljenitsyne eut l’une des conversations les plus essentielles et les plus éclairantes de sa vie. Les paroles de l’Évangile, partagées par l’homme, agirent comme une lumière, éclairant les ténèbres de son cœur.
Cette nouvelle croyance en Dieu lui donna le remède éternel qu’il utilisa plus tard en tant qu’écrivain pour guérir les maux de la psyché humaine.
Peut-être était-ce la volonté de Dieu que le médecin chrétien meure sur la table d’opération tôt le lendemain, seulement après avoir parlé à Soljenitsyne.
Devenir chrétien et cultiver une grande force morale
À partir de ce jour, Alexandre Soljenitsyne, qui connaissait les vicissitudes de la vie et de la mort, commença à éprouver des sentiments religieux. Il devint un chrétien fervent, ce qui lui conféra une grande force morale dans ses écrits futurs.
Peut-être Dieu a-t-il prolongé la vie de Soljenitsyne cette nuit-là en voyant qu’il commençait à remplir sa mission dans cette vie, illuminé par la magnificence de la gloire du Seigneur.
Non seulement Alexandre Soljenitsyne vécut encore trois semaines, comme l’avaient prédit les médecins, mais il se rétablit complètement et survécut avec ténacité, sortant finalement du terrible camp de travail soviétique.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Aleksandr Solzhenitsyn and the Gulag Archipelago (Part 1)
www.nspirement.com
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.