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Culture. Les bienfaits thérapeutiques de la musique vertueuse sur le corps et l’esprit

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PODCAST

Durant la Seconde Guerre mondiale, les hôpitaux de campagne de l’armée américaine étaient remplis de soldats blessés. Par temps chaud, avec des nuées de moustiques et une grave pénurie de médicaments, le taux d’infection suite aux interventions chirurgicales, et le taux de mortalité, étaient très élevés, et le moral des blessés était au plus bas. Voyant cela, un médecin a pris l’initiative de jouer une musique appréciée de tous. Après que les malades et les blessés aient écouté la musique, les taux d’infection et de mortalité ont chuté de façon spectaculaire, et la période de cicatrisation chirurgicale a considérablement diminué.

Les anciens Chinois croyaient au pouvoir de guérison de la musique. Le caractère qui signifie « médecine » est yao (藥), qui dérive de yue (樂), qui signifie « musique ». Zhu Zhenheng, un célèbre médecin de la dynastie Yuan, a dit un jour que « la musique est aussi une médecine. »

Les documents historiques chinois contiennent des informations sur le traitement des maladies par la musique, qui remontent à une époque bien plus ancienne. Par exemple, Les Annales du printemps et de l’automne de Maître Lü – La musique des anciens, écrites en 239 av. J.-C., décrivent l’usage de la danse et de la musique pour réguler les troubles causés par la tension des muscles et des os, liée à l’énergie dépressive.

Le Jardin des Persuasions, écrit avant 700 av. J.-C., contient des informations sur un chaman, issu d’une tribu aborigène Hmong il y a 5 000 ans, qui jouait de la flûte de bambou pour guérir ses patients.

Bai Juyi (772-846), un célèbre poète de la dynastie Tang, a écrit un poème sur la guérison des maux par la musique : « Un son parvient aux oreilles, et tout quitte le cœur. »

Les bienfaits thérapeutiques de la musique

Les anciens Chinois croyaient que pour guérir une maladie, il faut en chercher la racine (l’origine). Le mot « racine » fait référence au yin et au yang. Selon le taoïsme, le yin et le yang sont les lois de l’univers, l’origine de toutes les choses, et la force motrice fondamentale derrière l’évolution de la vie : de la naissance, la croissance à la disparition de tout ce qui existe dans la nature.

Dans les Annales du printemps et de l’automne de Maître Lü – Grande musique, il est écrit : « L’origine de la musique est lointaine. Elle est née des changements et est enracinée dans le Dao. Le Dao donne naissance au ciel et à la terre, et le ciel et la terre produisent le yin et le yang. (…) La musique est le produit de l’harmonie du ciel et de la terre, et de l’accord du yin et du yang. »

Les anciens Chinois pensaient que la musique trouve son origine dans la Voie, ou Dao, et provient de la double interaction (dualité) du yin et du yang. Elle correspond aux cinq éléments du ciel, aux cinq saisons de la terre (la saison estivale étant divisée en été et fin d’été) et aux cinq organes de l’homme. La musique utilise des sons externes structurés pour réconcilier le yin et le yang dans le corps humain, atteindre l’équilibre et se conformer à l’état naturel de l’unité divine.

Le Su Wen - Classique de la médecine interne de l’empereur jaune – dit : « Il y a cinq tons dans le ciel et cinq organes dans l’homme. » Les anciens ont développé une gamme pentatonique, associant les cinq tons : gong, shang, jue, zhi et yu (宫商角徵羽) – équivalents à do, ré, mi, sol et la, de la musique occidentale – aux cinq organes principaux définis dans la médecine traditionnelle chinoise :

Le foie correspond au ton jue (角), la musique composée autour de ce ton est décrite comme étant haute et longue. Le cœur est lié à zhi (徵), un ton qui fait appel à la passion. Le ton gong (宫) correspond à la rate, car il est lisse et doux, et les poumons sont liés à shang (商), car il est aigu et vif. Enfin, les reins correspondent à yu (羽), qui est impérieux et clair. Les tons interagissent les uns avec les autres pour réguler la vitalité des cinq organes principaux du corps humain. Ils correspondent également aux cinq éléments : le bois (foie), le feu (cœur), la terre (rate), le métal (poumons) et l’eau (reins), sous lesquels chacun des organes secondaires est également classé.

Au cours de l’écoute, les émotions de chacun, le rythme et la fréquence des sons, ainsi que les vibrations régulières entre les cinq organes peuvent avoir pour effet de réguler l’esprit et de dégager les méridiens.

La musique vertueuse et noble cultive l’esprit

Une ancienne pièce instrumentale intitulée Neige blanche au début du printemps, composée par Shi Kuang, célèbre musicien de la période du printemps et de l’automne (771 à 476 av. J.-C.), serait à l’origine un air pour une cithare à cinq cordes, que l’empereur céleste avait ordonné aux fées de jouer. Après l’avoir entendu, Shi Kuang l’a enregistré en simulation. Selon la « partition secrète magique », Printemps précoce est dans la tonalité de gōng, Neige blanche est dans la tonalité de shāng.

La musique composée dans le ton gōng est généralement gracieuse et grandiose. En revanche, le thème du ton shāng est doux mais vigoureux, faisant ressortir à la fois un tempérament lyrique et doux et un tempérament positif et déterminé. Le Printemps précoce prend le sens du printemps et de la brise, exprimant la grâce désintéressée des cieux envers toutes choses, tandis que Neige blanche porte le sens de l’hiver avec la neige et le bambou, représentant le port vertueux de la terre. Seules les personnes dont la vertu est à la hauteur du ciel et de la terre peuvent l’interpréter.

Le Classique de la musique, aujourd’hui disparu, édité par Confucius, enseignait aux lecteurs l’usage de la musique pour réguler la moralité humaine, cultiver les émotions et harmoniser le qi et le sang.

Les anciens sages, par exemple, créaient des rituels et de la musique non pas pour satisfaire des désirs physiques, mais pour purifier le mal dans le cœur des gens et expulser les pensées impures. La musique juste stimule la bonté innée et la protection contre les désirs du monde qui obscurcissent la vraie nature de l’homme, ramenant les êtres humains sur le Dao. Les possessions matérielles apportent toujours de nouveaux désirs, mais les choses extérieures ne peuvent satisfaire le cœur. La musique décadente encourage l’indulgence envers les plaisirs matériels.

Selon les Annales de la musique dans les Archives du Grand Historien, le duc Ling a entendu jouer un air de cithare au milieu de la nuit alors qu’il rendait visite au duc Ping. Il a demandé à son musicien d’apprendre le morceau et de le jouer au duc Ping. En entendant la musique, le musicien Shi Kuang, qui était présent à la cour, a interrompu la performance, disant : « C’est le son d’un état en déclin, ne le jouez plus. » Il a expliqué que la chanson avait été composée par Shi Yan, qui jouait des airs décadents au roi Zhou de la dynastie Shang.

Le roi Zhou a ensuite perdu son trône et le compositeur a été exilé et s’est suicidé par noyade. Shi Kuang a averti que cette mélodie affaiblirait le pays dans lequel elle serait jouée.

Le duc Ping a insisté pour l’écouter, ordonnant à Shi Kuang de jouer quelque chose d’encore plus triste. Shi Kuang l’a exhorté à ne pas écouter des morceaux aussi mélancoliques. Mais le duc Ping a quand même décidé d’écouter la musique.

La première fois que Shi Kuang l’a interprétée, un sombre présage de 16 cygnes noirs, est apparu devant la cour. La deuxième fois, tous les cygnes noirs ont tendu leur cou, criant et battant des ailes. Trouvant cela très intéressant, le duc a voulu entendre un air encore plus inquiétant. Shi Kuang a de nouveau essayé de le persuader de ne pas écouter ce genre de musique, mais le duc pensait qu’à son âge avancé, il devait pouvoir écouter ce qui lui plaisait. Shi Kuang n’a pas eu d’autre choix que de jouer. Pendant qu’il jouait, des nuages blancs sont apparus soudainement dans le ciel, venant du nord-ouest, un coup de vent a soulevé les tuiles du toit et la pluie s’est mise à tomber. Tous les invités ont couru pour sauver leur vie. Le Duc était si effrayé qu’il s’est caché à l’intérieur. Après cela, une terrible sécheresse a sévi dans le royaume de Jin, et aucune herbe n’a poussé pendant trois ans.

Une musique vertueuse et noble peut nourrir le moral, encourager les nobles aspirations, cultiver l’esprit et prolonger la vie. À plus grande échelle, elle aide à gouverner une nation, à éduquer le peuple et à apporter la paix et la prospérité à l’État.

Rédacteur Swanne Vi

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