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Culture. Comprendre Pessa’h : une tradition juive de foi et de symbolisme

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Le judaïsme remonte à près de 4 000 ans. Il s’agit d’une foi monothéiste, car ses fidèles croient en un seul Dieu, qui s’est révélé par l’intermédiaire d’anciens prophètes. Pessa’h, ou la Pâque juive, commémore l’Exode : la libération des Israélites de siècles d’esclavage en Égypte en 1513 av. J.-C et la naissance du peuple juif. Les Juifs du monde entier célèbrent Pessa’h pendant une semaine. Les traditions sont préservées grâce à des aliments symboliques et à des récits.

Comprendre Pessa’h, c’est s’intéresser à l’histoire, à la foi et à la tradition, riches d’un symbolisme fascinant.

Comprendre Pessa’h : une tradition juive de foi et de symbolisme
Les Juifs du monde entier célèbrent Pessa’h pendant une semaine. Les traditions sont préservées grâce à des aliments symboliques et à des récits. (Image : Center for Jewish History, NYC, No restrictions, via Wikimedia Commons)

Cette fête mobile, qui se déroule le quatorzième jour du mois de Nisan selon le calendrier hébraïque, a débuté cette année le vendredi 12 avril. Alors que la fête dure sept jours en Israël, le reste du monde juif observe huit jours de Pessa’h, soit jusqu’au 20 avril pour cette année. La signification de la Pâque juive est indiquée dans son nom, car l’Ange de la mort est censé avoir « passé » ou « sauté » les maisons des Israélites lors d’un fléau mortel, grâce à l’intervention divine.

Quelques éléments de vocabulaire lié à Pessa'h

Comprendre Pessa’h : une tradition juive de foi et de symbolisme
Hametz ou chametz désigne les aliments qui sont levés ou ont été fermentés. Ils sont interdits pendant Pessa’h en souvenir de la hâte avec laquelle les Juifs ont quitté l’Égypte, ce qui n’a pas laissé le temps au pain de lever. D’où le nettoyage de la maison pour enlever toute trace d'aliments interdits. (Image : wikimedia / British Library / Domaine public)

Le hametz ou chametz désigne les aliments, principalement les céréales, qui ont été en contact avec de l’eau suffisamment longtemps pour fermenter, ou qui sont levés d’une autre manière. Ils sont interdits pendant Pessa’h en souvenir de la hâte avec laquelle les Juifs ont quitté l’Égypte, ce qui n’a pas laissé le temps au pain de lever.

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Six aliments symboliques composent l’assiette traditionnelle du Seder. (Image : wikimedia / RCB **, CC BY 2.0)

Le terme seder est littéralement traduit par « ordre ». C’est un repas cérémoniel religieux qui a lieu les deux premières nuits de Pessa’h. Six aliments symboliques composent l’assiette traditionnelle du Seder. Le service comporte 15 parties, qui sont exécutées dans un ordre spécifique, selon la Haggadah de Pessa’h.

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La Haggadah est une série de textes religieux qui est lue, souvent en hébreu, pendant le Seder. (Image : wikimedia / Israel Museum / Domaine public)

La Haggadah est une série de textes religieux qui est lue, souvent en hébreu, pendant le Seder. Elle détermine l’ordre du rituel et raconte l’histoire de l’Exode, un événement important que tous les enfants juifs doivent connaître.

La mitzvah est un commandement ou un précepte, ou encore un acte accompli pour respecter un tel commandement. Il existe des centaines de commandements divins, dont celui de se reposer le septième jour, de ne pas manger de porc et d’avoir des enfants. Dans l’usage courant, mitzvah peut également signifier faire une bonne action ou l’état d’union.

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Le terme maror vient de la racine mar, qui signifie amer, et symbolise le goût de l’esclavage. Il est symbolisé par des aliments connus pour leur amertume. (Image : wikimedia / Yoninah / Domaine public)

Le terme maror vient de la racine mar, qui signifie amer, et symbolise le goût de l’esclavage. Les légumes de la famille des laitues et de leurs cousines : comme l’endive, la chicorée, le pissenlit et la laitue romaine, ainsi que le raifort, sont couramment présents dans l’assiette du Seder pour rappeler l’amertume de l’esclavage qui s’est achevé avec Pessa’h.

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La matsa, ou matsoth, représente le goût de la liberté. Il s’agit d’un pain sans levain, composé uniquement de farine et d’eau. (Image : wikimedia / Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons - cc-by-sa-3.0, CC BY-SA 3.0)

La matsa, ou matsoth, représente le goût de la liberté. Il s’agit d’un pain sans levain, composé uniquement de farine et d’eau. La pâte est cuite en 18 minutes, avant toute fermentation ou levée. Pour s’assurer que les ingrédients restent purs et qu’aucune fermentation n’a lieu, le pain est soigneusement surveillé à chaque étape jusqu’à ce qu’il soit consommé pendant la Pâque. 

Il peut sembler paradoxal qu’un aliment aussi basique représente la liberté. Mais, spirituellement, lorsque les besoins d’une personne sont simples et minimaux, son cœur est libre de tout attachement et capable de suivre une voie juste.

Pessah est interchangeable avec Pessa’h en tant que nom de la fête. Il peut être traduit non seulement par « passer » ou « sauter », mais aussi par « protéger », puisque le « passage » de leurs maisons était, en fait, leur protection. Le mot peut également faire référence à l’agneau pascal, un sacrifice exigé par Dieu qui a permis de se libérer de l’esclavage. Cet agneau est représenté au Seder par un squelette rôti intact. 

La signification de l’agneau sacrificiel

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Selon l’histoire de l’Exode, les Israélites ont reçu le 10 janvier l’ordre de Dieu, de faire rôtir un agneau la veille de leur libération de l’esclavage qui était prévu pour le 14 janvier. Le sang de l’agneau devait marquer le haut de la porte pour protéger la famille d’un fléau qui devait emporter les premiers-nés d’autres familles. (Image : wikimedia / Wolfgang Sauber, CC BY-SA 3.0)

Selon l’histoire de l’Exode, les Israélites ont reçu le 10 janvier l’ordre de Dieu, de faire rôtir un agneau la veille de leur libération de l’esclavage qui était prévu pour le 14 janvier. L’agneau devait être mangé rapidement et entièrement le matin, accompagné de pain sans levain et d’herbes amères. Le sang de l’agneau devait marquer le haut de la porte pour protéger la famille d’un fléau qui devait emporter les premiers-nés d’autres familles.

En Égypte, où les Juifs ont été réduits en esclavage, les animaux étaient vénérés et on leur attribuait des pouvoirs divins. Les Égyptiens tenaient le bélier pour sacré, car il avait le pouvoir de procréer. Prendre un animal appartenant à la famille d’un animal sacré pour leurs maîtres et le manger était un sérieux test de foi.

Les Israélites étaient intégrés dans la société égyptienne depuis de nombreuses générations, et il fallait surmonter de lourdes superstitions et craintes pour relever ce défi. En faisant ce sacrifice, les Juifs prouvaient qu’ils s’étaient libérés psychologiquement du culte des idoles égyptiennes, ce qui ouvrait la voie à leur libération physique.

L’histoire de Pessa’h, la Pâque juive

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L’histoire de la Pâque juive a commencé il y a plus de trois mille ans, avec un pharaon qui opprimait le peuple juif en Égypte. (Image : wikimedia / Edward Poynter / Domaine public)

En bref, l’histoire de la Pâque juive a commencé il y a plus de trois mille ans, avec un pharaon qui opprimait le peuple juif en Égypte. Ses oracles l’avaient averti qu’un jeune juif viendrait renverser l’empire et conduire son peuple à la liberté. Pour tenter de se soustraire à la prophétie, le pharaon a pris de nombreux décrets à l’encontre des Israélites, notamment en jetant des bébés dans le Nil.

Un bébé fut caché par sa mère jusqu’à l’âge de trois mois, puis déposé sur le fleuve dans un panier. Sa tante assista à la découverte du garçon par la princesse : la propre fille du pharaon, qui l’appela Moïse et l’éleva au sein de la famille royale.

Moïse avait du mal à supporter de voir les souffrances du peuple juif. Après la mort miraculeuse d’un Égyptien que Moïse avait vu battre à mort un esclave juif, il s’enfuit à Madian où, quelques années plus tard, un autre miracle se produit. Moïse entendit la voix de Dieu : « Descends en Égypte et dis à Pharaon de laisser partir mon peuple ».

Moïse partit avec son frère Aaron pour transmettre le message. Mais le pharaon se contenta de rire et de dire qu’il ne connaissait pas le Seigneur et qu’il ne l’écouterait pas : bien qu’on l’avait averti de dix terribles fléaux qui résulteraient de sa désobéissance.

L’une après l’autre, les fléaux ont frappé l’Égypte pour défier les faux dieux égyptiens. Le premier transforma le Nil en sang, afin d’interpeller Hapi, le dieu du Nil. La seconde fit déferler des hordes de grenouilles du Nil sur le pays, pour mobiliser Heqet, la déesse de la fertilité à tête de grenouille. Il y eut ensuite les poux, les mouches, la peste, les furoncles, et ainsi de suite, jusqu’au dixième fléau qui vint prendre le premier enfant né.

Les fléaux ne touchaient que les Égyptiens, tandis que les Israélites étaient indemnes. Enfin, au dixième fléau, le pharaon en a eu assez. Il alla chercher Moïse et lui demanda de partir, lui disant : « Et emmène tous les Juifs avec toi ! »

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Les fléaux ne touchaient que les Égyptiens, tandis que les Israélites étaient indemnes. Enfin, au dixième fléau, le pharaon en a eu assez. Il alla chercher Moïse et lui demanda de partir lui disant : « Et emmène tous les Juifs avec toi ! » (Image : wikimedia / David Roberts / Domaine public)

Moïse a conduit le peuple juif hors d’Égypte, marchant jusqu’à ce qu’ils atteignent la Mer Rouge. Avec l’armée égyptienne en colère qui les poursuivait, ils étaient pris au piège. Mais un autre miracle se produisit. Moïse sépare en deux la Mer Rouge, créant un passage pour son peuple. Ils purent marcher sur la terre ferme et franchir cet obstacle. Lorsque l’armée égyptienne atteignit la mer, l’eau retomba sur les soldats.

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Moïse a conduit le peuple juif hors d’Égypte, marchant jusqu’à ce qu’ils atteignent la Mer Rouge. Avec l’armée égyptienne en colère qui les poursuivait, ils étaient pris au piège. Moïse créa alors un passage pour son peuple. Ils purent marcher sur la terre ferme et franchir cet obstacle. (Image : wikimedia / the Providence Lithograph Company / Domaine public)

C’est ainsi qu’après cette fuite, les Juifs furent libérés de l’esclavage. « Pessah marque donc la naissance du peuple d’Israël. La sortie d’Egypte précipite la famille des fils d’Israël en peuple d’Israël et c’est en tant que peuple que l’on va entrer dans le désert », a souligné le rabbin libéral Yann Boissière dans un article, Pessah : pourquoi (et comment) les juifs célèbrent-ils cette fête ?, paru dans le Monde des Religions.

Les préparatifs et coutumes de la Pâque juive

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Avant le début de Pessa’h, les familles procèdent à un nettoyage approfondi de leur maison, à la recherche de tout chametz, jusqu’aux fragments tels que les miettes de pain, qui doivent être brûlés. « Quelque chose que l’on veut retirer de sa vie quotidienne pour rappeler le prix à payer après avoir été esclave et pouvoir sortir d’Égypte ». (Image : wikimedia / Bernard Picart / Domaine public)

Avant le début de Pessa’h, les familles procèdent à un nettoyage approfondi de leur maison, à la recherche de tout chametz, jusqu’aux fragments tels que les miettes de pain, qui doivent être brûlés. Clémence Boulouque, professeur associé d’études juives et israéliennes à l’université de Columbia, considère ces aliments interdits comme le symbole d’une « vie confortable... C’est quelque chose que l’on veut retirer de sa vie quotidienne pour rappeler le prix à payer après avoir été esclave et pouvoir sortir d’Égypte », a-t-elle expliqué.

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Les deux premières nuits de la Pâque sont marquées par un dîner Seder traditionnel, avec des récits et les aliments symboliques. (Image : wikimedia / User:RadRafe~commonswiki / Domaine public)

Les deux premières nuits de la Pâque sont marquées par un dîner Seder traditionnel, avec des récits et six aliments symboliques, dont les trois mentionnés ci-dessus : l’os du jarret, qui représente l’agneau de la Pâque, les herbes amères, qui représentent l’amertume de l’esclavage et la matza, qui symbolise la hâte avec laquelle les Israélites se sont échappés pour retrouver la liberté.

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Le persil avec du sel et du vinaigre, ou karpass, qui symbolise la douleur et les larmes de l’esclavage. (Image : wikimedia / Jonathunder, CC BY-SA 3.0)

Les trois autres aliments symboliques présents au Seder sont les œufs durs, qui représentent à la fois le printemps et le cercle de la vie, un mélange de pommes, de poires, de noix et de vin appelé haroset, qui représente le mortier et le labeur des jours d’esclavage, et le persil avec du sel et du vinaigre, ou karpass, qui symbolise la douleur et les larmes de l’esclavage.

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L’évitement du hametz, qui a commencé avec le nettoyage de la maison, est observé pendant le reste de la fête, et le septième jour commémore la séparation de la Mer Rouge par Moïse. (Image : wikimedia / joe goldberg, CC BY-SA 2.0)

L’évitement du hametz est observé pendant le reste de la fête, et le septième jour commémore la séparation de la mer Rouge par Moïse.

Les Juifs d’origine maghrébine, résidant principalement au Maroc, en Israël, en France et au Canada, célèbrent la fin de Pessa’h par une fête appelée Mimouna, qui intègre les aliments interdits pendant la fête.

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Il peut sembler paradoxal qu’un aliment aussi basique que le pain sans levain représente la liberté. Mais, spirituellement, lorsque les besoins d’une personne sont simples, son cœur est libre de tout attachement et capable de suivre une voie juste. (Image : wikimedia / Eczebulun, CC BY-SA 3.0)

Rédacteur Charlotte Clémence

Source : Understanding Passover – A Jewish Tradition of Faith and Symbolism

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