À l’époque du Bouddha Shakyamuni, entre le VIe et le Ve av. J.-C. vivait une personne nommée Devadatta. Il était le cousin et un membre de la communauté monastique de Shakyamuni. Il était également un prince, élancé et beau. Devadatta devint moine avec Ananda, un autre cousin de Bouddha Shakyamuni, et d’autres jeunes membres de la communauté. Mais contrairement à Ananda, qui devint l’assistant personnel de Shakyamuni, la jalousie et les attachements de Devadatta l’ont conduit en enfer.
Le premier attachement de Devadatta : se faire valoir
Il est dit que lorsque Devadatta est allé rencontrer Bouddha Shakyamuni pour son ordination, ce fût une grande cérémonie : il portait de luxueux vêtements et chevauchait un éléphant dont la selle était décorée d’or. C’était un peu comme pour montrer aux gens : « Regardez ! Voici qu’un prince prestigieux s’apprête à devenir moine ». Toutefois en tant que pratiquant, c'était un attachement à se faire valoir.
Après être devenu moine, Devadatta a bien fait pendant les douze premières années. Selon les écritures bouddhistes, il était intelligent et apprenait vite. Il était également déterminé pendant ces douze années de méditation assise : il avait la foi et un esprit pur envers les écritures du Bouddha. Ainsi, il a bien cultivé pendant les douze années après être devenu moine. Dans Datang Xiyu Ji (Les dossiers sur les régions occidentales de la dynastie Tang) de Xuanzang, le prototype du moine Tang de La Pérégrination vers l’Ouest, est décrit une grande maison en pierre où Devadatta faisait de la méditation assise. Devadatta avait aussi développé certaines capacités supranormales au cours de ces douze années de cultivation.
En raison de son origine prestigieuse, prince et cousin de Shakyamuni, ainsi que de sa diligence et de ses capacités supranormales, Devadatta était aveuglément admiré par de nombreux bouddhistes laïcs et des moines. Sariputra, l’un des principaux disciples de Shakyamuni, lui a également rendu visite et l’a loué pour son passé d’élite, ses connaissances, son apparence et ses capacités supranormales.
Ajatashatru, prince de Magadha et bouddhiste laïc, est allé plus loin et son admiration était presque fanatique. Il disait que Devadatta avait une grande vertu toute puissante et était semblable à un Bouddha. Chaque jour, il fournissait 500 chaudrons de nourriture de première qualité à Devadatta et à ses disciples. Avec un prince montrant autant de respect à Devadatta, certaines personnes ordinaires et des bouddhistes laïcs ont d’autant plus admiré Devadatta.
Bouddha Shakyamuni a annoncé qu’il ne reconnaîtrait plus Devadatta
En tant que pratiquant, Devadatta était encore attaché à la notoriété terrestre et aux intérêts matériels. Par conséquent, il acceptait volontiers ces louanges, cette adoration et ces dons exagérés. Ceux-ci ont érodé davantage son cœur et il est devenu plus arrogant. Avec tant de gens qui l’admiraient, il est allé jusqu’à prétendre qu’il n’était pas différent de Bouddha Shakyamuni. Progressivement, il est devenu jaloux de Shakyamuni, avec une avidité effrénée, des pensées rebelles et un destin inévitable.
Un jour, Devadatta est allé trouver Shakyamuni lui disant que ce dernier, étant d’un âge avancé, devrait prendre la relève et diriger la communauté bouddhiste. Bouddha Shakyamuni a sérieusement décliné sa demande, en lui précisant que même Sariputra et Maudgalyayana n’avaient pas été invités à prendre la relève, alors que tous deux possédaient une grande sagesse et des capacités supranormales. Comment une personne irréfléchie, comme Devadatta, pouvait-elle assumer ce rôle ? Devant les autres, Shakyamuni a également annoncé qu’il ne reconnaîtrait plus rien de ce que Devadatta pourrait faire par la suite au nom des moines ou des bouddhistes et que Devadatta serait responsable de lui-même.
Cependant, même après cette annonce, de nombreux pratiquants bouddhistes qui suivaient aveuglément Devadatta n’avaient toujours pas une compréhension claire. Ils continuaient à vénérer Devadatta et certains pensaient même que Bouddha Shakyamuni avait fait ces remarques par jalousie.
On raconte dans le bouddhisme qu’un jour, Bouddha Shakyamuni est allé mendier de la nourriture et a vu Devadatta arriver de loin. Pour éviter de rencontrer cette personne aux grands péchés, Shakyamuni fit un pas de côté. Certains disciples qui le suivaient étaient confus et ont même demandé si Bouddha Shakyamuni avait agi ainsi pour montrer son respect à Devadatta. Cela montrait que de nombreuses personnes avaient l’esprit confus, elles n'avaient pas une foi profonde en Shakyamuni et n’étaient pas lucides quant aux péchés de Devadatta.
Devadatta tombe encore plus bas et va nuire au Bouddhisme
Comme cela continuait, Devadatta tomba encore plus bas et planifia de prendre la vie de Bouddha Shakyamuni. Il envoya plusieurs fois des gens pour assassiner Shakyamuni, mais chaque fois les tueurs furent émus par Shakyamuni. Devadatta fit alors boire du vin à un éléphant et le lâcha lorsque Shakyamuni vint en ville pour mendier de la nourriture. Voyant l’éléphant ivre se précipiter vers eux, certains disciples de Shakyamuni s'enfuirent, tandis que d’autres restèrent pour protéger Shakyamuni au péril de leur vie. Cependant, lorsque l’éléphant ivre vit Bouddha Shakyamuni, il s’agenouilla des deux genoux et toucha les pieds de Shakyamuni avec sa trompe. À ce moment-là, de plus en plus de gens ont commencé à critiquer Devadatta, mais certains le suivaient encore. Peu de temps après, Uppalavanna, l’une des meilleures disciples féminines de Shakyamuni, alla voir Devadatta pour essayer de le convaincre de se repentir et de changer. Mais Devadatta la battit à mort.
Pour satisfaire son ego maléfique, Devadatta se prétendait maître et proposait de nombreuses théories bouddhistes spécieuses et grandioses. Certains moines novices furent induits en erreur et lui donnèrent raison. Avec leur soutien, Devadatta se rendit au mont Gaya. Cependant, par compassion envers ces moines novices, Bouddha Shakyamuni demanda à Sariputra et Maudgalyayana de les suivre et de parvenir à leur faire comprendre que Devadatta était en train de nuire au bouddhisme. Ces personnes retournèrent auprès de Shakyamuni et se repentirent devant lui.
En fin de compte, toutes les tentatives maléfiques de Devadatta ont échoué
Avec de grands péchés, il mourut misérablement. Après cela, Shakyamuni a dit un jour que, parmi les enseignements du Bouddha, Devadatta n’avait apporté aucune contribution. Par conséquent, Devadatta tomberait en enfer à sa mort.
Mais certains moines doutaient encore des enseignements de Shakyamuni. Ils demandèrent à Bouddha Shakyamuni pourquoi il disait que Devadatta subirait une lourde rétribution karmique puisqu’il avait de grandes capacités supranormales et une grande renommée. Apparemment, ils n’étaient pas clairs et ne s’étaient pas encore défaits de l’influence de Devadatta. Même lorsque Faxian et Xuanzang ont visité l’Inde venant de la région des Han, des centaines d’années plus tard, ils ont constaté que certains moines à l’esprit confus vénéraient toujours Devadatta, et non Shakyamuni.
Le fait que Devadatta soit passé du statut de disciple bouddhiste diligent et bien établi, à celui de personnage vicieux tombé en enfer a été une sérieuse leçon. Shakyamuni a également mentionné que Devadatta ne serait probablement pas allé aussi loin si le prince de Magadha, Ajatashatru, ne l’avait pas tant admiré et ne lui avait pas fourni 500 chaudrons de nourriture de première qualité chaque jour. Ces louanges et cette adoration aveugles étaient en partie ce qui alimentait l’ego de Devadatta, le poussant sur le chemin de non-retour vers l’enfer.
Du point de vue de la cultivation, la chute de Devadatta pourrait être liée à ses attachements à se mettre en valeur, à la poursuite de la gloire et de l’intérêt, et à la jalousie. Une fois qu’il a acquis des capacités supranormales et qu’il a été adoré, ses attachements se sont intensifiés, ce qui l'a amené à ne plus croire en Shakyamuni et aux enseignements bouddhistes. À la fin, il a commis de graves péchés. Au cours de ce processus, les louanges et l’adoration aveugles des autres moines bouddhistes ont également joué un rôle essentiel. Sans eux, Devadatta ne serait probablement pas allé aussi loin.
En fait, après que Bouddha Shakyamuni a déclaré ne plus reconnaître Devadatta, si tous les disciples avaient eu une foi profonde en Shakyamuni et avaient délaissé Devadatta, cette situation aurait pu aider Devadatta à s’éveiller et à revenir sur le droit chemin.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : Histoires de l'école de Bouddha : La leçon de la chute en enfer de Devadatta
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