Il est de ces légendes chinoises anciennes, mémorables et uniques, se transmettant « oralement » de génération en génération qui façonnent les valeurs humaines contemporaines.
En puisant dans le passé, au fin fond des origines, de nombreux auteurs d’albums de jeunesse s’inspirent puissamment de cette sagesse ancestrale oubliée : celle-ci s’adressant autant au cœur des enfants qu’à celui des adultes. Ainsi de nombreux enseignants, parents, la transmettent à leur tour, avec délicatesse aux enfants. La Fleur de l’Honnêteté est l’une d’entre elles, nous allons vous la conter...
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Qu’est-ce que La Fleur de l’Honnêteté ?
La Fleur de l’honnêteté raconte que vers l’an 250 av. J.-C. dans la Chine ancestrale, un prince de la région Nord du pays, à la veille d’être couronné empereur, devait conformément à la loi, se marier. Sachant cela, le prince décide de mettre à l’épreuve les demoiselles de la cour ou toute personne qui se trouve digne de cette proposition. Le lendemain, le prince annonça qu’il allait recevoir dans une célébration spéciale toutes les prétendantes et leur lancer un défi.
Une vieille dame, servante au palais depuis de nombreuses années, à l’écoute des commentaires sur les préparatifs, sentit une légère tristesse, car elle savait que sa jeune fille nourrissait un sentiment de profond amour pour le prince.
À son arrivée à la maison et après avoir raconté la nouvelle à sa fille, elle fut stupéfaite d’apprendre que sa fille voulait tout de même se rendre à la cérémonie. Elle lui demanda alors, incrédule : « Ma fille, que feras-tu là-bas ? Il s’agit de toutes les plus belles et plus riches demoiselles de la cour. Ôte-toi cette idée stupide de la tête. Je sais que tu souffres beaucoup, mais que la souffrance ne devienne pas folie ». Alors la jeune fille lui répondit : « Non, chère mère, je ne suis pas souffrante et encore moins démente. Je sais que je ne serai peut être pas choisie, mais j’aurai la chance d’être au moins, pour quelques instants auprès du prince, ce qui me rend déjà très heureuse ».
Le soir de la cérémonie, au palais, se trouvaient donc toutes les belles et riches demoiselles, parées de fines étoffes de soie, des plus beaux bijoux et des plus déterminées intentions. Puis, enfin, le prince annonça le défi : « Je vais donner une graine à chacune de vous. Celle d’entre vous qui, dans un délai de six mois, m’apportera la plus belle fleur sera alors choisie comme mon épouse et future Impératrice de Chine ».
La proposition du prince ne faillit pas à la profondeur des traditions du peuple, qui valorisaient beaucoup le savoir de « cultiver » quelque chose, que ce soit les traditions, l’amitié, l’amour...
Le temps passa et la douce jeune fille, qui n’avait pas beaucoup d’aptitudes dans l’art du jardinage, s’occupa avec grande patience et tendresse de son semis. Puisqu’elle savait que si la beauté de la fleur se présentait avec la même profondeur que son amour, elle n’aurait pas besoin de s’inquiéter du résultat. Trois mois passèrent et la graine ne germait toujours pas.
La jeune fille essaya tout : utilisant toutes les méthodes qu’elle connaissait, mais rien ne poussait. Jour après jour, elle voit son rêve devenir un peu plus lointain, mais son amour, lui... devient de plus en plus profond. Enfin, les six mois s’écoulèrent et rien ne poussa. Consciente de ses efforts et de son dévouement, la jeune fille annonça à sa mère que, indépendamment des circonstances, elle retournerait au palais. Puisqu’elle n’aspirait à rien d’autre, que d’être quelques minutes de plus en compagnie du prince.
Et le moment est venu, elle se tenait là, son pot vide, parmi toutes les autres prétendantes, chacune avec des fleurs, toutes plus belles les unes que les autres, de formes et de couleurs variées. Elle restait contemplative, jamais elle n’avait vu de si belle scène. Arriva le moment tant attendu où le prince considéra chacune des prétendantes avec beaucoup de soin et d’attention. Après être passé devant toutes, une par une, il annonça le résultat et montra sa belle et future épouse.
Les convives furent offusqués par le choix du prince. Personne ne comprenait pourquoi il avait choisi celle qui n’avait justement...rien « cultivé ». Alors, le prince expliqua calmement à l’assemblée : « Celle-ci est la seule à avoir “ cultivé ” la fleur qui la rend digne de devenir Impératrice : la fleur de l’honnêteté. En effet, toutes les graines qui avaient été́ distribuées étaient stériles, rien ne pouvait donc pousser. L’honnêteté est comme une fleur faite de fils de lumière, qui illumine qui la cultive et répand tout autour d’elle la lumière ».
Cette belle histoire voyage ainsi, oralement, au gré du vent, l’auteur malheureusement nous reste encore inconnu...Chers amis lecteurs, si vous le connaissez, merci de nous en faire part.
Qu’est-ce qu’une légende inspirante ?
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Un autre auteur du Royaume Uni, nommé Éric Maddern, récompensé par de nombreux prix prestigieux a emprunté l’esprit de cette célèbre légende inspirante, pour livrer à la jeunesse un très beau livre qui s’appelleLe Roi et la graine, illustré par Paul Hess.
Einstein a dit : « Regardez profondément dans la nature, et alors vous comprendrez tout beaucoup mieux ».
Dans son histoire, il ne s’agit plus d’un prince qui cherche une princesse avec les qualités requises à ses yeux pour devenir impératrice de Chine, mais bel et bien d’un roi, du nom de Karnac, qui un jour...contemplatif, prend soudain conscience qu’il est bien vieux, veuf et sans héritier... Et parce qu’il est soucieux de l’avenir de son royaume, ce roi altruiste s’inquiétant à juste titre de l’avenir de ses sujets, entreprend alors de trouver un « bon » Roi pour lui succéder sur le trône avant son départ fatidique pour les Cieux.
Aussi lui vient-il l’idée d’un défi, une compétition… bien... singulière aux yeux des impétueux chevaliers qui convoitent avidement le trône. Prêts à se donner au combat sans merci, ceux-ci sont abasourdis lorsque le vieux roi Karnac leur octroie à chacun une... toute petite graine dont ils doivent prendre grand soin jusqu’à l’obtention d’une plante.
Parmi la foule des chevaliers se cachent un petit garçon, curieux des événements à venir. Cet enfant s’y connaît bien en graines puisqu’il est fils de fermier, prendre soin d’une graine ne lui fait donc pas peur, aussi tend-il la main pour en obtenir également une. Cet enfant se nomme Jack. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire germer cette si petite graine : il lui parlera même, ou lui chantera des chansons, l’invitera dans la forêt auprès de ses amis les arbres, afin qu’elle ne soit pas seule, l’arrosera, la protégera...mais... rien n’y fera. Les mois sont passés et pas l’ombre d’une précieuse pousse verte...Jack était désespéré…
À l’aube de rendre visite au roi Karnac et de lui présenter son pot vide, Jack se laisse envahir par la honte...et ne veut plus aller au château affronter tous ces nobles chevaliers pour subir une humiliation. Mais ses propres parents, en bons parents, le soutiennent, lui affirmant qu’il a fait de son mieux, qu’il s’est donné sans retenue pour cette petite graine, qu’il a réalisé tant d’efforts, qu’il n’a rien à craindre à cause du résultat obtenu.
Jack écoute ses parents toujours de bons conseils et se rend tout de même au château. À son arrivée, Jack est si impressionné par les merveilleuses plantes obtenues par les chevaliers qu’il cache son petit pot sous sa veste...C’est à la queue leu leu que chacun, un à un, présente son pot. Le roi imperturbable dit à chaque fois devant un pot fleuri : « Oui, très bien, merci. Au suivant ! ». Jack est sur le point de quitter les lieux...C’est alors qu’une main royale se pose sur son épaule. Le roi Karnac en personne souhaite voir son petit pot. Jack confus, explique en balbutiant au roi que rien n’a poussé bien qu’il y ait mis tout son cœur. Le roi Karnac éclate alors de rire, confiant à l’enfant qu’il ne savait vraiment pas d’où venaient toutes ces plantes magnifiques des chevaliers puisqu’il avait pris bien soin de griller toutes les graines distribuées !
Le roi Karnac, vous l’avez compris, le désignera alors comme son digne successeur puisqu’il a fait à lui seul preuve de patience, de bienveillance, d’honnêteté, de vérité et de grand courage. Jack devint Jack Ier, un excellent roi qui encouragea la paix des royaumes avec chaque année un tournoi...de fleurs ! On dit même que certains chevaliers impétueux devinrent à leur tour jardinier pour lui faire honneur...Jack, un enfant montrant finalement l’exemple à tous ces chevaliers adultes.
N’est-ce pas Socrate qui affirmait qu’« Un honnête homme est toujours un enfant » ? Les chevaliers avaient-ils donc retrouvé leur âme d’enfant à travers cette leçon du roi Karnac ?
Une légende chinoise inspirant les illustrateurs contemporains
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Un illustrateur italien, du nom de Paolo Proietti, a fortement été inspiré à son tour par cette légende chinoise. Ainsi, ces dessins illustrent le très beau livre pour enfants intitulé Graine d’Empereur. Cette fois-ci, il s’agit bel et bien d’un vieil empereur de Chine sans héritier, qui n’avait aucune confiance en ses propres ministres. Celui-ci cherchait un successeur.
Peng, un petit garçon, adorait les plantes et se complaisait dans son jardin. Se promenant dans les jardins, l’empereur eut l’idée de donner une graine à chaque enfant. Ces derniers devaient en prendre soin et la ramener un an plus tard en main propre. Peng, tout comme Jack, n’arriva à rien avec cette graine malgré ses soins minutieux. Tout comme Jack, il hésita à se rendre au palais impérial, mais ses parents l’encouragèrent.
Tous les autres enfants présentaient des plantes incroyables. L’empereur expliqua le subterfuge aux enfants...Les enfants adulèrent alors Peng qui avait été le seul à apporter la plus belle fleur au Palais, celle de la sincérité, qualité essentielle requise pour incarner le nouvel empereur de Chine. Plus tard, Peng, désormais devenu empereur de Chine, ouvrit ses jardins à son peuple pour qu’il puisse en profiter autant que lui. De cette graine sont non seulement nés les principes d’honnêteté et de sincérité, mais également un très grand empereur de Chine : un empereur d’un très grand pays.
Peng est-il finalement la métaphore de la si petite graine devenue un grand et bel arbre, comme le suggérait poétiquement Lao Tseu ? En effet, Lao Tseu disait : « Le plus grand arbre est né d’une graine menue ».
Une légende chinoise inspirant des valeurs humaines profondes aux enfants
Au-delà des valeurs comme la patience, le courage, la bienveillance, la sincérité, l’altruisme des monarques, et la vérité, Le Roi et la graine ainsi que Graine d’Empereur sont des histoires encore plus profondes puisqu’elles illustrent simplement, également de futurs rois ou empereurs qui prennent soin de leur peuple et partagent avec leurs sujets, leurs joies de rendre le monde meilleur, un monde où règnent les fleurs, au sens propre comme au sens figuré.
Ainsi, les fleurs de l’honnêteté fleurissent dans tout le royaume, l’exemplarité des régnants gagnant le cœur de leurs sujets. Ainsi l’harmonie règne en maîtresse pour ceux qui les cultivent : à l’intérieur dans leur cœur et à l’extérieur dans leur jardin.
Voltaire ne soulignait-il pas à la fin de Candide : « Cultivons notre jardin... ». Mais que voulait-il dire au fond ? Il semblerait qu’à travers ces histoires, le jardin intérieur doit être autant cultivé, si ce n’est plus, que notre jardin extérieur...Qu’en pensez-vous ?
Nos petits lecteurs anglophones ne seront pas en reste puisqu’ il existe d’ailleurs, une version anglaise intitulée The empty potde Demi, inspirée également de la même légende.
Un futur empereur chinois reconnu par les Cieux : l’Empereur Shun ou Chonghua
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Si comme notre média vous êtes passionnés par les légendes chinoises, celle de l’empereur Shun dévoilant l’origine du soja jaune et du soja noir vous plaira sans nul doute.
Gusou, un homme veuf, ayant un enfant du nom de Chonghua, se remaria en secondes noces à une femme acariâtre. Ensemble, ils eurent un second fils, nommé Xiang, plutôt paresseux de caractère. Chonghua était un enfant bienveillant et altruiste, d’humeur toujours égale alors que son propre père privilégiait pourtant toujours son jeune frère et sa nouvelle femme, cette dernière le maltraitant constamment.
La marâtre voulait se débarrasser définitivement de Chonghua, aussi un jour lança -t-elle un défi aux deux fils. Elle leur donna à chacun un sac de graines de soja. Les deux frères devaient alors les semer sur la montagne Li à plusieurs kilomètres de là. Celui qui n’y parviendrait pas serait banni et, s’il remettait les pieds dans leur foyer, serait tué. Affamés, les deux frères, à un moment, décidèrent de manger des graines de soja. Xiang, le deuxième fils, préférant le goût des graines de Chonghua, voulut échanger les sacs. Comme Chonghua avait le cœur sur la main, il accéda volontiers à la requête de son jeune frère. Puis, arrivés sur la montagne, les deux frères semèrent leurs graines...Celles de Chonghua se développèrent allègrement à contrario de celles de Xiang. Xiang prit alors peur et entra dans le désespoir.
Chonghua, pris de compassion pour son jeune frère désespéré, s’agenouilla et implora les Cieux, comprenant que les sacs ayant été échangés, c’est lui qui aurait dû mourir. Miracle...La pluie tomba alors du ciel, et les graines de Xiang germèrent...Les deux frères purent donc rentrer ensemble chez eux. La marâtre fut tellement surprise qu’elle demanda à son mari Guzou de vérifier, sur le champ, les plantations. Le constat était là, implacable, elle ne put rien dire de plus et s’inclina.
Ainsi naquirent les graines de soja jaunes, nées des graines crues de Chonghua, et les graines de soja noires, nées des graines cuites de Xiang. Un temple nommé « Le Temple de l’Empereur Shun » fut bâti à l’endroit même où Chonghua s’était agenouillé pour demander de l’aide aux Cieux. À cet instant, l’empereur Shun était né et embrassait son destin reconnu par les Cieux.
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Ainsi conclurons-nous la lecture de ces contes et légendes sur la prégnance des bonnes actions qui tracent le chemin de destins royaux ou impériaux. Ceux-ci ne tenant qu’à des petits actes de charité, de gentillesse, d’honnêteté, de vérité, de bravoure, de patience et de bienveillance, parfois même avec l’aide du Ciel…
Les bonnes actions sont toujours récompensées. Quand nous faisons de bonnes choses, il nous arrive de bonnes choses. Alors, réalisons de bonnes actions et des actes positifs quelle que soit la situation à laquelle nous sommes confrontés, et peut-être de belles choses positives seront semées et nous arriveront. Il suffit d’essayer et de voir...Derrière du mauvais, il y a toujours du bon, non ? Cela n’apprend-il pas également la résilience ?
D’autres belles légendes chinoises ancestrales inspireront sans nul doute encore longtemps nos auteurs contemporains. À nous de dénicher ces précieux textes, ces petits trésors, riches d’enseignements pour les générations futures…
Rédacteur L. Lefebvre
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