Aristote (384 – 322 av. J.-C.) est connu pour ses enseignements sur la science, mais aussi sur la science empirique. Cependant, peu de gens connaissent ses enseignements sur le bonheur.
Les gens ont de tout temps recherché l’état de bonheur, toujours insaisissable. Ainsi, au cours de la dernière décennie, on a assisté à une prolifération de contenus sur le bonheur : que cela soit sur le web, dans les revues ou encore dans les livres. Par exemple sur le web, en ouvrant la plupart des plateformes on y trouve des gourous de la santé, des adeptes de l’exercice physique, des coachs en gestion de patrimoine et des leaders spirituels qui font la promotion de leurs stratégies pour atteindre le bonheur authentique.
Mais qu’est-ce que le bonheur ?
Aristote a entrepris de répondre à cette question il y a 2 300 ans. Encensé comme le philosophe par excellence par Thomas d’Aquin (1225/1226 – 1274), Aristote a été l’élève de Platon ( 428 / 427 av. J.-C. - 348 / 347 av. J.-C.) qui, à son tour, a étudié auprès de Socrate. Il a fondé le Lycée, la première école scientifique d’Athènes, en 335 avant notre ère. Aristote est souvent considéré comme l’un des plus grands philosophes en raison de ses contributions aux mathématiques, à la botanique, à la physique, à l’agriculture, à la politique, à la métaphysique, etc.
Selon Aristote, le bonheur ou eudaimonia, εὐδαιμονία (doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine), est le but ultime de la vie sur cette terre. Cet article explore quelques-uns des moyens de parvenir au bonheur selon les enseignements d’Aristote.
Les enseignements d’Aristote sur le bonheur
Ses idées sur l’eudaimonia sont exposées dans son œuvre influente, Éthique à Nicomaque. Il affirme que les êtres humains sont différents des pierres, des plantes et des animaux parce qu’ils sont doués de raison. Par conséquent, dans notre quête, nous devrions trouver le bonheur qui est propre aux êtres humains.
La plupart des gens pensent que l’acquisition de richesses, la satisfaction des plaisirs corporels ou la recherche de l’honneur constituent le bonheur. Cependant, le philosophe pensait que ces activités manquaient de quelque chose de vital : la satisfaction intrinsèque. Le mot grec eudaimonia, tel qu’il est utilisé par Aristote, ne se traduit pas directement par « bonheur », mais il peut aussi se traduire par « potentiel réalisé » ou « activité exprimant la vertu ».
Pour qu’une chose vous procure un véritable bonheur, il faut qu’elle soit :
- désirée pour elle-même,
- Ne pas être désiré pour quelque chose d’autre,
- Satisfaire tous les désirs et ne comporter aucun mal,
- Stable.
Aristote pensait que le bonheur pouvait être atteint en cultivant la vertu. Mais son approche était plus individualiste que les vertus sociales enseignées par Confucius.
Mais alors, comment trouver l’épanouissement en suivant les enseignements d’Aristote ?
Poursuivre le bonheur en tant qu’activité
La plupart d’entre nous considérons le bonheur comme un état. Par exemple, nous pouvons imaginer que le fait de profiter d’une journée avec une boisson fraîche devant notre maison sur la plage ou que les gens chantent nos louanges dans un forum public, constitue un véritable épanouissement. Mais il s’agit d’états fugaces.
Même si vous vous trouviez en permanence dans cet état, la joie disparaîtrait rapidement. De plus, nous désirons ces choses non pas pour elles-mêmes, mais parce que nous pensons qu’elles nous apporteront quelque chose d’autre, comme de le reconnaissance ou des indulgences.
Selon Aristote, une bonne vie consisterait à acquérir la vertu intellectuelle, la contemplation et la sagesse pratique (phronesis). Le bonheur est un exercice de la vertu. Pour l’atteindre, il faut agir moralement et posséder toutes les vertus, et pas seulement certaines. C’est pourquoi atteindre le vrai bonheur est un exercice continu plutôt qu’un grand moment comme l’imaginent la plupart des gens.
Le juste milieu selon Aristote
Tout comme la voie du milieu dans le bouddhisme, le juste milieu d’Aristote est une question d’équilibre. Cependant, le juste milieu est légèrement différent, car il encourage la modération entre l’excès et le manque de vertus. En revanche, la voie du milieu consiste à éviter les excès de la recherche du plaisir sensuel ou de l’abnégation.
Nous louons des vertus telles que le courage, la générosité, la justice et la tempérance. Toutes ces vertus sont à mi-chemin entre deux faiblesses. Par exemple, la bravoure est à mi-chemin entre la témérité et la lâcheté, tandis que la justice est le juste milieu entre donner ou recevoir trop et donner ou recevoir trop peu.
L’amitié
L’amitié et la communauté sont essentielles pour atteindre l’eudaimonia, car nous sommes des êtres sociaux. Mais il ne s’agit pas de l’amitié et de l’admiration superficielles et unilatérales auxquelles aspirent la plupart des gens. Il s’agit d’une amitié qui dure toute une vie : il faut du temps pour la construire.
Aristote prône cette amitié comme « une sorte d’amitié complète entre des gens qui sont bons et semblables en vertu… ». Il dit même qu’elle est au-dessus de la justice et de l’honneur.
Surmonter la gratification instantanée par la pratique
Dans Éthique à Nicomaque, le philosophe déplore le fait que : « La masse des hommes est assez servile dans ses goûts, préférant une vie qui convient aux bêtes ». Il estime qu’une vie de recherche des plaisirs corporels et de gratification immédiate est celle du bétail et ne convient pas à l’homme.
Il reconnaît que les gens ont une « faiblesse de la volonté » ou akrasia, et que certains plaisirs peuvent nous aveugler ou nous éloigner du chemin moral. Néanmoins, nous pouvons renforcer notre volonté en nous exerçant. Il donne l’exemple d’un archer qui finit par faire mouche à force d’entraînement.
Pouvoir trouver son objectif
Il serait préférable d’avoir un objectif pour s’épanouir dans la vie. Le but de la vie est différent pour chacun, mais nous recherchons tous le bonheur. À la fin de votre vie, vous devriez être satisfait de l’héritage que vous avez laissé et du chemin que vous avez parcouru pour y parvenir.
Il faudra peut-être plus de temps pour atteindre cet objectif : car, comme on le dit souvent, la vie est ainsi faite. Néanmoins, il est possible de trouver des objectifs plus modestes qui aideront tout un chacun à atteindre ce plan à long terme. Par exemple, vous ne serez peut-être pas un auteur de best-sellers, mais vous pourriez devenir éditeur ou professeur de littérature.
Sagesse pratique
Pour atteindre le bonheur, il ne suffit pas de contempler la morale et les vertus. Il faut en fait faire ce qui est juste. Aristote pensait que l’éducation devait cultiver la moralité. Ainsi, les applications pratiques devaient accompagner les théories.
Le bonheur est un voyage
Les gens aspirent à atteindre le bonheur, et Aristote reconnaissait que c’était la meilleure chose que nous puissions faire. Toutefois, contrairement aux clés du bonheur proposées par les enseignants modernes, qui sont souvent non pertinentes, Aristote pensait que nous pouvions y parvenir en exerçant des vertus tout au long de notre vie.
L’eudaimonia, ou vie épanouie, est constituée de toutes les choses que vous avez accumulées au cours de votre vie et qui ont conduit à l’enrichissement humain et à la croissance personnelle : y compris l’amitié, la santé, la connaissance et la vertu de caractère. Il s’agit d’un travail continue, sur le long terme, et non d’un état souvent jugé temporaire et non pérenne.
Rédacteur Charlotte Clémence
Source : Happiness of the Soul: How to Find Fulfillment Following Aristotle’s Teachings
www.nspeudaimoniairement.com
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