La relation entre la Chine et les pays africains est très forte depuis de nombreuses années. Mais il existe des liens qui remontent à l’Antiquité, comme la relation entre la Chine ancienne et l’Empire Ajuran de Somalie, disparu depuis longtemps.
L’Empire d’Ajuran
On sait peu de choses sur le sultanat d’Ajuran. Mais l’histoire nous apprend qu’il s’agissait d’un royaume important de l’ancienne Somalie qui a régné entre le XIIe siècle et la fin du XVIIe siècle. C’était un empire impressionnant avec de grandes réalisations. Les Ajuriens ont dominé le commerce dans l’océan Indien tout au long du règne du royaume.
Le sultanat était également le seul empire d’Afrique qui exploitait le génie hydraulique. Les canaux sur ses terres s’étendaient comme les veines du fleuve Juba, arrosant les terres agricoles et irriguant les cultures. Les puits et les citernes construits à l’époque d’Ajuran existent toujours à ce jour.
En ce qui concerne le système politique, le sultanat d’Ajuran était centralisé. Le sultan était à la tête du royaume tandis qu’une puissante force militaire faisait respecter son autorité. L’armée était plutôt impressionnante, car elle avait réussi à repousser les colonisateurs portugais et les Oromo, un groupe ethnique basé dans l’Éthiopie voisine.
Le sultanat était également le seul empire d’Afrique à exploiter le génie hydraulique. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Anciennes relations commerciales avec la Chine ancienne
Depuis la dynastie des Tang jusqu’aux Qing, le commerce entre l’Afrique de l’Est et la Chine a été régulier. La céramique chinoise, de la période de transition Tang-Sung aux temps modernes, se trouvait dans presque tous les établissements urbains d’Afrique de l’Est, ce qui implique une relation productive.
En ce qui concerne les relations diplomatiques, des pièces de monnaie chinoises datant des dynasties Song à Ming ont été trouvées à Kilwa, Mambrui, Manda et Mogadiscio, ce qui suggère l’existence de missions étrangères menées par la Chine dans l’Afrique ancienne.
On a découvert qu’une partie de la monnaie trouvée en Afrique était « restreinte », ce qui signifie que son émission nécessitait un geste diplomatique direct de la part de l’empereur chinois au pouvoir.
Les relations somaliennes au Moyen-Âge
La Chine et la Somalie sont des partenaires commerciaux de longue date. La directrice des antiquités du Somaliland, le Dr Sada Mire, a déclaré que les archives archéologiques du commerce entre les deux nations existent depuis le premier millénaire ap. J.-C. Les archives et les chroniques chinoises font également état d’un commerce dans les villes côtières somaliennes, dont Mogadiscio, la capitale du royaume d’Ajuran.
Les Somaliens exportaient des zèbres, des girafes, des chevaux, d’autres animaux exotiques, de l’encens et de l’ivoire vers la dynastie Ming de Chine, tandis que les Chinois faisaient le commerce de marchandises en céladon, de mousquets et d’épices.
Cette relation solide a permis aux marchands somaliens de devenir les leaders du commerce entre l’Afrique et l’Asie à cette époque. Ce partenariat a également permis aux langues chinoise et somalienne de s’influencer mutuellement.
Les Somaliens exportaient des zèbres, des girafes, des chevaux, d’autres animaux exotiques, de l’encens et de l’ivoire à la dynastie Ming de Chine, tandis que les Chinois faisaient le commerce de marchandises en céladon, de mousquets et d’épices. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Sa’id de Mogadiscio
Les documents sur la vie et les réalisations de Sa'id de Mogadiscio sont rares. Il est né en 1301 dans la capitale de Mogadiscio, dans l’Empire Ajuran. Adolescent, Sa’id a cherché à acquérir des connaissances et a quitté la capitale pour étudier à la Mecque et à Médina pendant plus de deux décennies. Après cette époque, il est devenu un érudit respecté, avec de nombreux disciples de la région.
Son voyage l’a amené dans divers endroits du monde, notamment en Chine et en Inde. Selon les témoignages, il a été le premier ambassadeur africain en Chine. Étant le premier Africain à avoir étudié le mandarin, il a traduit divers textes chinois en langue somalienne.
Les succès enregistrés par Sa’id le désignent comme l’homme derrière la domination somalienne sur le commerce sino-africain. En tant qu’ambassadeur africain, il était également conscient du paysage politique en Chine.
On dit que lors de son séjour dans une mosquée en Inde, il a rencontré le savant marocain Ibn Battuta. Les deux hommes ont échangé leurs connaissances, leurs travaux scolaires et leurs nombreux voyages. Sa’id a partagé avec Ibn sur ses voyages en Chine et la situation politique qui y règnait.
Rédacteur Charlotte Clémence
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