Dans la mythologie grecque, Sisyphe était le fils du roi Eole de Thessalie et Enarete. Il était le fondateur et le premier roi d’Ephyra (la glorieuse ville de Corinthe). Les récits divers et variés de cette histoire, appelée le mythe de Sisyphe, le dépeignent comme un dirigeant rusé et égoïste qui se moquait et tuait des voyageurs et des invités, maltraitait les femmes et violait la tradition grecque sacrée de Xenia : courtoisie et hospitalité envers des étrangers.
D’autres le décrivent comme un homme capable et sage qui a fondé les Jeux isthmiques en l’honneur de la mort de son neveu Melicerte. Indépendamment du scénario, toutes les versions du mythe ont un thème commun : la terrible punition de Sisyphe de faire rouler pour toujours un rocher géant sur une colline d’Hadès. Cette punition symbolise un travail qui ne peut jamais être achevé.
D’après une histoire, Sisyphe a été témoin de l’enlèvement de la fille d’Esope, Égine, par Zeus, dans sa ville natale de Corinthe. Esope a demandé à Sisyphe de l’aider, et il a accepté d’informer Esope de qui avait enlevé Égine.
En échange, Esope a donné à Sisyphe la citadelle de Corinthe, une source d’eau cristalline. Pour conclure l’affaire, il a dû témoigner contre Zeus, de sorte que Sisyphe a gagné la colère des dieux tout en gagnant la richesse et le bonheur terrestres pour lui-même et son peuple.
Sisyphys (1548-49) par Titien, Musée du Prado, Madrid, Espagne.
Image : wikimedia / Titian / Domaine public)
Le Mythe de Sisyphe : recommencer encore et encore et ne jamais abandonner
À la mort de Sisyphe, Zeus et les Olympiens voulaient le condamner éternellement pour le mal et la tricherie qu’il avait commis au cours de sa vie. En guise de punition, ils l’ont envoyé aux Enfers et l’ont forcé à porter éternellement un énorme rocher en haut de la colline.
Le moment juste avant qu’il n’atteigne le sommet, et quand il devient trop lourd à tirer, le rocher redescend au pied de la colline, et Sisyphe doit recommencer ses efforts.
De nombreux aspects de la vie sont comme ça. Certaines personnes se réfèrent à cette réalité comme une monotonie sans fin, la vie sur le tapis roulant ou le fait de tourner en rond. Dans les temps modernes, le mythe de Sisyphe est souvent utilisé pour décrire les efforts infructueux de l’humanité pour échapper à ses propres réalités et à ses limites. Nous ne savons pas toujours combien de temps un voyage prendra ou combien de temps un défi peut durer, alors apprendre à profiter du voyage rompra cette morne monotonie.
Les choses ne sont pas toujours telles qu’elles apparaissent. Lorsque vous apprenez à profiter et apprécier le voyage, la vie prend un nouveau sens, créant une opportunité de sortir de l’ornière. On dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
Le mythe de Sisyphe à l’époque moderne
Albert Camus, un auteur français, a introduit en 1942 sa philosophie de l’absurde dans son livre : Le Mythe de Sisyphe. La philosophie de l’absurdité a été développée comme une branche de la philosophie existentialiste, qui considère la vie comme une existence nihiliste dénuée de sens, inutile et stérile, et proposant le suicide comme la seule solution.
Cependant, Albert Camus a inventé le concept de l’absurde et a rejeté le suicide comme une solution, ce qui n’est certainement pas la solution pour une vie troublée. Il suggère donc qu’une vie absurde devrait être considérée comme un défi et elle devrait être appréciée. Se concentrant sur Sisyphe, il l’a décrit comme étant un homme heureux qui devrait rester heureux tant qu’il accepte la punition que Zeus lui a imposée.
Perséphone supervisant Sisyphe aux Enfers, amphore à figures noires de
l’Attique (vase), v. 530 avant JC, Staatliche Antikensammlungen.
Image : wikimedia / Staatliche Antikensammlungen / Domaine public)
Ce mythe de Sisyphe des anciens Grecs, vu sous un angle différent, une vie infructueuse, insatisfaite, dénuée de sens ou inutile ne pouvait pas être la fin standard pour juger tous les efforts de l’humanité tout au long de la vie. Cela contredirait les critères d’« évaluation » ou de jugement pour les mortels fixés par les dieux dans l’au-delà.
Selon la mythologie grecque, après la mort, le paradis de l’Elysée attendait les mortels qui remplissaient les missions qui leur avaient été confiées dans la vie et utilisaient avec sagesse les dons que leurs immortels bienfaiteurs leur transmettaient pour générer la vertu dans leur vie pendant leur séjour sur Terre. L’Hadès, communément appelé Enfer ou Tartare (le monde souterrain), attendait les mortels qui ne s’étaient pas élevés ou qui avaient négligé de remplir leurs missions de leur vivant et avaient même commis des crimes.
Le mythe ne symbolise pas pour l’humanité que l’effort individuel est vain. Il symbolise plutôt le fait que, quelle que soit la gravité ou l’impossibilité de votre situation, c’est l’attitude que vous avez à l’égard de ces circonstances qui compte. C’est la façon dont vous vous comportez et dont vous supportez une situation qui fait votre grandeur.
Le mythe de Sisyphe : la gratitude et les efforts honnêtes sont tout
Autrement, si tout est futile et dénué de sens, pourquoi y aurait-il besoin d’un effort de la part de l’humanité, ou pourquoi y aurait-il besoin d’un jugement pour séparer le bon grain de l’ivraie dans l’au-delà ? Il n’y aurait pas besoin de séparation dans l’au-delà en fonction de sa conduite dans la vie.
Par conséquent, le mythe de Sisyphe décodé se réfère à la capacité de l’humanité à assumer n’importe quelle tâche, aussi impossible ou désespérée qu’elle puisse paraître, avec une volonté invincible et un cœur rempli de gratitude. L’alternative est la futilité. Ici sur Terre, il y a des choix, une attitude positive et des efforts honnêtes font vraiment une différence dans ce monde.
Rédacteur Nello Tinazzo
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