Relique sacrée pour les uns, simple photographie pour les autres, le Linceul de Turin représente l’une des pièces les plus débattues qui soient. Son existence a même suscité la naissance d’un nouveau domaine scientifique, la sindonologie ou « science du linceul ». Le Linceul de Turin ne laisse pas indifférent. Comment expliquer une telle fascination ?
Linceul de Turin ou Suaire de Turin ?
Le Linceul de Turin est un drap de grande taille, environ 4 m sur 1,10 m de couleur ocre et portant des traces de brûlures, séquelles d’un incendie. Sur sa face ventrale et dorsale, il présente l’image d’un homme mort crucifié. Selon la tradition chrétienne ce drap conservé au sein de la cathédrale de Turin aurait recouvert le corps du Christ après la crucifixion. Pour les croyants, l’image représentée n’est autre que celle de Jésus.
Le Linceul de Turin est appelé aussi « Suaire de Turin » ou « Saint-Suaire », désignations jugées souvent impropres puisque par définition un linceul, drap utilisé pour recouvrir un mort, est une « petite pièce de toile de lin ». En revanche, le suaire est une sorte de mouchoir servant à essuyer la sueur du visage. Le mot « suaire » est tiré du latin sudarium qui veut dire « mouchoir ». De telles confusions proviennent sans doute des diverses interprétations des textes bibliques originaux.
Que disent les Évangiles ? Dans le passage où les apôtres Pierre et Jean découvrent le tombeau de Jésus vide, il est écrit : « Il entra dans le tombeau et il aperçut les linges gisant à terre ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête » (Jean 20, 6-8).
Cet extrait souligne clairement la distinction entre le linceul, traduit par « linges » et le suaire qui recouvre la tête.
Pérégrinations du linceul entre Jérusalem et Turin
Qu’est devenu le Linceul de Turin, ce drap qui aurait recouvert le corps du Christ ? Que s’est-il passé après l’an 33, année de la mort du Christ ? D’après les conclusions de l’historien Jean-Christian Petitfils, qui se réfère à l’Évangile aux Hébreux, le linceul fut confié à l’apôtre Pierre. Selon toute vraisemblance les Chrétiens ont gardé avec discrétion la précieuse relique puis l’ont emportée à leur départ pour Antioche vers l’an 66.
En 344, Saint Cyrille, évêque de Jérusalem mentionne le linceul, comme « témoin de la Résurrection ». Le linceul se serait trouvé à Edesse, l’actuelle Urfa en Turquie.
Selon les sources, entre 940 et 1204, le Linceul de Turin séjourne à Constantinople. La ville est saccagée par les croisés de la quatrième croisade. Le linceul est emmené à Athènes par un certain Othon de la Roche, chef des croisés. Entre 1204 et 1355 aurait eu lieu une sorte de trou historique. Nul ne sait ce qu’il advient du linceul qui réapparaît de façon attestée en 1357 à Lirey près de Troyes en Champagne, où réside le seigneur Geoffroy de Charny, époux de Jeanne de Vergy, arrière-petite-fille d’Othon. Puis le linceul est confié au duc de Savoie qui le maintient à Chambéry de 1453 à 1578. De nombreuses ostensions se suivent, ce qui rend les divers itinéraires du linceul mieux connus. L’incendie de 1532 qui eut lieu au château de Chambéry aura miraculeusement épargné le linceul. Jauni et troué, ce dernier sera recousu à certains endroits.
En 1578, le duc de Savoie finit par installer le linceul à Turin. La prestigieuse relique s’y trouve encore. Depuis 1983, le Linceul de Turin est devenu propriété du Vatican.
Première photo du Linceul de Turin : la photo choc
Jusqu’au XIXe siècle, le Linceul de Turin tombe dans l’oubli jusqu’au jour où un photographe amateur fait une découverte stupéfiante. Secondo Pia un avocat italien d’origine noble et passionné de photographie avait obtenu l’autorisation de prendre les premiers clichés du Linceul à Turin. Lorsqu’il développa la photo dans la nuit du 28 mai 1898, sous ses yeux ébahis, c’est un négatif qui apparut sur la plaque de verre, révélant le visage d’un homme très serein. Secondo Pia en fut si troublé qu’il faillit laisser tomber la plaque de verre. « Je restai comme glacé », expliqua-t-il à ses proches. Ainsi le Linceul de Turin serait donc en réalité un négatif datant de 19 siècles ! En outre, l’image de l’homme du linceul se détachait de façon extrêmement bien détaillée.
La publication de cette photo renversante souleva une véritable onde de choc et alimenta dès lors pléthore de débats scientifiques pour expliquer l’inexplicable et mettre en doute l’authenticité du Linceul de Turin. Il devint la pièce la plus étudiée au monde.
Ainsi donc, 1898 reste une date clé dans l’histoire du Linceul de Turin. Une année qui ouvre l’ère des études scientifiques en tous genres. Ce sera l’objet d’un prochain chapitre…
Collaboration Eve Saint-Michel
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