Natalie offre les plus grandes symphonies classiques aux passants des rues
Une dame, d’un grand âge, aux cheveux blancs, répand de la joie dans les rues de Melbourne depuis plusieurs années. Aujourd’hui, âgée de 85 ans, Natalie Trayling, musicienne de formation classique estime que la scène publique ouverte que représente la rue, matérialise au mieux, le lieu où elle est le plus à même d’exprimer tout son talent.
La pianiste
Natalie traverse de nombreux moments difficiles. Elle se retrouve sans-abri à plusieurs reprises, profondément affectée, par la mort de ses deux filles. Sa première fille est morte en 1967 lors d’un accident de voiture. Une vingtaine d’années plus tard, en 1986, Natalie perd sa deuxième fille suite à une fibrose kystique. Son fils Nathan, autrefois, joueur de football prometteur, devient toxicomane, ne parvenant pas à surmonter la perte de sa sœur.
En 1993, Natalie emménage à Melbourne, avec son fils Nathan, pour un nouveau départ. Bien que son ex-mari Denis et son autre fils, Matthew, lui proposent de l’aide, Natalie refuse, car elle souhaite mener sa vie en toute autonomie. Cependant, elle finit par dormir dehors ou dans des pensions pendant les années qui suivent. En 2008, Denis lui suggère de jouer de la musique. Il lui achète alors, un clavier Roland. Un commerçant accepte de la laisser brancher le cordon du clavier chez lui. Dès qu’elle commence à jouer dans la rue, Natalie éprouve une plénitude qu’elle n’a jamais ressentie auparavant.
Les gens sont stupéfaits par sa performance, car ils ne peuvent croire qu’une personne aussi talentueuse qu’elle, ne se produise pas sur de grandes scènes. Gerard Willems, un pianiste classique de grande renommée, est émerveillé par le talent de Natalie. « Je l’ai entendue jouer le mouvement Adagio de la Sonate pathétique de Beethoven ainsi que Widmung de Schumann arrangé par Liszt… puis arrangé par Trayling ! Les harmonies et les mélodies étaient fidèles à l’original mais elle improvisait dans un style tzigane libre avec des fiorituri supplémentaires, des octaves supplémentaires et un saupoudrage d’arpèges ! J’aurais pu l’écouter toute la journée. Il est clair que c’est quelqu’un qui avait été sérieusement formé ! », dit-il à The Australian.
Natalie a déjà refusé plusieurs propositions pour jouer dans des salles de concert. (Image : kailingpiano / Pixabay)
Alors, plusieurs prestigieux théâtres approchent Natalie au fil des ans pour lui proposer de jouer sur leur scène. Mais, elle refuse toutes les propositions. Elle refuse même une offre de studio pour enregistrer ses morceaux. Matthew tente alors, de faire accepter à Natalie des paiements proposés par des tiers intéressés par une collaboration avec elle. Cependant, il abandonne rapidement, comprenant que sa mère est un oiseau libre qui souhaite uniquement jouer de la musique et rien d’autre. Matthew aide Natalie à transporter son clavier sur son lieu de concert : la rue ! Quant à savoir pourquoi elle aime se produire dans la rue, plutôt que devant une foule immense dans un lieu prestigieux, Natalie nous délivre une réponse fascinante.
« Lorsque je joue en plein air : les enfants viennent vers moi, des gens de toutes les classes et de tous les horizons… J’adore être là, et je sens qu’ils ont besoin d’entendre cette musique. Ce que je ressens, quand je joue et quand je suis parmi les gens, c’est tout simplement merveilleux… C’est quelque chose que je n’obtiendrais jamais dans une salle de concert parce que seules certaines personnes y vont. Mais là, c’est pour tout le monde », déclare-t-elle au Sydney Morning Herald.
Spectacles de rue à Melbourne
Les responsables de la ville de Melbourne ont introduit récemment un nouvel ensemble de lois qui inquiète les artistes de rue. En effet, en avril, la ville a commencé à exiger que les artistes aient une autorisation pour pouvoir jouer dans la rue. Le « permis premium » de la ville, qui permet aux musiciens de se produire dans les meilleurs endroits, exige qu’ils aient au moins six mois d’expérience dans la rue et qu’ils passent une audition.
Les musiciens de rue ont besoin d’un permis pour se produire à Melbourne. (Image : S. Hermann & F. Richter / Pixabay)
« Notre nouveau permis premium… est fortement axé sur la valeur de la performance et de l’engagement de l’acte – parallèlement à des considérations importantes de niveaux sonores, de sécurité et de gestion des foules », déclare, au Guardian, le conseiller Rohan Leppert, président du portefeuille des arts, de la culture et du patrimoine.
Plusieurs artistes de rue pensent que l’audition est un système imparfait qui ne reconnaît pas le vrai talent. Lors de l’une des auditions, un célèbre joueur de flûte de Pan du nom de Jorge Cuba échoue à l’audition. Cela a interloqué ses pairs qui s’inquiètent désormais, que nombre d’entre eux puissent, de la même façon, se voir refuser l’opportunité de jouer.
Rédacteur Swanne Vi
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.