« Je suis animé d’une urgence de dire ce que je dois dire »
Olivier Korber mène une carrière de pianiste concertiste qui l’amène à se produire en France et à l’étranger. À cette activité s’ajoute désormais celle de compositeur. Il vient en effet d’achever son premier Quatuor à cordes, Obstinario pour orchestre symphonique et Alcools, un cycle de 8 mélodies sur des poèmes d’Apollinaire.
Sa trajectoire prend un tournant important en 2018 lorsque paraît son premier album sous le label 1001 Notes, avec au programme les Mazurkas opus 59, la Barcarolle, la Polonaise-Fantaisie et les redoutables 12 Études opus 25 de Chopin. L’album a été récompensé de 4 Diapasons et 5 Croches Pizzicato.
« Il faut arriver à comprendre les intentions d’un compositeur. L’interprète est un passeur. Il peut y avoir 1000 manières pour dire un même texte, mais il y a des choses plus justes que d’autres. » Olivier Korber. (Image : Reiko Hayakawa)
De tous les compositeurs, c’est avec Chopin qu’Olivier Korber entretient un rapport privilégié
Autodidacte, il commence à étudier le piano à 8 ans lorsque son père lui transmet ses premières notions, et notamment son amour pour Chopin.
« C’est certainement le compositeur dont je me sens le plus proche, celui avec lequel je suis le plus à l’aise. Je me sens vraiment en osmose avec à la fois sa langue émotionnelle et sa langue pianistique même. Depuis mon jeune âge il y a eu Chopin et les autres, il me touche d’une manière beaucoup plus directe, et avec lui j’arrive peut-être plus naturellement à entrer en résonance qu’avec d’autres compositeurs. »
Cela n’empêche pas Olivier de jouer un répertoire varié. « J’ai une prédilection pour les compositeurs romantiques et post romantiques, Chopin et la musique russe, les trois grands russes du piano », raconte-il, en se référant à Rachmaninov, Prokofiev et Scriabine, pour lequel il a un penchant particulier. « Une musique sans limite et très audacieuse » dit-il avec enthousiasme, en rajoutant : « avec un immense lyrisme, à la fois très directe et très sophistiquée et qui n’hésite pas à tendre vers les extrêmes, avec parfois une dimension théologique ».
Pendant la période de confinement Olivier s’est mis à composer. Il a eu le temps d’achever un nouveau cycle de mélodies mettant en musique 8 poèmes du recueil Alcools d’Apollinaire. « Ce cycle-là a été écrit en avril-mai 2020, pendant cette période spéciale, ni avant ni après. C’est la première fois que j’écrivais pour la voix humaine. Pour chaque poème choisi, je me suis immergé entre une et deux semaines, cherchant à saisir une ambiance pour donner un climat musical singulier à chaque mélodie ».
C’est lors du confinement qu’Olivier Korber a eu le souhait d’aller encore plus loin et de composer un cycle de mélodies sur des poèmes d’Apollinaire. (Image : avec l’aimable autorisation d’Olivier Korber)
Quand on lui demande quelle est la part de l’inspiration dans l’interprétation il répond
« Il faut arriver à comprendre les intentions d’un compositeur. L’interprète est un passeur. Il peut y avoir 1000 manières de dire un même texte, mais il y a des choses beaucoup plus justes que d’autres : il y a la question de la cohérence, qui est un processus autant intellectuel que sensible. Quant à la composition, contrairement à ce qu’on peut croire, tout ne se passe pas en étant frappé par l’inspiration. En vérité, l’inspiration, qui est bien-sûr à l’origine de quelque chose, est une source qui représente peut-être 5 ou 10% du processus de composition. Elle donne de la matière, mais il faut ensuite mettre les idées en mouvement et il y a tout un travail artisanal pour organiser, développer, instrumenter. C’est infiniment plus de temps que le seul moment inspiré, qui peut parfois ne durer que quelques minutes, et donner ensuite du travail pendant des semaines ou des mois. Parfois l’inspiration peut aussi fournir des cellules toutes simples, triviales, mais très fertiles. Toute l’originalité de la musique proviendra de leurs conséquences imprévisibles, comme c’est par exemple souvent le cas chez Beethoven. »
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