À partir de 1949, dès son arrivée au pouvoir, le Parti communiste chinois (PCC) n’a cessé de détruire en profondeur la culture traditionnelle chinoise, séparant impitoyablement le peuple chinois de la culture traditionnelle chinoise. C’est ainsi que la persécution des peintres a été mise en place.
Une persécution des peintres dès la fin des années 1950
Cette persécution des peintres a commencé avant la grande Révolution culturelle prolétarienne (1966- 1976) et a atteint son apogée au cours de celle-ci. Dans les flammes de la Révolution culturelle, de nombreux trésors nationaux ont été détruits et de nombreux artistes ont été brutalement persécutés.
Pendant la période du Grand Bond en avant lancé par Mao Zedong de 1958 à 1960, les sujets de la peinture traditionnelle chinoise étaient considérés comme des « choses de la classe aisée » et étaient totalement interdits. De nombreux peintres ont été contraints de ne produire que des tableaux de propagande. Le PCC a utilisé l’influence des peintres pour promouvoir dans le monde entier et à travers les peintures, l’image de la « formidable croissance économique » du pays.
Obligation de répondre aux exigences du Parti
Qian Songyan (1899-1985), un peintre de l’école Jinling, a laissé son nom dans l’histoire de la peinture chinoise moderne. Dans son tableau intitulé Songxuan, Qian Songyan a peint des pins au premier plan et des montagnes en arrière-plan de manière vivante. Cependant, il a ajouté au centre un pont sur le fleuve Yangtze ainsi qu’une zone industrielle. Cette œuvre « étrange » répondait aux exigences imposées aux artistes par le PCC.
Lu Yanshao (1909-1993), célèbre peintre paysagiste de Shanghai, est reconnu comme étant le maître de la peinture paysagiste moderne. Lu Yanshao a peint un tableau de propagande intitulé Zone industrielle de Shanghai en ébullition , qui dépeint la zone industrielle florissante de Shanghai.
Cependant, malgré ses peintures de propagande, M. Lu a été privé du droit de vendre ses œuvres parce que le mot « ébullition » dans le titre était considéré comme signifiant « trahison ». La famille de Lu Yanshao a été contrainte de déménager dans une maison minuscule, où il ne pouvait peindre que sur la petite table servant aux repas avec très peu de fournitures pour peindre. De nombreuses peintures traditionnelles de Lu Yanshao ont malheureusement été brûlées.
Restriction de liberté ou exil forcé
Li Keran (1907-1989) a développé une technique originale basée sur la méthode de l’encre sumi, à l’encre noire de Chine. Il est célèbre pour avoir peint des montagnes en noir. Son chef-d’œuvre, La rivière Li , a été jugé étant contre la ligne du Parti, parce que le bateau du tableau naviguait en remontant la rivière. Bien que M. Li n’ait eu aucune intention de cette sorte, il a été soumis à des restrictions d’une grande sévérité. Par ailleurs, il a été privé de son droit de peindre et a fait l’objet de critiques particulièrement brutales.
Liang Huangxu, un peintre bien connu de Pékin, peint de nombreuses œuvres excellentes qui reflètent la vie militaire et la vie des minorités ethniques au Xinjiang. Cependant, sa notoriété s’est davantage accrue en Chine comme à l’étranger avec les peintures de ses ânes. Ces peintures consacrées aux ânes étaient dues à son exil forcé de trois ans dans la région du Xinjiang pendant la Révolution culturelle contraint de passer trois ans à garder des ânes.
Perte de la raison pour certains peintres
Shi Lu (1919-1982), figure de proue de l’école de peinture de Chang’an, a été gravement persécuté pendant la Révolution culturelle et a fini par perdre la raison et devenir schizophrène. Son état mental anormal a affecté ses œuvres ultérieures. La raison de la persécution de Shi Lu était son œuvre représentant Mao Zedong et l’Armée rouge debout au sommet d’une montagne, avec des vagues déferlantes au bas de la toile. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il avait peint ses vagues déferlantes, Shi lu a répondu simplement : « J’ai peint ce que j’ai ressenti en voyant le sol taché d’urine dans des toilettes publiques en Chine ». Suite à cette déclaration, il a été accusé d’avoir insulté le grand leader Mao Zedong et est devenu la cible de critiques et de persécutions continues.
Peintre contemporain et professeur des beaux-arts dans le Zhejiang, Pan Tianju avait occupé des postes élevés dans le monde de l’art, en tant que président de l’Académie des beaux-arts du Zhejiang et vice-président de l’Association des artistes chinois. Toutefois, pendant la révolution culturelle, il a été critiqué comme étant une « figure d’autorité académique réactionnaire » et régulièrement battu sur la place publique. Suite à ces violences physiques, M. Pan a été gravement blessé. Lorsqu’il s’est rendu à l’hôpital, aucun médecin n’a voulu l’accepter par crainte d’examiner une « figure d’autorité académique réactionnaire ». Finalement, M. Pan est mort dans le couloir de l’hôpital.
Persécution des peintres et répercussions sur la famille
Le célèbre peintre Wu Hufan (1894-1968)), né à Suzhou et réputé grand amateur et collectionneur de peintures chinoises, a grandement contribué à la reconnaissance de la peinture chinoise et a été l’un des peintres les plus importants du monde de l’art chinois du XXe siècle. Issu d’une famille d’intellectuels, dont le grand-père et le père étaient des hauts fonctionnaires de la dynastie Qing, Wu possédait une grande collection de chefs-d’œuvre. Cependant, pendant la Révolution culturelle, toutes ces œuvres calligraphiques et picturales ont été brûlées. Les gardes rouges ont passé un long moment à les réduire en cendres. « C’était un traitement cruel, comme si on me tuait, comme si les choses précieuses que j’avais accumulées avec fierté dans ma vie étaient niées » Le fils de Wu, voyant cette scène, perdit toute volonté de vivre et se suicida.
La Révolution culturelle a été déclenchée par le Parti communiste chinois dans le but de consolider le pouvoir de Mao Zedong. Dans cet objectif, elle devait nécessairement provoquer une révolution dans le monde de la culture. Durant cette décennie sanglante, les peintres et les collectionneurs chinois n’ont pu échapper à cette calamité et ont été victimes de la persécution menée par le PCC.
Rédacteur Yasmine Dif
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