Saint Michel dans la tradition religieuse, chrétienne et juive, est souvent représenté en tant que protecteur et défenseur de la vraie foi. D’humble ange, il est devenu le prince des Archanges brandissant son glaive de vérité ou utilisant une balance pour mesurer et évaluer les réalisations humaines.
Mais comment l’humble ange Michel est-il devenu le prince des Archanges ? Pourquoi est-il considéré comme le défenseur de la foi et le protecteur du monde humain ?
Celui « qui est comme Dieu ? »
Selon le Larousse, le terme ange vient du latin ecclésiastique angelus et du grec ecclésiastique aggelos, que l’on peut traduire par « messager de Dieu ». Le théologien Thomas D’Aquin (1225-1274), ou Saint Thomas D’Aquin, a précisé que les anges sont des « purs esprits » qui n’ont jamais eu de corps : des « intelligences » capables d’agir sur la matière. Dans la liturgie chrétienne et juive, Dieu créa des milliards d’êtres supérieurs, aussi appelés séraphins ou anges, bien avant la création de l’homme. « Purs esprits » brillants, d’une grande intelligence, chaque ange est décrit comme étant une créature unique, qui ne ressemble à aucune autre et dépend de Dieu : certains étant plus brillants et intelligents et d’autres plus humbles et effacés. Saint Thomas d’Aquin précise que : « Chaque ange est une espèce à lui tout seul ».
L’historienne Anne Bernet a précisé, au cours d’une interview menée au mois de mars 2020, que Michel « est le plus humble et le plus discret parmi les anges, alors que Lucifer en est le plus brillant, le plus intelligent ». Selon la liturgie religieuse, Dieu va mettre en place « l’épreuve des anges » de manière à permettre à ces créatures dans « un état de perfection naturelle » de le rejoindre. « Le projet de Dieu était d’appeler les anges à partager sa propre vie divine, à entrer dans sa propre communion trinitaire. Les anges ont dû répondre à cet appel de Dieu par un acte de foi » selon Serge-Thomas Bonino, Secrétaire de la Commission Théologique internationale et président de l’Académie pontificale de Saint Thomas d’Aquin à Rome.
Un acte de foi qui déterminera les bons et les mauvais anges
Cet acte de foi est décrit de manière différente par Anne Bernet et Arnaud Dumouch, théologien. Mais dans le fond, il consistait à avoir une foi aveugle en Dieu. Selon Arnaud Dumouch, Dieu aurait dit : « Personne ne peut me voir (…) s’il ne devient tout humble ». Anne Bernet aborde la demande de Dieu en ces termes : « les esprits bienheureux sont soumis par Dieu à une sorte de tentation pour leur demander de choisir définitivement le camp divin. Lorsqu’on présente aux esprits angéliques le mystère de l’Incarnation en leur demandant d’adorer le Christ, ces êtres spirituels sont proprement scandalisés, à commencer par le prince des séraphins Lucifer, le premier de tous les anges, qui refuse d’adorer une nature qui lui est rédhibitoirement inférieure (…) il se lance à l’assaut du trône divin en criant : " je prendrai la place de Dieu, je serai comme Dieu " ».
« C’est alors que l’archange Michel, se précipite en hurlant : " qui peut être comme Dieu, qui est comme Dieu ", et il s’oppose à l’insurrection déclenchée par Lucifer. Pour avoir défendu les droits de Dieu, Michel, par son choix, devient désormais le premier des anges, celui qui va prendre la place du séraphin déchu à la tête des cohortes célestes ».
Arnaud Dumouche, agrégé en théologie et recteur d’un institut de philosophie et de théologie, précise dans son livre paru en 2020, Michel Gabriel Raphaël et les autres, Récits des créatures célestes : « L’on dit que pour la première fois dans l’univers, un petit être inférieur écrase la tête du démon. Écraser la tête veut dire humilier, pourquoi ? Par cette simple vérité, le démon fut contraint de quitter le ciel. Le démon est contraint de partir, il souffre devant une si grande humilité.
Lucifer passe son temps à entraîner les hommes et les femmes loin de Dieu dans sa propre révolte, dans un enfer d’égoïsme. (…) La bible raconte qu’il y eut une séparation entre la lumière et les ténèbres, provoquée par Dieu. »
Michel, ou Mîkhâ’êl en hébreu, signifie en latin Quis ut Deus ? « Qui est comme Dieu ? ». Il devient le plus grand parmi les anges : « Parce qu’au moment de l’épreuve Angélique, lorsque les neuf chœurs vacillèrent dans leur fidélité et faillirent se ranger derrière la révolte de Lucifer, Michel fut le seul à comprendre les enjeux, le seul à adorer le Christ, le seul à se prosterner devant la grandeur divine. Par son exemple, il donna aux anges fidèles la force de le suivre et de rester attachés à Dieu », a précisé Anne Bernet, au cours de son interview. Du plus humble des anges, Michel est devenu le Prince des Archanges, tandis que Lucifer, qui était le premier des archanges, chute, devenant « le séraphin déchu ».
Serge-Thomas Bonino explique en ces termes les résultats de l’épreuve des anges : « Certains anges ont fait cet acte de foi, de grande confiance, de remise de soi à Dieu : ce sont nos bons anges. Certains anges ont refusé et se sont repliés sur eux-mêmes : ce sont ceux que nous appelons les mauvais anges ou les démons ».
Saint Michel le Protecteur
En défendant le Dieu, le bien, l’archange Saint Michel deviendra le défenseur du bien dans le monde biblique. Il a su terrasser Satan dans la bataille des anges mais dans l’Apocalypse, il devient celui qui terrasse le dragon (Satan) et sauve les âmes le jour du jugement dernier. Il sera placé directement à côté de Dieu et fidèle gardien des portes du Paradis céleste dans le monde liturgique et protecteur de l’Église chrétienne, dans le monde chrétien.
Au IVe siècle, le culte de Saint Michel se répand en Orient. Constantin 1er en faisant de Constantinople la nouvelle capitale impériale a fortement contribué à cette vénération. Des dizaines d’églises et chapelles ont ainsi été construites en l’honneur de l’Archange.
Saint Michel deviendra ainsi le Protecteur de nombreux peuples. Tout d’abord le peuple hébreu mais aussi les autres peuples chrétiens, dont les rois de France. En effet, la chute de l’empire romain permettra aux rois francs de devenir les protecteurs de l’église, faisant de Saint Michel leur Protecteur céleste. De nombreuses apparitions à des moments décisifs permettront à Saint Michel de venir en aide au royaume de France pour lui permettre de garder son rôle de protecteur de l’église, selon les historiens et la culture populaire.
En tant que Saint, il est fêté dans le monde chrétien le 29 septembre pour les églises catholiques et le 8 novembre pour l’église orthodoxe. Le 29 septembre, appelé la Saint-Michel, est souvent considéré comme étant la fête des archanges : Michel, Gabriel et Raphaël. Dans les temps anciens, le jour de la Saint-Michel était aussi une fête religieuse très importante qui coïncidait avec la saison des récoltes et toutes les manifestations populaires pouvant s’y rattacher. Saint Michel est aussi considéré comme le Saint Patron de la Normandie, de la France et de divers corps de métiers.
Les apparitions de Saint Michel
De nombreux textes bibliques et populaires font état des différentes apparitions de l’Archange Saint Michel. Ces lieux d’apparitions sont souvent élevés et en lien avec des manifestations terrestres pouvant être source d’un déséquilibre entre les forces du bien et du mal.
Ainsi, en 590, le 8 mai, parle-t-on de l’apparition de Saint-Michel à Rome. Le pape Saint Grégoire le Grand, face à la peste qui sévissait à cette époque, priait avec ferveur pour le salut du peuple. Au cours de ses prières, il vit sur un Château qui était à l’origine dédié au mausolée de l’empereur Hadrien, l’Archange Saint Michel qui remettait son glaive dans le fourreau. Il eut la certitude alors que ses prières avaient été entendues par les Cieux et fit construire à l’endroit indiqué dans ses rêves une église en l’honneur des Anges, d’où le nom de Château Saint-Ange.
En 708, c’est en France, Normandie, au Mont Tombe, qui portera plus tard le nom de Mont Saint-Michel, que Saint-Michel apparaît à trois reprises à Saint Aubert, évêque d’Avranches. Il aurait alors demandé à l’évêque de construire une église, un sanctuaire en son honneur : un lieu inviolable rempli de spiritualité. Ce lieu deviendra par la suite le Mont-Saint-Michel, un haut lieu de pèlerinage.
En 1424, Saint Michel apparaît alors à Jeanne d’Arc, à Domrémy, dans les Vosges. Selon certains textes bibliques, l’apparition, l’Archange aurait dit à Jeanne d’Arc : « Je suis Michel, le protecteur de la France ». L’histoire de France retrace le parcours de Jeanne d’Arc au cours de la guerre de Cent ans qui voyait la France occupée par les Anglais.
En 1884, le 13 octobre, C’est au cours de la messe que le Pape Léon XIII aura tout d’abord la vision terrifiante de Satan menaçant de détruire l’église dans 100 ans et lui faisant voir « la terre enveloppée dans les ténèbres et l’abîme, et des légions de démons qui étaient dispersés à travers le monde pour détruire les œuvres de l’Église. Puis est apparu saint Michel Archange qui chassa les mauvais esprits dans l’abîme. Profondément troublé, le Pontife composa une prière spéciale en l’honneur de Saint Michel et ordonna qu’elle soit récitée à la fin de chaque messe basse. Cette prière continua à être récitée jusqu’au 26 septembre 1964, quand l’instruction Inter oecumenici (n° 48, § j.) décréta "…Les prières Léoniennes sont supprimées…". Au cours du Regina Caeli du 24 avril 1994, le Pape Saint Jean-Paul II insista pour que les fidèles récitent, à nouveau, chaque jour la prière à Saint-Michel composée par Léon XIII. Le Pape François insista de même lors de son homélie du 29 septembre 2014 », selon le site Forum catholique.
Saint Michel le Protecteur, premier des Archanges et gardien des portes Célestes, est introduit dans le monde moderne à travers les médailles portées par les parachutistes lors de la Seconde guerre mondiale ou encore les lieux de pèlerinage qui lui sont dédiés dont notamment le Mont Saint-Michel.
Du plus humble et moins brillant des anges, il a su, grâce à la fermeté de sa croyance dans la nature divine, devenir le Premier Archange : gardien et protecteur du monde céleste. Le chef de la milice céleste qui a su terrasser le dragon et préserver le monde des enfers.
Collaboration Eve Saint-Michel
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