C’est le grand philosophe romain Cicéron qui a popularisé la parabole de l’épée de Damoclès dans son livre Les Tusculanes.
L’histoire trouve ses origines dans le palais de Dionysos, ce roi tyrannique qui a régné sur Syracuse entre le IVe et le Ve siècle av. J.-C. Il ne fait aucun doute que le pouvoir et la richesse dont disposait Dionysius étaient inégalés.
Cependant, être un tyran au sang-froid a un prix.
La fable intemporelle
Selon thought.com : « Dans le Livre V, Cicéron décrit en détail quel homme vraiment misérable était Dionysos. On disait de lui qu’il était tempéré dans son mode de vie, alerte et diligent dans les affaires, mais naturellement malveillant et injuste pour ses sujets et sa famille ».
Dionysos s’était fait beaucoup d’ennemis au cours de ses conquêtes. La peur l’accompagnait constamment, car la menace d’être assassiné était omniprésente. Il était paranoïaque au point de dormir au fond d’un fossé et personne d’autre que ses filles ne pouvaient lui raser la barbe.
Un jour, un bouffon nommé Damoclès est entré dans la cour du roi. Il a commencé à complimenter le roi, insistant sur la chance qu’avait le roi de mener une vie si riche dans un palais fantastique regorgeant de tous les plaisirs du monde. Il a poursuivi en disant au roi qu’il souhaitait pouvoir expérimenter, ne serait-ce qu’en partie, ces plaisirs au moins une fois dans sa vie.
Damoclès fit des commentaires sur le fait que le roi avait de la chance,
alors le souverain décida de lui donner une leçon. (Image : wikimedia / CC0 1.0)
Le roi était plus qu’irrité de cette tournure des événements. Il décida de donner une leçon à Damoclès. Dionysos suggéra que Damoclès bénéficie d’un avant-goût de cette vie royale et heureuse. Il aurait accès à tout ce que le roi possédait pendant une journée.
Damoclès ne put contenir sa joie. On lui fit visiter les chambres royales. Un canapé doré l’attendait et une douzaine de serviteurs l’entouraient, attendant son commandement. Il eut droit aux pièces de viande les plus prisées, fut vêtu des tissus en soie et en lin les plus fins, et embaumé des parfums les plus rares.
Alors que Damoclès se délectait de la chance fraîchement acquise accordée par le roi, à un moment donné, il remarqua une épée étincelante assez grande, suspendue au plafond du palais, délicatement fixée par un cordon en crin de cheval. La vue de l’épée prête à piquer sur lui à tout moment plomba complètement l’humeur de Damoclès. Il se rendit compte de sa folie et du message que le roi lui faisait passer. Il demanda immédiatement à sortir de l’enceinte du palais et ne se confronta plus jamais au roi.
La pertinence
Selon history.com : « Pour Cicéron, l’histoire de Dionysos et de Damoclès représentait l’idée que ceux qui sont au pouvoir travaillent toujours sous le joug du spectre de l’anxiété et de la mort, et qu’il ne peut y avoir de bonheur pour celui qui est constamment soumis à l’appréhension. »
La parabole, aussi simple qu’elle paraisse, est d’une profonde pertinence, même dans le contexte d’aujourd’hui. Nous observons souvent les gens d’un point de vue étroit, en nous concentrant sur ce qui est superficiel et sans parvenir à voir leur situation globale.
Nous observons souvent les gens d’un point de vue étroit, en nous concentrant sur ce qui est superficiel et sans parvenir à voir leur situation globale. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Cela est particulièrement vrai dans le cas des dirigeants du monde, des hommes d’affaires riches, et même des artistes célèbres qui ont accès à une grande puissance, au respect, à la richesse et à la renommée. Nous voyons leur monde en couleur, selon un cliché qui nous fait penser que ce sont : des individus chanceux qui ont tout ce qu’ils peuvent désirer.
Ce que nous ne parvenons pas à voir, c’est le travail laborieux qui a été accompli en amont pour atteindre une telle position, quelle qu’elle soit, et l’immense et incommensurable tâche pour maintenir cette position et cette situation.
Dans un monde où l’on évalue la valeur d’une personne d’après le nombre de ses abonnés sur Instagram, la légende de l’épée de Damoclès revêt une pertinence extrême.
Rédacteur Gabriel Olamsaint
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