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Opinion. Aperçu de la vie d’un capitaliste en Chine communiste

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Pourquoi Rong Yiren, le capitaliste rouge, a-t-il demandé à trois reprises à démissionner du Parti ? 

Rong Yiren, qui avait rejoint le PCC, a demandé à trois reprises à démissionner. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

L’entreprise des Rong en République de Chine est très célèbre. Les deux frères, Rong Zongjing et Rong Desheng, sont partis de rien et ont fondé plus de 20 entreprises privées à Wuxi et Shanghai. Ils étaient connus sous les noms de « Roi de la farine » et « Roi du coton », pendant des décennies, et ont eu un impact profond sur l’économie nationale chinoise. Le fils de Rong Desheng était Rong Yiren, que le Parti communiste chinois appelait le « capitaliste rouge ».

Né en mai 1916, Rong Yiren a obtenu un diplôme d’histoire à l’université de St. John’s à Shanghai, puis a rejoint l’entreprise familiale, devenant directeur adjoint de la Wuxi Mao Xin Flour Company en 1937, directeur de la Shanghai Hefeng Enterprise Company en 1939, directeur et gestionnaire de la Shanghai Sanxin Bank en 1943 et gestionnaire de la Wuxi Mao Xin Flour Company en 1945.

La campagne de transformation industrielle et commerciale du PCC

Pendant la dernière partie de la guerre civile communiste, les politiques monétaires et de restriction des prix menées par le Kuomintang ont déclenché une grave inflation et un bouleversement majeur pour la famille Rong. Les industriels de Shanghai ont déplacé leurs capitaux à l’étranger, à la recherche d’une nouvelle issue : la famille Rong n’a pas fait exception. Les fils aînés de Rong Zongjing : Rong Hongyuan, Rong HonSan et Rong Honqing, ainsi que Rong Erren et Rong Yanren, les fils de Rong Desheng, ont quitté Shanghai les uns après les autres, tandis que Rong Desheng et son fils Rong Yiren ont décidé de rester sur le continent, après de multiples délibérations.

Il est dit qu’avant son départ pour Hong Kong, Rong Erren avait convenu avec son frère Rong Yiren que « l’un resterait dans le pays et l’autre partirait à l’étranger, et que s’il n’y avait pas de problème, il pourrait revenir ». Après la création du Parti communiste chinois (PCC), Rong Erren est retourné brièvement en Chine, mais a demandé à quitter à nouveau le pays en 1951 et s’est rendu aux États-Unis. 

Rong Yiren ayant de nombreux parents à l’étranger, le PCC a adopté une stratégie de « privilèges » , afin de confondre le monde extérieur. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Rong Yiren ayant de nombreux parents à l’étranger, le PCC a adopté une stratégie de « privilèges » , afin de confondre le monde extérieur. (Image : Capture d’écran / YouTube)
 

Bien que Rong Desheng et Rong Yiren, le père et le fils restés dans le pays, aient initialement reçu le soutien du PCC, comme la fourniture de matières premières et l’achat de produits pour la transformation de la commande, ils ont dû masquer leurs opinions pendant la campagne de transformation industrielle et commerciale du PCC, qui visait à consolider le régime sous la bannière de la « mise en œuvre du partenariat public-privé dans l’industrie et le commerce privés » : qui de fait, pouvait s’assimiler à un pillage contraint des entreprises privées. En 1956, il ont dû remettre les 56 entreprises de textile et de farine, qui étaient le résultat du travail acharné de leurs ancêtres. Chen Yi, alors maire de Shanghai, l’a pris comme modèle, au cours d’une assemblée générale et a déclaré que « Rong Yiren est un capitaliste rouge ».

Rong Yiren ayant de nombreux parents à l’étranger, le PCC a adopté une stratégie de « privilèges » , afin de confondre le monde extérieur. Il est d’abord devenu maire adjoint de Shanghai en 1957, puis vice-ministre du ministère de l’industrie textile.

Est-ce parce qu’il avait vu le sort misérable des entrepreneurs autour de lui, ou parce qu’il connaissait déjà le revers du PCC, Rong Yiren a demandé à adhérer au Parti communiste à quatre reprises. Mais sa demande n’a été approuvée qu’en 1985, il avait 69 ans.

Selon le magazine The Trend de Hong Kong, en juin 1951, alors que Rong Yiren avait 35 ans et qu’il était membre du Comité des finances de la Commission militaire de la Chine de l’Est, il a demandé pour la première fois à adhérer au PCC. Chen Yi l’a conseillé et a été très explicite : « Il est plus pratique pour vous de rester en dehors du Parti, vous pouvez faire plus, et dans 10 ans, quand vous aurez 45 ans, je serai votre introducteur au Parti ».

En décembre 1957, Rong Yiren, qui avait connu le Mouvement anti-droite et était l’adjoint au maire de Shanghai, a ressenti l’urgence d’adhérer au PCC et a fait une seconde demande d’adhésion. Mais Ke Qingshi, alors secrétaire du comité municipal de Shanghai, a déclaré : « Vous devriez rester dans les partis démocratiques et les cercles industriels et commerciaux. Si vous adhérez au Parti, et si tous les capitalistes, grands et petits, adhèrent au Parti, il me sera difficile de siéger en tant que secrétaire du comité municipal du Parti ».

En octobre 1962, alors que Rong Yiren était vice-ministre de l’Industrie textile, il mentionna une fois de plus à Zhou Enlai que Chen Yi l’avait présenté au Parti. La réponse de Zhou Enlai a été la suivante : « Chen Yi ne manque pas à sa parole. Mon opinion est que vous êtes toujours libre en dehors du Parti. Si vous entrez dans le Parti, trop d’activité politique enterrera votre expertise, ce qui serait dommage ».

Shanghai est le symbole de l’ouverture de l’économie chinoise. Après la fin de la Révolution culturelle, le PCC a fait appel à Rong Yiren qui a grandement contribué au dynamisme de l’économie chinoise. (Image : Steven Yu / Pixabay)
Shanghai est le symbole de l’ouverture de l’économie chinoise. Après la fin de la Révolution culturelle, le PCC a fait appel à Rong Yiren qui a grandement contribué au dynamisme de l’économie chinoise. (Image : Steven Yu / Pixabay)
 

Suite à la Révolution culturelle, la politique d’ouverture du PCC

Au début de la Révolution culturelle, la famille de Rong Yiren a également été touchée. Par la suite, grâce à l’intervention de Zhou Enlai, Rong Yiren et son épouse ont finalement pu sauver leur vie. Mais Rong Yiren a été envoyé à la chaufferie pour transporter du charbon. Il est tombé malade, présentant des douleurs au dos. Par ailleurs, une hémorragie à l’œil n’a pas été traitée à temps, ce qui a entraîné la cécité de son œil gauche. Après avoir perdu la vue de l’œil gauche, il a été employé au nettoyage des toilettes.

Après la fin de la Révolution culturelle, le Parti communiste chinois, soucieux de développer l’économie, pense à nouveau aux liens de la famille Rong avec l’étranger, et Rong Yiren est à nouveau promu par le Parti communiste chinois. En 1978, Rong Yiren devient vice-président du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois, et en 1979, président de la China International Trust Investment Corporation, qui dépend directement du Conseil d’État. Avec ses stratégies commerciales et ses relations à l’étranger, Rong Yiren a joué un rôle essentiel dans le développement économique du PCC.

En avril 1985, à l’âge de 69 ans, Rong Yiren fait une nouvelle demande d’adhésion au Parti, et son souhait est finalement exaucé. Il est présenté par Wan Li, alors vice-premier ministre du Conseil d’État, et Peng Chong, vice-président de l’Assemblée populaire nationale.Mais ce à quoi les gens ne s’attendaient pas, c’est que Rong Yiren, qui avait facilement adhéré au Parti, a demandé à trois reprises à démissionner du Parti. La première demande était liée à l’incident du « 4 juin ». La deuxième était due à un désaccord avec Jiang Zemin. La troisième, en juin 2000, lorsque Rong Yiren, déjà à la retraite, s’est présenté au nom des principaux partis et a demandé au Politburo central d’ouvrir la participation des partis démocratiques à la politique, mais Jiang Zemin lui a dit de partir et de se calmer. Rong Yiren a alors cessé de participer aux activités du parti, jusqu’à ce que Jiang Zemin se retire en décembre 2002.

En octobre 2005, Rong Yiren meurt à Pékin. Il a laissé un dernier message intitulé Je veux dire quelques mots au Parti. Le contenu général était le suivant : un parti qui a perdu ses convictions, un parti qui n’est pas lié par la loi, un parti qui est séparé de la majorité du peuple, un parti qui poursuit des intérêts monétaires. Les partis politiques sont désespérés et trahissent la République populaire.

Si Rong Yiren vivait aujourd’hui et voyait un tel chaos social et l’existence du crime odieux que constitue le prélèvement d’organes contraints sur les vivants, il regretterait sûrement son choix d’être resté sur le continent.

Reproduction de la Déesse de la Démocratie qui a été érigée par les étudiants sur la Place Tien An Men. Les événements du 4 juin 1989 déclenchent chez Rong Yiren sa première demande de démission du PCC. (Image : wikimedia / Dr.kwan at English Wikipedia / Domaine public)
Reproduction de la Déesse de la Démocratie qui a été
érigée par les étudiants sur la Place Tien An Men. Les
événements du 4 juin 1989 déclenchent chez Rong Yiren
sa première demande de démission du PCC. (Image :
wikimedia / Dr.kwan at English Wikipedia / Domaine public)
 

Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire

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