En arrivant à Jinling, ils entendirent parler d’un astrologue renommé au temple Cheng’en, dont les prédictions étaient remarquablement précises. (Image : wikimedia / Huangdan2060 / CC BY 3.0)
Deux érudits au cœur d’or se sont engagés sur des chemins de vie différents, chacun affichant ses qualités uniques. L’un était destiné à mourir jeune, tandis que l’autre était généreux et compatissant. Leurs chemins croisés ont révélé que le destin peut être changé.
La sombre prédiction d’un astrologue
Sous la dynastie Qing, un homme, béni par la longévité et la prospérité, avait connu dans sa jeunesse une extrême pauvreté, passant souvent des jours sans manger. L’année où il réussit l’examen impérial préliminaire, une diseuse de bonne aventure très précise lui prédit qu’il mourrait d’une mort non naturelle, avant le festival de la rosée blanche.
À l’approche de l’examen, le jeune érudit envisagea d’abandonner ses études, en raison de cette prédiction. Un ami riche et vertueux du nom de Wang, qui partageait un lien étroit avec lui, le persuada de continuer, prenant généreusement à sa charge les frais de son voyage pour passer l’examen.
En arrivant à Jinling, ils entendirent parler d’un astrologue renommé du temple Cheng’en, dont les prédictions étaient remarquablement exactes. Le jeune érudit, accompagné de six étudiants, alla le voir. L’astrologue décrivit avec précision la situation familiale de chacun des six étudiants.
Deux érudits au cœur d’or se sont engagés sur des chemins de vie différents, chacun affichant des qualités uniques. (Image : wikimedia / As6022014 at Japanese Wikipedia / CC BY 3.0)
Lorsque vint le tour du jeune érudit, l’astrologue, après un bref examen et quelques analyses, lui conseilla vivement de rentrer immédiatement chez lui, affirmant que son visage présentait des signes annonciateurs d’un destin funeste. Il lui prédit qu’il mourrait dans les cinq jours, probablement sur le chemin du retour.
Choqués, le jeune érudit et les six étudiants demandèrent s’il existait un moyen d’éviter ce destin. L’astrologue leur répondit : « sans La grande vertu, un tel destin ne peut être changé ». En silence, ils regagnèrent leur logement.
Après avoir reçu la même prédiction de deux voyants, le jeune érudit décida de rentrer chez lui, ne voulant pas impliquer ses amis. Dans un acte de compassion, son ami Wang loua un bateau pour lui et lui fit don de 10 taels d’argent, en cas d’urgence.
Sauver des vies grâce à l’argent
Le jeune érudit monta à bord du bateau et prit le chemin du retour. Après avoir parcouru environ 10 miles sur le fleuve Yangtze, une tempête força le bateau à accoster. Quatre jours s’écoulèrent sans que le temps ne s’améliore. À l’approche du cinquième jour, le jeune érudit se demanda s’il était vraiment destiné à mourir au cours de ce voyage, comme on le lui avait prédit. Résigné à son sort, il se rendit sur le rivage et remarqua une femme enceinte, accompagnée de trois enfants, qui pleurait en marchant. Curieux et inquiet, il lui demande si elle avait besoin d’aide.
La femme lui expliqua qu’elle avait été trompée : elle avait vendu deux cochons pour 10 taels d’argent, mais avait reçu de fausses pièces de monnaie. Craignant la colère de son mari, elle avait prévu de se noyer avec ses enfants dans la rivière.
Ému par son sort, le jeune érudit échangea discrètement son argent contre les fausses pièces de la jeune femme. Pour la convaincre qu’il s’agissait de vraies pièces, il l’accompagna dans quelques boutiques d’argenterie pour vérifier que les pièces étaient authentiques. Soulagée, la femme le remercia et décida de rentrer chez elle avec ses enfants.
Changer le destin : intervention divine et renaissance
Après qu’il eut sauvé la femme, la nuit était déjà tombée et le jeune érudit dormit sous l’avant-toit d’un temple délabré. Dans un rêve, il entendit des fonctionnaires crier et vit une silhouette royale, peut-être Guan Di, présidant un tribunal. La divinité ordonna que la personne qui avait sauvé cinq vies soit identifiée et récompensée.
Lorsque son cas fut signalé, la divinité lui demanda s’il réussirait l’examen à venir. Un fonctionnaire lui fit remarquer que sa vie et sa fortune étaient épuisées et qu’il était voué à mourir cette nuit-là. La divinité décréta qu’un acte aussi vertueux changerait son destin, lui attribuant la première place à l’examen détenu auparavant par un candidat disgracié.
La divinité ordonna également la reconnaissance de son ami Wang, dont la générosité avait permis les bonnes actions du jeune érudit. En se réveillant de son rêve, le jeune érudit échappa de justesse à la mort, lorsque le mur du temple où il dormait s’effondra. Reconnaissant de la protection divine, il se sentit renaître. Il reprit son bateau et retourna à Jinling.
Au lieu d’accueil, tout le monde fut ravi de le voir en vie. Son ami, l’érudit Wang, célébra sa survie, lui prédisant une grande fortune. Ils rendirent à nouveau visite à l’astrologue, qui fut stupéfait par le changement de destin du jeune érudit, l’attribuant à un acte de bonté significatif. Il prédit que le jeune érudit obtiendrait le meilleur rang à l’examen, qu’il entrerait à l’Académie impériale de Hanlin l’année suivante, et qu’il vivrait jusqu’à l’âge de 80 ans.
Cette année-là, le jeune érudit a effectivement obtenu le meilleur classement, et Wang et lui ont ensuite rejoint l’académie impériale de Hanlin. (Image : wikimedia / Musée Cernuschi / Domaine public)
L’astrologue leur raconta qu’il avait vu un autre candidat destiné à atteindre le rang le plus élevé, mais dont la fortune s’était inversée en raison d’un comportement immoral, soulignant ainsi le pouvoir de la vertu et du vice.
L’astrologue prédit également à l’érudit Wang qu’il réussirait l’examen, car il avait accumulé des mérites cachés en accomplissant naturellement de bonnes actions.
De retour à l’auberge, le jeune érudit raconta son histoire à son ami Wang, attribuant sa survie et ses bénédictions à la générosité de ce dernier. Wang reconnut humblement leur vertu mutuelle, leur cœur brillant comme l’or, pur comme une fleur de lotus.
Cette année-là, le jeune érudit atteignit effectivement le premier rang, et Wang et lui rejoignirent plus tard l’Académie impériale de Hanlin.
Cette histoire montre que même si les difficultés et la durée de vie peuvent être prédestinées, le Créateur récompense gracieusement la vertu et les bons choix. Même 10 taels d’argent, utilisés de manière vertueuse, peuvent changer le destin, ce qui prouve que la fortune et la malchance dépendent de nos propres actions.
