Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Opinion. La chute de la puissante Athènes : l’évolution de l’histoire peut-elle échapper à la volonté divine ?

TENDANCE > Opinion

Dans l’antiquité classique, Athènes était le centre économique, culturel et technologique de la Méditerranée. Elle était extrêmement puissante. Mais, dans un premier temps, les guerriers spartiates n’ont pas réussi à conquérir cette cité-État qui s’est effondrée à cause d’une grande peste.

Dans l’antiquité, Athènes était le centre économique, culturel et technologique de la Méditerranée. Elle était extrêmement puissante. (Image : wiimedia / Leo von Klenze / Domaine public)

Une peste mortelle s’abat sur Athènes

Dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C., les deux cités-États, Athènes et Sparte, ont déclenché la guerre du Péloponnèse (431 - 404 av. J.-C.) pour l’hégémonie sur le monde grec.

Au cours de la deuxième année de guerre (430 av. J.-C.), lorsque l’armée spartiate s’est approchée d’Athènes, elle a soudain découvert d’innombrables nouvelles tombes à l’extérieur de la ville. Il s’est avéré qu’une peste mortelle se propageait à Athènes. Le roi de Sparte ordonna alors à ses troupes de se retirer. Athènes était isolée : ses ennemis et ses alliés n’osaient pas s’approcher de la ville en proie à la peste.

C’est tout d’abord au Pirée, un port proche d’Athènes, que l’on découvre trois personnes qui ont succombé à une étrange maladie. Elles ont dans un premier temps développé une forte fièvre accompagnée d’une inflammation sévère de la gorge, par la suite sont apparues des diarrhées qui ont précédé leur issue fatale.

Peu après, dans la même région, onze autres personnes ont succombé à la maladie. Leurs membres ont développé une gangrène, où la chair est passée du rouge foncé au noir, avant de se décomposer en dégageant une odeur pestilentielle. Leur corps entier était en état de putréfaction. Alors que le cœur battait encore, la personne se voyait mourir à petit feu.

Les gens répugnaient à s’occuper des malades, même s’il s’agissait de membres de leur famille ou d’amis. Par conséquent, de nombreux malades sont morts seuls parce que personne ne leur prodiguait de soins. Mais, même ceux qui étaient bien soignés finissaient par mourir. À Athènes, de nombreuses familles ont été décimées.

Chaque jour, les gens mouraient et les cadavres s’entassaient. Des personnes à demi-morts se déplaçaient péniblement dans les rues ou se rassemblaient autour des thermes pour y puiser de l’eau, afin d’étancher leur soif. Les réfugiés venant de la campagne athénienne étaient contraints de passer la nuit au temple, et bientôt, les morts mêlés aux mourants, ont commencé à remplir le temple.

Il y avait de nombreux philosophes, savants, poètes et artistes à Athènes, mais toutes leurs connaissances humaines, leurs compétences et leurs stratégies intelligentes sont restées inefficaces face à la peste. (Image : wiimedia / François Perrier / Domaine public)

Une épidémie qui résiste à tous les traitements

Les cadavres étaient éparpillés sur toute la cité, car personne ne pouvait les enterrer. Il n’y a pas eu de cérémonie de deuil traditionnelle. Les oiseaux et les animaux mangeaient les cadavres et à leur tour tombaient sur le sol et mouraient. Par conséquent, même les oiseaux et les animaux se tenaient à l’écart des cadavres. Pendant longtemps, il n’y a plus eu d’oiseaux carnivores dans la cité. La ville était abandonnée, les champs étaient stériles et des millions de cadavres recouvraient tous les coins d’Athènes.

Il y avait de nombreux philosophes, savants, poètes et artistes à Athènes, mais toutes leurs connaissances humaines, leurs compétences et leurs stratégies intelligentes restaient inefficaces face à la peste. Tous les médicaments prescrits par les médecins, qu’ils soient oraux ou topiques, étaient vains. Enfin, les médecins eux-mêmes ont été infectés et sont tombés.

Environ un tiers de la population meurt

Dans les temples où les gens se réfugiaient, ceux qui n’avaient pas une foi inébranlable ont commencé à se détourner de Dieu. La théocratie et les lois séculières n’étaient plus contraignantes pour ces citoyens. Pour se protéger, les gens violaient la nature humaine et commettaient des crimes ouvertement et sans scrupules. Le vol, le meurtre et le brigandage étaient monnaie courante dans la ville.

Face à ce fléau, les riches et les pauvres mouraient sans distinction. Les pauvres pillaient les biens des riches, mais ces richesses n’avaient aucune valeur. Malgré l’abondance de l’or, personne ne pouvait s’en emparer, car personne ne savait qui serait le prochain cadavre étendu sur le sol le jour suivant.

La panique et le désespoir ont fait de la satisfaction immédiate une tendance. Les vivants ont décidé de dépenser leur argent rapidement et de rechercher frénétiquement des plaisirs sensuels susceptibles d’endormir leur peur et de leur permettre d’échapper à l’horrible réalité. C’est ainsi qu’une scène terrifiante est apparue dans la cité-État civilisée. D’un côté, des cadavres, de l’autre, des vivants qui s’adonnaient aux plaisirs sensuels et menaient une vie de débauche.

La mort a détruit les dernières défenses psychologiques des Athéniens. Une épidémie a détruit la grande cité-État que les guerriers spartiates n’avaient pas réussi à conquérir. La ville d’Athènes s’est effondrée d’elle-même. Les historiens ont estimé plus tard qu’environ un tiers des habitants de la cité-État athénienne sont morts à cette époque. Selon certaines sources, le nombre de morts à cette époque s’élève à plusieurs dizaines de milliers d’habitants.

Le philosophe Socrate a connu personnellement la peste. Mais, il a réussi à la vaincre en menant une vie modérée et en adoptant des habitudes de vie saines. Cette catastrophe a poussé Socrate à explorer sa moralité et à rechercher la vérité en se basant sur le dicton « Je sais que je ne sais rien ».

Thucydide, âgé de 25 ans, a été contaminé par la peste, mais avec une persévérance surhumaine,  il a consigné en détail ce qu’il avait entendu, vu, pensé et ressenti, dans son œuvre Histoire de la guerre du Péloponnèse. La Peste d’Athènes est ainsi devenue l’événement catastrophique le plus détaillé de l’histoire. L’œuvre de Thucydide a fourni aux générations futures des informations de première main sur la peste.

La mort a détruit les dernières défenses psychologiques des Athéniens. Une épidémie a détruit la grande cité-État que les guerriers spartiates n’avaient pas réussi à conquérir. (Image : wiimedia / Doërr / Domaine public)

La peste a été sélective et a disparu soudainement

Alors que la peste faisait rage, sa contagion semblait pourtant être sélective. Pendant la guerre du Péloponnèse, les Athéniens ont capturé de nombreux Péloponnésiens et les ont emmenés à Athènes. D’après Thucydide, aucun des Péloponnésiens n’a été infecté. La peste ne s’est répandue qu’à Athènes et dans ses grands États.

Plus étrange encore, à la fin de l’année 426 av. J.-C., la Peste d’Athènes qui sévissait depuis plusieurs années, disparut soudainement de la cité.

Selon Thucydide, la peste athénienne a pris naissance dans certaines régions d’Éthiopie et s’est ensuite propagée à l’Égypte, à la Libye et à la majeure partie du royaume perse. Bien qu’il existe aujourd’hui plusieurs théories parmi les scientifiques, les médecins et les historiens, le mystère demeure quant à la façon dont la peste a commencé et pourquoi elle s’est arrêtée brusquement.

La Grèce antique prônait à l’origine une vie spirituelle pure et noble

Les Grecs de l’Antiquité vénéraient les dieux et attribuaient l’issue des guerres à la volonté des dieux. Ils pensaient que la peste était la punition des dieux pour les péchés ou les erreurs du monde. Dans ce sens, la fin de la peste signifiait pour eux le pardon des dieux.

La Grèce antique prônait à l’origine une vie spirituelle pure et noble. Cependant, avant la peste, de nombreux Athéniens riches et civilisés étaient accros aux plaisirs matériels. De plus, l’inceste et l’homosexualité étaient considérés comme des tendances normales. La violence et les meurtres étaient monnaie courante dans la société. Lorsque les mœurs des gens sont corrompues, la volonté divine n’est plus du tout respectée. Selon ce paradigme, Athènes a provoqué sa propre disparition.

En 404 av. J.-C., l’alliance spartiate a encerclé Athènes sur terre et sur mer, provoquant sa défaite totale. Par la suite, Sparte a obtenu l’hégémonie sur le monde grec. (Image : wiimedia / Original map: U.S. Army Cartographer ; This svg version: Ruthven ; Translation: Voldbord / Domaine public)

Après la fin de la peste, Athènes a continué à combattre Sparte. C’est ainsi qu’au cours de l’hiver 427-426 av. J.-C., une nouvelle vague de peste réapparut à Athènes. Les coups durs successifs causés par la peste entraînèrent la mort de nombreux dirigeants nationaux, religieux et militaires. L’ordre politique le plus fondamental d’Athènes devient alors intenable, son pouvoir politique s’affaiblit et le moral de l’armée et des citoyens s’effondre.

En 404 av. J.-C., l’alliance spartiate a encerclé Athènes sur terre et sur mer, provoquant sa défaite totale. Par la suite, Sparte a obtenu l’hégémonie sur le monde grec.

La prophétie du prophète athénien

Les Grecs de l’Antiquité croyaient aux oracles, qui étaient des messages divins prononcés par des bouches humaines. Ils avaient une valeur prophétique.

Un prophète athénien avait prévenu les Athéniens avant l’épidémie : « La guerre avec les Spartiates arrivera et amènera un grand fléau ». Cependant, les Athéniens n’y croyaient pas à l’époque.

Avant la guerre du Péloponnèse, les Spartiates se sont également rendus au temple de Delphes pour consulter l’oracle. Ils lui ont demandé s’ils pouvaient entrer en guerre contre les Athéniens. L’oracle avait répondu par l’affirmative, en disant : « Les dieux béniraient les Spartiates et ceux-ci remporteraient la victoire finale ». Cette information a été diffusée parmi les Spartiates pendant la guerre.

Athènes et Sparte étaient les deux principales cités-État du monde grec. À cause de la peste, Athènes, qui se considérait comme puissante et invincible, a été vaincue par Sparte. La prophétie s’est réalisée, ce qui permet de dire que : « Le développement de l’histoire ne peut échapper à la volonté de Dieu ».

Rédacteur Charlotte Clémence

Source :  Mighty Athens Falls: The Development of History Cannot Escape God’s Arrangement 
www.nspirement.com

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.