Au Nord de la Chine se trouve le vaste plateau mongol, qui couvre une superficie d’environ 2,74 millions de kilomètres carrés, avec une altitude moyenne de 1 580 mètres au-dessus du niveau de la mer. De ce nombre, la Mongolie-Extérieure en compte 1,56 million et la Mongolie-Intérieure 1,18 million de kilomètres carrés. Mais j’ai découvert qu’une partie des forêts de la Mongolie-Intérieure déboisée par les politiques menées par Mao Zedong, a pu reverdir grâce aux aides japonaises.
La Mongolie-Intérieure : des prairies fertiles inchangées pendant des milliers d’années
Ces terres plates et élevées, au climat rude, ne conviennent pas à la production agricole et sont dominées par l’élevage depuis les temps anciens. Vivre à côté de la Chine, un pays agricole au sud, a créé une histoire complexe faite d’amitié mutuelle, d’intermariages, d’échanges et de conflits, entre ces deux pays. Alors que les Chinois Han ont une production agricole plus stable et peuvent subvenir aux besoins d’une plus grande population par unité de surface, le secteur de l’élevage mongol est plus mobile et peut subvenir aux besoins d’une plus petite population par unité de surface.
Après plus de 2 000 ans de conflits, la Chine agricole, avec son peuple nombreux et sa forte armée, a écrasé les peuples nomades du Nord. La Mongolie-Intérieure, proche des régions Han, a été plus étroitement contrôlée par ces derniers. Au Nord, la Mongolie-Extérieure est plus éloignée, donc moins contrôlée par le peuple Han et relativement indépendante : c’est un état vassal de la Chine. En 1924, l’Union soviétique a envoyé des troupes en Mongolie-Extérieure, ce qui lui a permis de devenir indépendante. Ainsi, en 1950, le gouvernement de Pékin a déclaré qu’il reconnaissait l’indépendance de la Mongolie-Extérieure.
Bien que le plateau mongol soit élevé, c’est en réalité une plaine peu peuplée, constituée de prairies. Lorsqu’il pleut abondamment, les racines des herbes retiennent le sol et l’eau, puis libèrent lentement l’eau lorsque cesse la pluie : ce qui maintient un sol humide et gorgé d’eau. La pluie, les plantes et les os d’animaux peuvent naturellement fertiliser la terre. Les prairies épuisent moins le sol et beaucoup de mauvaises herbes peuvent bonifier la terre, créant un cycle naturel vertueux. Ainsi, les prairies fertiles sont restées inchangées pendant des milliers d’années.
Mao Zedong et sa politique axée sur l’acier et les céréales
Après l’établissement du régime communiste en 1949, l’économie chinoise était peu développée et très pauvre. Mao Zedong a demandé que l’on se concentre de toute urgence sur deux types de production : l’une était l’acier et l’autre les céréales. À cette époque, le Parti communiste chinois (PCC) a mis en place plusieurs corps de production et de construction agricoles. Il a importé à grande échelle des machines agricoles de l’Union soviétique et a largement exploité les terres de Mongolie-Intérieure. La récolte de la première année a été excellente, mais les cultures ont absorbé une grande partie de la fertilité de la terre, outrepassant largement le taux naturel de fertilisation. La deuxième année, les récoltes ont diminué. Dès la troisième année, les terres étaient appauvries et presque improductives : ce qui a conduit à la fermeture de nombreuses exploitations.
Le plateau mongol bénéficie d’un climat rude et d’une écologie fragile : une fois les riches prairies détruites, elles ne pouvaient plus être restaurées dans leur état d’origine. Sans plantes et sans végétation, la terre perd sa capacité à retenir l’humidité et l’eau. Lorsqu’il pleut abondamment, l’eau s’écoule en aval avec le sol, provoquant les glissements de boue et l’écoulement d’eau : ce qui érode le sol. Lorsque la pluie cesse, la terre s’assèche et l’herbe d’origine se transforme naturellement en sable.
Les vastes prairies de la Mongolie-Intérieure, qui ont résisté des milliers d’années et s’étendaient sur des milliers de kilomètres, avec des pâturages et de nombreux troupeaux de bovins et de moutons, se sont progressivement transformées en désert. Les tempêtes de sable se sont formées lors de vents forts, affectant souvent directement de vastes zones du Nord et du Nord-Ouest de la Chine.
Au cours de l’hiver 1966, pendant la Révolution culturelle, mon frère m’a emmené vivre à Pékin pendant un mois. À cette époque, est survenue une violente tempête de sable. La poussière jaune descendait du désert de Mongolie-Intérieure dans une tempête de vent et de sable, et toute la ville de Pékin était couverte de poussière jaune. La tempête de vent et de sable empêchait les gens d’ouvrir les yeux et leur faisait mal aux oreilles. Les habitants de Pékin disaient avec inquiétude que ce genre de tempête de sable se produisait chaque hiver à Pékin depuis des années, et que si les choses continuaient ainsi, Pékin deviendrait un désert dans quelques décennies.
Des aides japonaises dont la plantation d’arbres et de forêts en Mongolie-Intérieure
En 1972, lorsque des relations diplomatiques ont été établies entre la Chine et le Japon, le PCC a abandonné sa demande à l’État japonais de réparations suite aux dommages de la guerre. Dans le même temps, le Japon a commencé à accorder à la Chine une aide économique substantielle : sous forme de cadeaux gratuits et de prêts sans intérêt, ou à faible taux d’intérêt. Cette aide a duré quarante ans et le montant total a largement dépassé les réparations de guerre. Parmi ces projets financés, grâce à ces aides, les plus notables sont le métro de Pékin et la reforestation massive en Mongolie-Intérieure.
Chaque année pendant plus de quarante ans, le Japon a envoyé un grand nombre d’experts scientifiques et techniques en Mongolie-Intérieure et, aux frais du gouvernement japonais, a engagé des Chinois locaux pour planter des arbres à grande échelle. Cet énorme projet du Japon a été activement soutenu et conforté par le gouvernement communiste chinois, à tous les niveaux, et par la population locale. Car le principal bénéficiaire de ce projet était Pékin. En effet, ce projet pouvait éliminer fondamentalement les tempêtes de sable à Pékin et empêcher la désertification de la ville.
Planter des arbres dans le désert a été très difficile au début : parmi tous les arbres plantés, nombreux n’ont pas pu se développer. Toutefois, grâce aux efforts conjoints des fonds japonais, des experts forestiers japonais et des dizaines de milliers de travailleurs forestiers chinois, il a été progressivement possible de tirer parti de cette expérience et d’améliorer la procédure. Après plus de quarante ans de lutte acharnée, les résultats ont été fructueux.
Selon les rapports, la zone forestière de la Mongolie-Intérieure a atteint 392 millions de mu, soit 260 000 kilomètres carrés, avec un taux de couverture forestière de 22,1 % : ce qui en fait le plus grand terrain forestier et la plus grande zone forestière de Chine. Grâce à cette forêt, le climat des provinces d’Hebei, Shanxi et Shaanxi s’est considérablement amélioré, avec plus de pluie, moins de sable et moins d’érosion des sols : ce qui améliore de plus en plus l’environnement.
Cependant, lorsque les médias officiels chinois ont présenté les réalisations de la reforestation de la Mongolie-Intérieure, ils n’ont jamais mentionné qu’il s’agissait d’un énorme projet lancé par les Japonais. Ils n’ont jamais fait état de l’aide économique japonaise. De même, ils n’ont pas mis en avant les conseils techniques des experts japonais. Ils ont simplement souligné le leadership et le mérite du PCC, attribuant une partie du crédit au dur labeur du peuple chinois.
Alors comment toutes ces informations ont-elles été connues ?
De 1985 à 1988, j’ai effectué des études dans le cadre de mon doctorat en informatique à l’Université de Tsukuba, au Japon. La ville de Tsukuba, située dans la préfecture d’Ibaraki, est à une soixantaine de kilomètres au Nord-Est de Tokyo : c’est la cité des sciences du Japon. Outre l’université de Tsukuba, il existe de nombreux instituts centraux de recherche de différents types, dont un du ministère de l’agriculture et des forêts.
À cette époque, une école publique avait une classe de chinois et j’étais le professeur, enseignant le chinois à des Japonais. Je me souviens qu’un jour, un homme d’âge moyen est arrivé dans la classe. Il parlait bien le chinois et a attiré mon attention. Il m’a dit qu’il était un expert forestier du ministère de l’Agriculture et des Forêts. Il avait appris à parler couramment le chinois en vivant en Mongolie-Intérieure, quelques mois par an, et ce pendant une dizaine d’années. Il avait pour mission de guider les Chinois dans la plantation d’arbres et de forêts. Il s’est révélé être un expert de la Chine.
Dans les années 1980, il a voyagé dans toute la Chine pour étudier l’état de ses forêts. Il m’a raconté que dans les années 1940, une chanson chinoise disait : « Nous sommes sur les monts Taihang, les montagnes sont hautes et denses, les soldats sont forts et les chevaux sont forts ». Mais à partir des années 1950, les ressources forestières de la Chine ont été condamnées, notamment lors de la grande campagne sidérurgique de 1958, où d’innombrables forêts ont été abattues et détruites pour fabriquer de l’acier. Dans les années 1980, les Monts Taihang sont « devenus chauves ». Ils s’étaient transformés en « haute montagne sans forêts » après seulement vingt ans d’exploitation.
Dans les régions de Xiaoxinganling et de Daxinganling, au Nord-Est, les ressources forestières avaient été détruites au point d’être méconnaissables, et les montagnes avaient été déboisées de manière désastreuse. Comme le dit le proverbe chinois : « Si vous gardez les collines vertes, vous n’aurez pas peur de manquer de bois à brûler », mais « lorsque les collines vertes deviendront chauves, il n’y aura vraiment plus de bois à brûler ! »
Après la mise en œuvre de la politique de réforme et d’ouverture dans les années 1980, les autorités de Pékin ont réalisé que les forêts sont les poumons de la terre et que détruire ses propres forêts revient à détruire ses propres poumons, et constitue une forme de suicide national chronique. Le gouvernement japonais et les experts forestiers japonais n’ont pas tardé à prendre l’initiative de fournir des conseils à la Chine continentale, qui les a acceptés et a commencé à promulguer des lois sur la protection des forêts, et à utiliser des moyens légaux pour fermer des montagnes à des fins forestières. Dans le même temps, la Chine continentale a reçu une aide financière du gouvernement japonais et des conseils techniques d’experts forestiers japonais pour planter des arbres à grande échelle dans toute la Chine, en commençant par la Mongolie-Intérieure, afin de reconstituer les forêts et de reconstruire ses poumons nationaux.
Des mesures pour préserver le Japon et faire revivre les forêts de Mongolie-Intérieure
La Mongolie-Intérieure est très éloignée du Japon, alors pourquoi les Japonais étaient-ils si désireux de consacrer de l’argent et des efforts à la plantation d’arbres ? Des experts japonais m’ont expliqué que les Japonais considéraient vraiment la Chine réformée et ouverte comme un bon ami et pensaient qu’aider la Chine allait aussi leur permettre de préserver leur environnement.
En effet, les observations ont montré que la tempête de sable qui part de la Mongolie-Intérieure et se dirige vers le Sud, après avoir balayé Pékin, traverse la mer et peut atteindre Hokkaido au Japon. Bien que les dommages causés à Hokkaido ne soient pas graves sur le court terme, à long terme, si des mesures immédiates n’étaient pas prises, en quelques décennies, la tempête de sable aurait transformé Pékin en désert, Hokkaido n’échappant pas à ce triste sort. Pour ce bénéfice à long terme, le gouvernement japonais a dû faire de gros efforts pour planter des arbres en Mongolie-Intérieure. Il était plus qu’heureux de laisser Pékin être le principal bénéficiaire de ce projet.
J’ai grandi dans la ville de Xi’an depuis que je suis enfant, et bien que j’aie quitté la maison quand j’étais jeune, tous mes amis d’enfance sont toujours à Xi’an. Ils m’ont dit que le climat de Xi’an avait beaucoup changé ces dernières années, avec beaucoup plus de pluie, moins de sable et de poussière dans l’air, et une bien meilleure qualité de l’air. Même la partie Nord du Shaanxi, connue sous le nom de plateau de Lœss, apparaît luxuriante et verte depuis les airs. Chaque fois que je reçois de telles informations, je me réjouis des changements intervenus dans ma ville natale. La seule chose que je regrette, c’est que lorsqu’il s’agit de la raison du changement climatique, certains de mes amis répondent : « Merci au Parti, c’est grâce au barrage des Trois Gorges », car ils ne connaissent pas réellement le passé, mais seulement le présent qui leur a été présenté par le PCC…
Rédacteur Charlotte Clémence
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