Il y a quelques années, le Parti communiste chinois (PCC) mettait en avant le fait qu’Hollywood avait cédé aux autorités de régulation afin de répondre aux besoins du marché de la Chine. Mais depuis l’épidémie de Wuhan et les manifestations à Hong Kong, quelques faits isolés semblent indiquer le contraire.
Le film de super-héros Marvel, Doctor Strange 2 : The Multiverse of Madness
Doctor Strange 2 est à l’affiche ce mois de mai. À l’origine, la sortie du film était aussi prévue en Chine, mais actuellement, il ne peut pas être diffusé sur le marché chinois. La raison est l’apparition de la boîte à journaux The Epoch Times dans le film. Apparition que le PCC et certains Chinois, appartenant à la ligne dure du Parti considèrent comme une insulte majeure à la Chine.
Doctor Strange 2 : The Multiverse of Madness n’est pas le seul exemple. Un autre blockbuster de Marvel, Shang Qi et la légende des dix anneaux, avait déjà été interdit en Chine. Le comportement et les propos de l’acteur chinois Liu Simu, avaient été qualifiés « insultants » pour la Chine, en raison de son apparence et de ses paroles déplacées. Sur l’une des images du film, le brassard du chauffeur, joué par Liu Simi, portait l’inscription « 8964 ». Ce qui a été jugé comme un acte de provocation et a mis le PCC très mal à l’aise. Ce nombre 8964 aurait-il été mis en relation avec les événements du 4 juin 1989, par les autorités communistes ?
La censure va au-delà de l’interprétation des images selon le prisme du PCC
Ainsi, la censure des réalisateurs et des acteurs est aussi l’une des « armes » du PCC, utilisée pour menacer Hollywood. La belle-fille de Song Dan Dan, la réalisatrice américaine Chloé Zhao, qui avait remporté un Golden Globe et un prix hollywoodien pour son film Nomadland, a été qualifiée de militante anti-chinoise en raison de ses commentaires, lors d’une interview.
En tant que foyer de production d’œuvres cinématographiques et télévisuelles mondiales, Hollywood s’appuie sur l’imagination de l’esprit créatif. Ainsi, le système de séparation de la production doit permettre une certaine indépendance. C’est-à-dire que la production cinématographique et la création de scénarios n’interfèrent pas l’une avec l’autre, notamment en ce qui concerne la séparation entre la production et l’écriture de scénarios.
Le PCC avait mis en place un système de censure cinématographique
Après 2010, alors que l’économie chinoise décollait, l’industrie cinématographique et culturelle a également connu un développement rapide. Le PCC ne pouvait pas rester sans réaction et laisser les bénéfices revenir à d’autres. Alors, en plus d’imposer des restrictions sur l’importation de films et de fictions télévisées étrangers, il a étendu son action au contenu de la production cinématographique.
Selon ce système de censure cinématographique, le PCC exige des distributeurs qu’ils suppriment les images sensibles et exige qu’Hollywood produise des épisodes et des intrigues dédiées spécifiquement à la Chine. Face à ce rapport de forces, Hollywood devait, la plupart du temps, se plier à ces exigences, face au pouvoir de l’argent.
L’épidémie de Wuhan et Hong Kong
L’apparition de l’épidémie de Wuhan en 2020 a été un tournant pour Hollywood. Le PCC a longtemps tenu en haute estime le marché continental. Mais l’épidémie et les mesures prises pour lutter contre la pandémie mondiale ont eu une grande répercussion économique dans le milieu cinématographique avec notamment la fermeture des salles.
De plus, les manifestations à Hong Kong ont jeté une lumière nouvelle sur le positionnement de certains acteurs vis-à-vis du PCC. L’exemple le plus typique est la superproduction Disney, Mulan, avec Liu Yifei. Cette dernière avait à l’époque, critiqué et protesté contre les manifestations à Hong Kong, afin de convenir aux autorités communistes. En conséquence, sous l’action conjuguée de l’épidémie et du positionnement de l’actrice, le film Mulan s’est révélé être un vrai échec financier.
Dans le même temps, le marché coréen du divertissement a pris la direction opposée. Au lieu de s’incliner devant le PCC, il a choisi d’aller de l’avant. Ce choix a entraîné l’énorme succès de Squid Game et la sortie des films coréens du pays vers le monde.
Ces différents éléments ont peut-être été les leviers qui ont conduit Hollywood à ne plus être aussi dépendant des autorités communistes. Cela pourrait aussi expliquer pourquoi des productions comme Shang Qi et Doctor Strange 2 ne semblent pas tenir compte des avis du PCC, voire vont jusqu’à introduire des éléments jugés « insultants pour la Chine » par le PCC.
Hollywood affiche avec subtilité son indépendance
Parlant de la boîte à journaux The Epoch Times qui est apparue dans Doctor Strange 2, le média de propagande étrangère du PCC, Global Times, pense que cette apparition dans le film montre que le Falun Gong a continuellement infiltré la société américaine. Mais, si l’on s’en tient au fait, c'est le PCC qui a réellement infiltré les États-Unis. Alors ne devrait-on pas penser que c’est le contraire qui s’est produit ?
Il y a également des spéculations sur le territoire chinois, selon lesquelles le Falun Gong aurait acheté le placement publicitaire, pour les implants dans Dr. Strange 2. Mais cette possibilité peut être jugée extrêmement faible. Tout d’abord, les frais de placement publicitaire pour le film sont très onéreux. Pour diffuser une telle publicité, cela en vaut-il vraiment la peine pour les médias ?
Comment expliquer cette apparition dans le film Dr. Strange 2
Il peut y avoir plusieurs possibilités à cette apparition dans Dr. Strange 2. Tout d’abord, cela pourrait être un acte volontaire de la production dans le but d’embarrasser le PCC. Ensuite, cela pourrait être lié au fait qu’il y a des pratiquants de Falun Gong dans l’équipe de production. Pour finir, il n’est vraiment pas rare de voir des boîtes à journaux The Epoch Times un peu partout. Les deux dernières hypothèses pourraient être les plus probables.
Cette marque d’ouverture des productions à Hollywood pourrait finalement être un élément positif pour le plus grand bien de la créativité cinématographique et de son indépendance.
Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire
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