Au-delà d'une relation familiale entre enfants nés de mêmes parents, la fraternité traduit, dans un sens beaucoup plus large, un sentiment d'appartenance à la même famille humaine. Comment se développe ce sentiment ? Quelles différentes qualités morales implique-t-il ?
En décembre 2020, pendant la pandémie mondiale du coronavirus, l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies a proclamé le 4 février Journée internationale de la fraternité humaine.
L'humilité et le souci des autres donne naissance à la fraternité
La fraternité est un sentiment humain très vaste, et comme bien d'autres sentiments, il est difficile de le définir précisément. La fraternité peut englober beaucoup de qualités humaines telles que l'amitié, la solidarité, la générosité, la responsabilité, la compréhension, la tolérance, le respect.
La fraternité naît, entre autres, d'un sentiment d'humilité, tous tombés sommes-nous au sein de ce monde complexe. Une humilité qui advient quand les mystères de la vie et de l'univers se révèlent insondables, quand les épreuves nous forcent à lâcher notre arrogance ou notre futilité d'esprit, quand l'observation du monde nous rappelle que, de façons très diverses, nous avons besoin les uns des autres.
Dans ce monde d'interdépendance de tous les êtres, comment pouvons-nous croire que nous sommes mieux, que nous valons mieux qu'un autre ? Chacun a des raisons d'être venu ici, vivant sur cette Terre, chacun a son chemin à parcourir. Être humble et fraternel, n'est-ce pas être compréhensif et attentif aux autres et à leur chemin d'accomplissement ?
Racontée sur le site cheminsdefraternite.com, c’est l’histoire d’un vieux rabbin qui demandait à ses élèves à quoi l’on peut reconnaître le moment où la nuit s’achève et où le jour commence :
« Est-ce lorsqu’on peut sans peine distinguer de loin un chien d’un mouton ? » Non, dit le rabbin.
« Est-ce quand on peut distinguer un dattier d’un figuier ? » Non, dit le rabbin.
« Mais alors, quand est-ce donc ? » demandèrent les élèves.
Le rabbin répondit :
« C’est lorsqu’en regardant le visage de n’importe quel homme, tu reconnais ton frère ou ta sœur. Jusque-là, il fait encore nuit dans ton cœur. »
Une compréhension plus approfondie des épreuves que les êtres humains doivent traverser
Nous avons tous des chemins si différents. Que ce soit nos familles, nos lieux de naissance, nos corps, notre santé, notre caractère, nos qualités et défauts, nos cultures, nos conditions de vie, nos métiers, nos aspirations, nos compétences spécifiques, tout cela nous différencie et crée le chemin particulier de chacune de nos vies.
Y a-t-il une raison, pour un être humain, d'être dans la misère ou d'être en mauvaise santé ? C'est une question qui se pose à un moment ou un autre de notre vie, surtout quand nous avons des proches qui vivent de telles situations. La médecine guérit beaucoup de maladies et atténue la souffrance par les médicaments, c'est un fait. Cependant, peut-être y a-t-il des réponses plus fondamentales à la question des épreuves humaines ?
Les sages des temps anciens avaient des réponses à cette question, ainsi que les hommes et femmes qui les écoutaient ou qui lisaient leurs écrits. Ils parlaient de rétribution des péchés ou de karma. En Chine particulièrement, on savait guérir ou soulager beaucoup de maladies par les plantes et par d'autres moyens naturels ou parfois surnaturels. Néanmoins, les guérisseurs et médecins chinois savaient que les maladies avaient des causes profondes liées à de mauvaises actions du passé.
Mais y a-t-il beaucoup de personnes qui se soucient encore aujourd'hui de ce qu'enseignaient les vénérables sages de la Chine, de l'Inde ou de la Grèce antique ? Dans la fraternité humaine, il peut y avoir ce regard distancié sur la souffrance, mais ce n'est pas un regard froid ou accusateur, c'est au contraire un regard de compréhension et de compassion.
L'acceptation des différences et des inégalités humaines
La véritable fraternité découle d'observations, de réflexions et de compréhensions personnelles sur le sens de la vie humaine, sur notre relation aux autres, sur l'univers et sur ce qui est lié à la spiritualité. Cependant, la fraternité ne se contente pas de cela, elle agit aussi pour aider dans les épreuves et soulager la peine.
La fraternité humaine n'est pas une idéologie. Elle ne se bat pas contre de soi-disant oppresseurs. Elle réprouve et bannit la lutte des classes. Le pauvre sait être fraternel avec le riche, et le riche, fraternel avec le pauvre. Il n'y a pas de question d'argent et il n'y a pas de jalousie. C'est simplement une question de respect, de bonté et d'altruisme. « Vous ne pouvez pas favoriser la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes », déclarait Abraham Lincoln (discours devant le Congrès en 1860)
La fraternité est aussi le désir de transmettre ce que l'on croit bon pour aider les autres. C'est s'occuper de personnes en difficulté, telles que des personnes handicapées, ou lors de catastrophes, de guerres, se préoccuper d'apporter tout le secours nécessaire et un minimum de réconfort. Quand nous prenons la peine de poser un regard bienveillant à l'égard d'une personne que nous voyons dans la tristesse ou la solitude, de lui parler amicalement, c'est un peu de chaleur humaine et de bien-être qui embellit notre univers.
La vie d'un être humain, sur cette Terre, est un peu comme un flocon de neige, finalement, c'est assez éphémère. Les flocons paraissent tous les mêmes, et pourtant chaque flocon de neige est différent des autres, vu au microscope. Une autre petite histoire, tirée du site cheminsdefraternite.com, est édifiante à ce propos :
« Combien pèse un flocon de neige ? » demanda la mésange à la colombe.
« Rien d’autre que rien », fut la réponse.
Alors la mésange raconta à la colombe :
« J’étais sur une branche quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Et j’ai commencé à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3 751 952. Lorsque le 3 751 953 ème tomba, rien d’autre que rien, comme tu l’as dit. La branche cassa… » Sur ce, la mésange s’envola.
La colombe, une autorité en matière de paix (..), réfléchit un moment et se dit : « Peut-être ne manque-t-il qu’une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix ? »
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