L’industrie de l’armement est l’une des plus importantes « vaches à lait » au monde, et le Royaume-Uni semble s’être pleinement investi dans de telles opportunités rentables, même si cela peut avoir pour conséquences de violer les droits de l’homme. Un récent rapport de la CAAT (Campagne contre le commerce des armes) indique que le Royaume-Uni a vendu à des régimes répressifs en 2019, plus de trois fois plus d’armes que l’année précédente.
Vente d’armes
Le rapport de la CAAT révèle que les ventes totales d’armes du Royaume-Uni en 2019 s’élevaient à 1,6 milliards de dollars US. Sur les 48 pays auxquels le Royaume-Uni a vendu des armes, 26 ont été classés comme « non libres » par le groupe pro-démocratie américain Freedom House. Alors qu’en 2018, environ 214 millions de dollars US d’armes ont été vendus à des régimes répressifs, ce chiffre est passé à 681 millions de dollars US l’année dernière, soit une augmentation d’environ 390 % !
Le gouvernement britannique a fait face à une demande croissante visant à faire stopper les ventes d’armes aux régimes autoritaires qui les utilisent pour apporter la misère à leurs peuples et à ceux d’autres nations, y compris le Royaume-Uni. Cependant, le gouvernement n’a pas encore pris de décision concrète à cet égard. La raison en est évidente.
La guerre est un marché lucratif. Empêcher les entreprises d’armement de vendre du matériel ferait non seulement baisser leurs revenus mais affecterait également le développement de nouvelles armes. Le Royaume-Uni pourrait ainsi se retrouver à la traîne par rapport à d’autres pays, en ce qui concerne la technologie militaire. De ce fait, même si certains législateurs ont le monopole de ventes d’armes à des gouvernements répressifs, le lobby de l’armement a constamment réussi à échapper à toute sanction sévère.
Cependant, les tribunaux britanniques n’ont pas été particulièrement cléments sur la question. L’année dernière, un tribunal a émis une ordonnance décidant du gel des ventes d’armes à l’Arabie Saoudite, qui est l’un des plus gros clients des sociétés d’armement britanniques comme BAE Systems. En conséquence, la vente d’armes au régime saoudien a diminué au cours du second semestre de 2019. Mais au cours des cinq dernières années, entre 2015 et 2019, BAE a réalisé des bénéfices considérables en vendant des armes à l’Arabie saoudite, soit plus de 18,6 milliards de dollars US.
Parmi les autres régimes répressifs auxquels le Royaume-Uni vend des armes figurent le Qatar, Oman et les Émirats arabes unis, trois pays classés « non libres » par Freedom House. « Nous respectons toutes les lois et réglementations de contrôle des exportations dans les pays où nous opérons et nos activités sont soumises à l’approbation et à la surveillance du gouvernement britannique », a déclaré un porte-parole de la société, selon The Guardian.
Le défi Covid-19
Selon le ministre de la défense Ben Wallace, l’épidémie de Covid-19 a créé quelques complications pour la base militaro-industrielle du Royaume-Uni. Le ministère de la défense est déjà dans le rouge de 3,72 à 16 milliards de dollars US. Une fois l’impact du virus du PCC (Parti communiste chinois) passé, le ministère devra décider d’une feuille de route pour les achats, de manière à ne pas pousser davantage ses finances dans un territoire négatif. Il sera nécessaire de réorganiser les différents programmes d’équipement.
Le Ministère de la Défense britannique est déjà dans le rouge, de 3,72 à 16 milliards de dollars. (Image : Defence Images / flickr / CC BY-SA 2.0)
Cependant, cela va être difficile car la plupart des programmes sont interdépendants. Par exemple, la recherche sur la technologie de la furtivité pourrait faire double emploi avec la recherche axée sur les radars et les avions à réaction. L’arrêt d’un programme aura des répercussions importantes sur d’autres programmes. De ce fait, accorder des liquidités à divers programmes sera un cauchemar. Entre-temps, le ministère de la défense a approuvé l’octroi de 328 millions de dollars US au programme national d’enquêtes sur la vulnérabilité des cyberattaques (CVI), qui vise à identifier et à combattre les cyber-risques.
Rédacteur Fetty Adler
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