Le Grand Hall du Peuple à Pékin. M. Shum révèle la pensée des deuxième et troisième générations qui ont hérité de la lignée rouge du PCC. (Image : wikimedia / Gerd Eichmann / CC BY-SA 4.0)
Red Roulette est un livre écrit par l’homme d’affaires hongkongais Desmond Shum (également connu sous le nom de Shum Dong), qui réside actuellement à Taïwan. La publication récente de ce best-seller a suscité un vif intérêt dans toute la région. De nombreux médias se sont partagé la chance d’interviewer et de couvrir cet événement. Lors du lancement de son livre et des diverses interviews prévues, M. Shum a mentionné Hong Kong à plusieurs reprises, mais les médias n’ont pas réagi et restent silencieux.
La version anglaise de Red Roulette a été publiée pour la première fois en 2021 et s’est vendue à 3 millions d’exemplaires. Dans Red Roulette, l’auteur révèle le style de vie somptueux des familles les plus influentes des hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC) : les rouages des transactions de pouvoir et d’argent, les luttes sanglantes dans l’arène du pouvoir, et les batailles de l’auteur en tant qu’entrepreneur privé souhaitant développer des projets et promouvoir la démocratie en Chine.
M. Shum révèle le mode de pensée des deuxième et troisième générations, héritières de la lignée rouge du PCC. Premièrement, ils doivent défendre le PCC jusqu’à la mort, car c’est seulement si le PCC reste au sommet qu’ils peuvent conserver pouvoir et richesse de génération en génération. Deuxièmement, ils désavantagent les autres hauts fonctionnaires qui n’ont pas les mêmes antécédents que les hauts fonctionnaires du PCC, les traitant comme des domestiques. Troisièmement, ils visent à assurer la croissance de leurs entreprises d’État en isolant et en évinçant les entreprises privées.
Red Roulette est un livre écrit par l’homme d’affaires hongkongais Desmond Shum (également connu sous le nom de Shum Dong), qui réside actuellement à Taïwan. (Image : wikimedia / CC BY-SA 3.0)
L’ingérence des milieux d’affaires hongkongais dans les décisions politiques du gouvernement de Hong Kong
Dans Red Roulette, M. Shum explique comment le PCC a manipulé et repris Hong Kong, en précisant que c’était principalement motivé par des intérêts personnels. Pour obtenir une part du gâteau durant l’âge d’or du développement économique de la Chine, les riches hommes d’affaires de Hong Kong ont été associés à des entreprises sur le continent.
Pour faire des affaires sur le continent, ils doivent être de connivence avec de hauts responsables du Parti communiste chinois et s’allier à des intérêts. Dans une interview, M. Shum a cité un exemple personnel de ces collusions.
Il a été membre du PCC de Pékin pendant 10 ans, et le premier et le second responsable du bureau de liaison du gouvernement populaire central ont eu des relations avec lui. M. Shum a vu comment les hauts fonctionnaires du gouvernement populaire central, de la région administrative spéciale de Hong Kong (le bureau de liaison) et les milieux d’affaires de Hong Kong se sont réunis et ont aidé à faire correspondre leurs investissements avec ceux de la Chine continentale.
M. Shum n’en revenait pas de cette révélation, qui signifiait que les milieux d’affaires de Hong Kong pouvaient influencer le bureau de liaison, qui à son tour influençait directement les décisions du gouvernement de Hong Kong. En d’autres termes, le secteur des affaires de Hong Kong, en particulier les quelques familles influentes et puissantes, était devenu le gouvernement fantôme de Hong Kong et conduisait les politiques.
Red Roulette révèle en outre qu’en 2014, lorsque le Mouvement d’occupation ou Révolution des parapluies, a eu lieu à Hong Kong, sur les conseils d’un ami à Pékin, M. Shum a rédigé un article conseillant les autorités sur la manière de traiter la question de Hong Kong et l’a envoyé au bureau de Xi Jinping par l’intermédiaire de ses relations. Il n’a pas reçu de réponse.
Le courage et les sacrifices de la jeunesse de Hong Kong ont motivé la publication de Red Roulette
Une autre information a révélé qu’auparavant, le bureau de liaison contrôlait l’électorat fonctionnel du Conseil législatif de Hong Kong. À la veille de l’élection du Conseil législatif, le Bureau de liaison donnait l’ordre aux membres de chaque groupe d’élire des membres du Conseil législatif approuvés par les autorités.
L’ancienne épouse de Desmond Shum, Duan Weihong, a disparu en septembre 2017, bien que M. Shum ait déclaré qu’elle l’avait contacté peu avant la sortie de Red Roulette pour l’exhorter à renoncer. (Image : Capture d’écran / nytimes.com)
M. Shum a écrit que, sous l’emprise des gènes rouges du PCC, les hauts dirigeants ne veulent pas que la Chine continue à se réformer, à s’ouvrir et à se transformer en une Chine démocratique. Pour la classe dirigeante du PCC, l’Occident et le secteur privé sont des cibles à abattre. Le PCC pense que l’Occident est déterminé à faire tomber le régime communiste, que les entrepreneurs privés ne font pas partie de leur peuple et que seules les entreprises d’État sont rouges.
Il a également mentionné que Deng Xiaoping avait été contraint de réformer et d’ouvrir le pays dans les années 1980, parce que la Chine était alors en faillite et que la seule solution était de faire appel à l’Occident et aux entreprises privées pour sauver l’économie. Vers 2008, alors que l’économie chinoise était en plein essor, le Parti communiste chinois a prévu de « faire progresser l’État et reculer le peuple ». M. Shum estime que l’âge d’or de l’économie chinoise est révolu et que son économie est désormais faible.
En 2019, lorsque les manifestations ont éclaté à Hong Kong, M. Shum s’était déjà installé au Royaume-Uni. Il a toutefois tenu à revenir à Hong Kong pour participer à la marche d’un million de personnes en juin et à revenir en novembre pour voter aux élections du conseil de district. Il a confié qu’il avait prédit que le Parti communiste chinois ne ferait pas de compromis et que la marche et le vote étaient sa façon de s’exprimer en tant que citoyen de Hong Kong.
Le 9 juin 2019, plus d’un million de Hongkongais sont descendus dans la rue. (Image : wikimedia / Hf9631 / CC BY-SA 4.0)
M.Shum a révélé que l’une des motivations qui l’ont poussé à publier Red Roulette était liée aux manifestations de 2019, qui l’ont ému en soulignant le courage et les énormes sacrifices endurés par la jeunesse de Hong Kong.
Red Roulette a défié le pouvoir du PCC
Il admet s’être inquiété pour sa sécurité une fois que Red Roulette a été publié. Son ancienne épouse, Duan Weihong, a disparu en septembre 2017, bien que M. Shum ait indiqué qu’elle l’avait contacté peu avant la sortie de Red Roulette pour l’exhorter à renoncer.
Cependant, tout ce qu’il pouvait faire, face à un gouvernement sinistre, était de mettre de côté ses peurs et d’agir selon sa conscience. M. Shum a décrit Red Roulette comme un livre qui défie le pouvoir du Parti communiste chinois et qui a été publié de façon spontanée et solidaire, encourageant les lecteurs à se joindre à la lutte contre les tactiques d’intimidation du Parti communiste chinois.
Né à Shanghai en 1968, Shum Dong (Desmond Shum) s’est installé à Hong Kong avec ses parents à l’âge de 10 ans. Il est titulaire d’une licence de l’université du Wisconsin-Madison et de diplômes EMBA de l’université Northwestern aux États-Unis et de l’université des sciences et technologies de Hong Kong. Il est également administrateur honoraire de l’université Tsinghua de Pékin.
Ancien membre de la Conférence consultative politique du peuple chinois à Pékin et lauréat du Prix d’excellence Henry M. Kron de l’Institut Aspen. L’Institut Aspen lui a décerné la Bourse Henry Crown.
