Le 1er juillet de cette année, Xi Jinping (à droite) est venu à Hong Kong pour faire prêter serment au gouvernement de Lee Ka-chiu (à gauche) et a prononcé un discours important. (Image : Services d’information du gouvernement de Hong Kong / secretchina.com)
Le 1er juillet de cette année, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping s’est rendu à Hong Kong pour prononcer un discours : « Hong Kong est dans une nouvelle étape de passage " du chaos à la gouvernance " et de " la gouvernance à la prospérité " ». Alors que ces mots résonnent encore aux oreilles de ses habitants, Hong Kong est dans un état de désarroi : le marasme économique s’installe, le chaos social commence à régner, et la délinquance se développe dans le « magnifique nouveau Hong Kong » de Xi Jinping.
S’il existe un prix du « Deng Shen »1à Hong Kong, il pourrait certainement être décerné à Xi Jinping, Carrie Lam et Lee Ka-chiu. Des discours, des discours …, mais quel avenir pour le « nouveau Hong Kong » ?
Avant de quitter ses fonctions, Mme Lam n’a cessé de souligner son optimisme quant à l’avenir de Hong Kong, répétant que « Hong Kong sera meilleur à l’avenir ». Le nouveau chef de l’exécutif, M. Lee Ka-chiu, a également répété à plusieurs reprises que Hong Kong était riche en opportunités. Dans son discours du 1er juillet, Xi Jinping a déclaré que la nation chinoise était « au milieu d’un grand saut, passant de la position debout, de l’enrichissement à la force », et que les compatriotes de Hong Kong en faisaient partie. Il a également déclaré que : « Hong Kong se trouve à une nouvelle étape, passant du chaos à la gouvernance, puis de la gouvernance à la prospérité. Les cinq prochaines années constituent une période critique pour Hong Kong, qui doit innover et faire un bond en avant. Les opportunités et les défis coexistent, et les opportunités l’emportent sur les défis ».
Alors que les mots du grand dirigeant flottaient encore dans les airs, Hong Kong a continué à réagir par une « combinaison de coups durs ». Le marché de l’immobilier a chuté de plus de 10 %, la bourse a perdu plus de 17 000 points. Par ailleurs, la plaque tournante de l’aviation internationale et le centre financier international ont perdu leur statut de l’un des trois premiers au monde au profit de Singapour. Les entreprises étrangères, les talents et toutes sortes d’activités internationales qui étaient initialement enracinés à Hong Kong se dirigent aussi vers Singapour.
Une photo du Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, en grand gagnant, est devenue virale. (Image : capture d’écran par Lien Deng). (Image : Capture d’écran / Lien Deng / secretchina.com)
Cette situation semble être rentable pour Singapour
La chute de Shanghai, il y a soixante-dix ans, a donné naissance à Hong Kong. La chute de Hong Kong aujourd’hui donne naissance à Singapour. « Il y a des promenades en bateau après Singapour »2 est soudainement devenu une phrase en or. Sur les forums de discussion, des photos du Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, comme grand gagnant, ont été largement diffusées. La photo montrait même le défunt Lee Kuan Yew riant comme un fou dans une pose de victoire à l’intérieur d’une urne. Xi Jinping a fait de Singapour un centre financier international tout en en faisant un « beau nouveau Hong Kong » socialiste.
Le déclin économique actuel de Hong Kong n’est pas seulement le résultat d’un ajustement à court terme, la plupart des initiés du secteur ne sont pas optimistes quant à l’avenir de Hong Kong, affirmant qu’à long terme, avec la perte des jeunes adultes, le problème du vieillissement s’aggravera. La Perle de l’Orient, qui faisait autrefois la fierté des habitants de Hong Kong, finira par sombrer dans la mer, tout comme Shanghai, qui était un poumon économique et un lieu de chansons et de danses.
L’économie et les moyens de subsistance de la population sont au ralenti, l’éducation morale s’est transformée en éducation patriotique, et la tâche des forces de police est passée du maintien de l’ordre à la sauvegarde de la sécurité nationale... Une série de changements a conduit au chaos social et à des vols fréquents. La « Grande Société des Poignards » refait surface. Sous le puissant champ de forces du « Deng Shen »1de Xi Jinping, Carrie Lam et Lee Ka-chiu : « Hong Kong n’est plus dans le chaos », « Hong Kong sera gouverné à partir du chaos ».
La Perle de l’Orient a perdu son lustre face au « magnifique nouveau Hong Kong »
Le camp pro-démocratie espérait en 2020, avec la « démission des 35 députés pro-démocrates » (l’opposition au Conseil législatif), faire réagir. Le but ultime de cette « révolte » était de forcer les gouvernements occidentaux à imposer des sanctions politiques et économiques au PCC (par exemple, en coupant les liens économiques), afin de contraindre ce dernier à se désintégrer par des forces extérieures.
Fin septembre de cette année, le gouvernement a annoncé qu’il avait enregistré un déficit de 183 milliards de HKD (24 024 537 861,72 euros) pour les cinq premiers mois de l’exercice financier en cours. Au 31 août, les réserves budgétaires étaient tombées à 774,2 milliards HKD (101 632 981 228,87 euros). Avec l’impact du cycle de récession mondiale dans les années à venir, on s’attend à ce que le déficit fiscal du gouvernement soit maintenu pendant plusieurs années.
Pour relancer l’économie, la première étape consisterait à « dédouaner » et à reprendre les échanges entre les peuples. Il y a quelques jours, le député à l’Assemblée populaire nationale (APN) M. Tam Yiu-chung a déclaré qu’il ouvrirait les relations douanières avec le continent après la vingtième Assemblée populaire nationale, et les net-citoyens ont tourné en dérision cette remarque.
En outre, selon certaines rumeurs, le gouvernement de la région administrative spéciale (RAS) est désireux de délier sa politique de lutte contre les épidémies et d’ouvrir les tarifs douaniers avec les pays étrangers face aux difficultés économiques, transformant la grande politique nationale de Xi Jinping de « zéro Covid » en la « coexistence avec le virus » capitaliste occidentale. En d’autres termes, il y a toujours des personnes qui savent mieux lire dans les pensées du secrétaire général que le chef de l’exécutif Lee, pour défendre la politique du « zéro Covid ».
La réalité est qu’en voulant faire un « magnifique nouveau Hong Kong », la Perle de l’Orient a perdu son lustre et les Hongkongais de cœur quittent cette île, autrefois considérée comme un Eldorado par beaucoup. (Image : Andrea G. / Pixabay)
Les membres des « patriotes et des amoureux de Hong Kong » pourraient soutenir également le gouvernement de la RAS dans sa demande de maintien de la « politique zéro Covid » jusqu’à la fin. Mais aussi, pourquoi pas, dans le maintien de la mise en œuvre du mécanisme de coupure des vols, afin d’effrayer ces « forces étrangères » qui s’immiscent violemment dans les affaires intérieures de Hong Kong et de la Chine, et leur montrer la suprématie du gouvernement de la RAS soutenu par une mère-patrie forte !
Quant à la succession d’événements provoqués par la « politique zéro Covid » : les prix de l’immobilier vont continuer à chuter, les cours des actions vont continuer à chuter, et la fortune des fonctionnaires va également chuter : alors pourquoi ne pas les laisser chuter ! Il y a toujours un prix à payer pour le patriotisme ! Voici un encouragement spécial pour les patriotes de la soie bleue : il faut avoir du cran, s’accrocher jusqu’au bout, ne pas quitter le navire !
Cependant, la réalité est qu’en voulant faire un « magnifique nouveau Hong Kong », la Perle de l’Orient a perdu son lustre et les Hongkongais de cœur quittent cette île, autrefois considérée comme un Eldorado par beaucoup, mais qui était surtout un réel poumon économique mondial, un espace de liberté d’opinion et de liberté de conscience.
Notes
1 : « Deng Shen » décrit certaines personnes dont les prédictions et les commentaires ont tendance à aller dans la direction opposée. Par exemple, leurs prédictions sont bonnes et les résultats sont souvent mauvais.
2 : « Après Singapour, il y a des bateaux » vient de « pas de bateaux après Suzhou », ce dernier fait référence aux opportunités manquées, tandis que le premier décrit les nombreuses opportunités de Singapour.
Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire
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