La mode est aux baskets. Il y en a de toutes les couleurs et pour tous les goûts. Confortables, pratiques, elles se portent même avec une jolie robe ou un costume. Mais être bien dans ses baskets a un revers, c’est sa production. Fabriquée majoritairement en Asie et principalement en Chine, les conditions de travail et la pollution que cela engendre mérite d’y réfléchir.
L’association suisse Public Eye enquête depuis des années sur les conditions de travail et l’impact écologique qu’ont les entreprises suisses dans les pays producteurs. Quand il s’agit de vêtements ou de chaussures, les enquêtes s’appliquent aux pays européens. Voici en quelques lignes son rapport sur la fabrication de baskets que l’on retrouve dans nos magasins.
87 % des baskets sont fabriquées en Asie, principalement en Chine. Les salaires sont inférieurs au minimum vital, les heures supplémentaires ne sont pas payées et dépassent régulièrement le supportable. Ces journées sans fin sont accompagnées d’insultes, de menaces, d’humiliations. Il est à noter l’absence de mesures de sécurité. Ces conditions sont imposées.
Les sous-traitants échappant à tout contrôle, les conditions de travail dans ces entreprises sont encore plus mauvaises. Par exemple, le travail à domicile est rémunéré à la pièce, souvent bien en dessous du salaire minimum légal. Les ouvriers et ouvrières acceptent ses conditions car ils n’ont pas d’autre choix pour subvenir aux besoins de leur famille et doivent souvent rembourser des dettes contractées lors d’une hospitalisation ou d’autres extras.
Ces conditions ne s’arrêtent pas aux portes de l’Europe. Selon l’enquête menée en 2016, les ouvrières des pays de l’Est travaillent dans les mêmes conditions qu’en Chine et sont payées moins que leurs homologues chinoises. Le gouvernement albanais estime qu’une famille de quatre personnes a besoin de cinq fois le salaire touché, qui était de 150 euros par mois. Les contrats sont parfois inexistants.
Public Eye décrit aussi les conditions de travail dans les tanneries, notamment en Italie. « Le travail dans les tanneries est également dangereux pour la santé. Le poids des peaux occasionnant régulièrement des lésions articulaires et le contact avec des substances chimiques toxiques occasionne allergies et tumeurs. L’un des pires risques sanitaires est lié à l’utilisation de chrome. Aujourd’hui, 80 % du cuir est tanné avec des sels de chrome III. Le problème est que le tannage entraîne la formation indésirable de composés de chrome VI, qui sont cancérigènes et allergènes, et donc néfastes au personnel et à l’environnement, mais aussi à la personne qui portera finalement les chaussures. » Heureusement, les tanneries à base de végétaux existent.
Comment prendre le contre-pied pour rester bien dans ses baskets
Le premier réflexe devrait être d’en prendre soin, de les porter longtemps et de les faire réparer. Certaines marques proposent la réparation et le recyclage de leurs chaussures. L’autre approche est de privilégier les entreprises qui se montrent responsables. L’émission télévisée suisse, Toutes Taxes Comprises (TTC), a visité des entreprises au Portugal.
Le premier avantage est la proximité, soit moins de CO₂ et la traçabilité des produits. Dans les entreprises visitées, il est possible d’adhérer à des syndicats. Le salaire légal au Portugal était de 820 euros. Il a dû augmenter depuis. Le prix de revient d’une basket coûte le double de celle produite en Chine mais la qualité et l’innovation sont au rendez-vous. La chaussure fait travailler environ 40 000 personnes dans près de 1 500 entreprises. Ces dernières financent un centre technologique de recherche.
Dans ce centre, cinquante personnes travaillent sur la résistance des matériaux ainsi que sur la recherche de nouvelles techniques ne contenant pas de produits chimiques ainsi que sur des modèles recyclés et recyclables. Par exemple, des semelles totalement végétales, des semelles intérieures biologiques en liège ou en déchets de bois.
Le Portugal produit des chaussures depuis longtemps et grâce à son savoir faire, sa main d’œuvre de qualité, sa proximité, son temps de réaction rapide et sa fabrication à petite échelle, ces entreprises ont attiré des marques de luxe mais aussi des marques soucieuses des conditions de travail et de l’écologie puisque la demande des consommateurs est là. C’est un consensus pour être bien dans ses baskets tout en étant respectueux des autres et de la planète.
Voici quelques marques écoresponsables
Benjie est une marque de chaussures pour enfant suisse. Elle utilise du coton recyclé, de la laine de qualité, du cuir tanné en Italie, en Espagne et au Portugal et fabriquées au Portugal, elles sont certifiées Leather Working Group, Global Recycling Standard, Papier FSC, OEKO-TEX Standard 100, ce qui garantit un produit de qualité non toxique.
Toujours pour les enfants, mais cette fois pour les premiers pas, Lazare fait fabriquer ses chaussons premiers pas en cuir tanné au Portugal et en Allemagne avec des tanins végétaux et fabriqués au Portugal.
Bobbies Baskets font fabriquer leur basket à la main au Portugal. Le cuir provient d’Italie et d’Espagne, les semelles sont en caoutchouc ou en cuir, assemblées dans une construction Strobel (cousu et non collé). Livré dans une boîte en carton.
Zèta baskets fabrique ses baskets au Portugal avec des déchets végétaux comme les restes de maïs ainsi que du polyester recyclé (50/50). Les autres matériaux comme le coton, la mousse des semelles sont des produits recyclés.
Sessile est une marque française dans le Maine-et-Loire (49). Ã savoir que Sessile est une variété de chêne, un arbre qui a la particularité de repousser sur la terre brûlée et dont le fruit est directement attaché à une branche, sans tige. La marque fait le rapprochement avec elle car elle n’a pas d’intermédiaire avec le client. L’écorce du chêne est utilisée pour tanner le cuir. La marque est made in France, et ses baskets sont réparables et recyclables. Le cuir a été tanné avec des produits végétaux. La laine est recyclée, les matières végétales sont à base de déchets de maïs, les lacets en coton ou coton bio, la mousse est recyclée pour la semelle intérieure, elle utilise jusqu’à 70% de caoutchouc recyclé.
Les baskets IKO & NOTT sont en cuir issu d’un tannage végétal. Le coton est bio, les semelles en EVA, 100% recyclable, pour un confort maximum, elles sont fabriquées au Portugal, dans la région de Porto. Elles sont recyclées et recyclables.
Kost n'utilise que des cuirs de provenance européenne, principalement de France, d’Italie et du Portugal par des tanneries européennes dont les règles sont les plus stricts. Les textiles naturels sont issus de l’agriculture biologique, des toiles synthétiques issues du recyclage.
Toutes ces marques utilisent des emballages en cartons recyclés et pour la majorité, ils contiennent également une pochette pour ranger les baskets.
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