Le 10 décembre 2023, les États membres de l’Office des Nations Unies (ONU), auront à cœur de célébrer la Journée internationale des droits de l’homme qui fêtera en l’occurrence son 75ème anniversaire. Cet article donnera l’occasion de replacer cette journée dans son contexte historique.
Pourquoi célébrer la Journée internationale des droits de l’homme
Cette célébration fait suite à la Déclaration universelle des droits de l’homme qui fut adoptée le 10 décembre 1948 au Palais Chaillot à Paris. Il s’agit d’un traité de 30 articles où les signataires reconnaissent que « Tous les hommes naissent égaux en dignité et en droits. Sans distinction de race, de couleur, de sexe ou de toute autre situation .» Le texte le plus traduit au monde décrit les droits fondamentaux de la personne humaine tels que le droit à la liberté d’expression, le droit d’asile, le droit à l’éducation, le droit au logement pour ne citer que ceux-là.
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale et après les procès de Nuremberg qui ont dévoilé les atrocités du deuxième conflit international du siècle, les dirigeants ont cru nécessaire de statuer sur un texte garantissant une paix durable. Sur 56 membres, 8 se sont abstenus dont l’Afrique du Sud, l’Arabie Saoudite, et l’Union Soviétique jugeant le texte trop « libéral ». Depuis le 10 décembre 1948, les citoyens du monde sont invités à célébrer la Journée internationale des droits de l’homme chaque année.
Les principaux artisans de la Déclaration universelle
Dès 1947 s’est constitué un comité de rédaction présidé par la veuve du président Roosevelt, Eleanor Roosevelt, Première dame des États-Unis entre 1933 et 1945. Elle a joué un rôle prépondérant dans la rédaction de la Déclaration universelle en tant que première présidente de la Commission des droits de l’homme. Le président Truman qui la surnommait « Première dame du Monde » l’invita à siéger à l’Assemblée générale des Nations Unies. Reconnue pour son humanisme et sa générosité, elle est considérée comme l’une des personnalités les plus populaires de son époque.
Le juriste français René Cassin, en tant que vice-président aux côtés d’Eleanor Roosevelt, a été l’un des rédacteurs majeurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. C’est lui qui aurait insisté pour que la Déclaration des droits de l’homme soit qualifiée d’« universelle » plutôt qu’« internationale », afin qu’elle soit au-dessus des nations. D’origine juive, sa connaissance personnelle de l’Holocauste a facilité l’élaboration du document. Lauréat du prix Nobel de la Paix obtenu en 1968, René Cassin repose au Panthéon depuis 1987.
La troisième figure marquante de la Déclaration universelle est John Peters Humphrey, avocat international canadien. C’est à lui que revint la tâche de rédiger la version préliminaire de la Déclaration. Sa parfaite maîtrise des deux langues, le français et l’anglais, et sa grande connaissance des réalités socio-culturelles anglo-saxonnes et françaises le prédisposaient à cette responsabilité. De 1946 à 1966 il a dirigé la division des droits de l’homme de l’ONU. Il fut en outre le fondateur de l’organisation Amnesty International basée au Canada.
La Déclaration universelle des droits de l’homme : limites et violations
La Déclaration universelle correspond à un idéal mais elle n’a aucune valeur juridique. Il est bon de le rappeler. La question est la suivante : célébrer la Journée internationale des droits de l’homme, est-ce suffisant ? À l’évidence, les droits, loin d’être respectés sont régulièrement bafoués. De nombreux pays se livrent à des violations notoires des droits de l’homme avec force tortures, exécutions et emprisonnements arbitraires. « On a promis au peuple la charte des droits de l’homme. Il faut que celle-ci devienne une réalité » disait René Cassin.
La Déclaration universelle est reconnue comme un « immense échec » par des défenseurs des droits de l’homme particulièrement acharnés. L’ONU estime que des millions d’enfants ont perdu la vie dans les conflits armés des dernières décennies. L’une des violations des droits de l’homme les plus flagrantes est la persécution sévère perpétrée à l’encontre des pratiquants de Falun Gong en Chine continentale depuis 24 ans.
Qu’est-ce que le Falun Gong ? Le Falun Gong est une pratique méditative pour le corps et l’esprit basée sur le principe universel Authenticité-Bienveillance-Tolérance. Sa popularité rapide à partir de 1992 a déplu à l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin qui y voyait une menace pour le Parti communiste chinois athée et opposé à la culture traditionnelle. Afin d’« éradiquer » le Falun Gong, ce dernier a lancé en 1999 une répression brutale marquée par les camps de « rééducation », les travaux forcés, les tortures les plus cruelles comme les prélèvements forcés d’organes à vif. Un tribunal indépendant, le China Tribunal après enquête a décrété que « le prélèvement forcé d’organes a été commis pendant des années dans toute la Chine à une échelle significative et… les pratiquants du Falun Gong ont été l’une - et probablement la principale - source d’ approvisionnement en organes. »
Faut-il réduire la question des droits de l’homme à une commémoration annuelle ponctuée de belles formules ? Célébrer la journée du 10 décembre vient nous rappeler que le respect des droits de l’homme relève bel et bien de la responsabilité de chacun.
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