Le froid a toujours été un problème pour l’être humain. Mais sa capacité à supporter des températures basses varie suivant le lieu et l’époque. Comment les hommes des cavernes supportaient-ils le froid ? On n’en sait pas grand-chose finalement. Par contre, la chaleur de nos demeures est toute récente. La récession énergétique sonne-t-elle le glas de notre confort ? Comment se chauffer alors ?
Comment se chauffer agréablement tout en étant économique ? Il y a plusieurs astuces pour cela, car la technologie actuelle permet d’optimiser nos ressources sans perdre de confort. Par contre, cela demande un changement d’habitudes. Savoir comment faisaient nos générations passées et les peuples d’autres régions va relativiser la relation au chauffage et peut être, donner des idées.
Nous n’avons jamais été aussi nombreux que maintenant. Il est clair que ces méthodes ne sont plus appropriées actuellement tel quel. Cependant, certaines pratiques décrites ci-dessous peuvent s’adapter à notre mode de vie. Le portail des artisans d’Art de Suisse-romande offre un tour d’horizon assez complet de l’histoire du chauffage depuis l’époque romaine.
Comment se chauffer dans l’antiquité ?
Les ruines des bains romains se retrouvent un peu partout. C’était un lieu important pour se laver mais aussi pour avoir des relations sociales. Comme décrit plus haut, l’eau était chauffée par le sol, ce principe s’appelle hypocauste. Ces bains sont utilisés jusqu’au VIe siècle au moins. Les demeures riches avaient le même système pour se chauffer. Les plus pauvres devaient se contenter d’un brasero portable. Les Romains utilisaient le charbon de bois ou du bois parfaitement séché en l’exposant près d’un feu ardent, ou par immersion dans l’amurque (partie aqueuse du suc de l’olive qui sort la première du pressoir, avant l’huile), ceci pour éviter au maximum les fumées, car il n’y avait pas de cheminée.
Comment se chauffer dans le Haut Moyen Âge ?
À la chute de l’empire romain, la culture change et le chauffage, l’éclairage et la cuisson étaient assurés par un feu de bois central, situé sur le sol qui était souvent en terre battue. Cela0 nécessitait une surveillance constante. Les demeures aisées avaient des cuisines avec des plans de cuisson en pierre pour cuire directement sur les braises ou pour une cuisson lente sur des briques réfractaires. Cela a deux inconvénients majeurs, le risque d’incendie et la fumée qui reste dans la maison. De plus, la chaleur ne se répartissait pas, chaud devant, froid derrière. Les braises servaient à tenir chaud la nuit. Les gens étaient vêtus chaudement dedans comme dehors. Ils dormaient dans la même chambre et parfois avec le bétail, qui procure aussi de la chaleur. La cheminée arrive vers le Xe siècle, lorsque les maisons prennent des étages. C’est une nette amélioration, car la fumée peut s’évacuer.
Comment se chauffer en Alsace ?
Les kachelofen ou poêle de masse ont trouvé leur place dans les maisons alsaciennes, suisses-allemandes, allemandes, et même russes au XIVe siècle. Ce poêle en céramique et pierres réfractaires dont les conduits passent dans un circuit qui chauffe les sièges et des petites alcôves, permet de mieux se chauffer en consommant moins de bois. Il a été utilisé jusque dans les années 1950 et réapparaît avec un style modernisé ces dernières années en Alsace. En hiver, la vie tournait autour du kachelofe. Dans les alcôves, se trouvaient des sacs de noyaux de cerise qui servaient de bouillotte la nuit ou de l’eau chaude. Souvent, le kachelofe se trouvait dans le séjour mais était alimenté de l’autre côté du mur, dans la cuisine. Il servait aussi de cuisinière.
Comment se chauffer de la Renaissance à nos jours ?
En ville, les poêles à chauffage central se répandent. Puis arrivent les poêles portatifs. Ils sont plus économiques et flexibles. Il y a des poêles en faïence, qui chauffent lentement, mais gardent la chaleur longtemps, et les poêles en fonte, qui chauffent rapidement, mais se refroidissent tout aussi vite. Par contre, les campagnes conservent l’âtre ou la cheminée jusqu’au début de XXe siècle.
La fin du XVIIIe siècle voit l’apparition de systèmes de chauffage central. Des tuyaux sortant d’un poêle central distribuaient de l’air chaud. L’avènement de la machine à vapeur, ce mode de chauffage en un système de chauffage à vapeur, introduisant l’usage du radiateur. Dès 1930, le chauffage central à eau chaude est généralisé, fournissant aussi bien le chauffage que l’eau chaude sanitaire. Pourtant, de nombreuses habitations sont dépourvues de chauffage centralisé. Avant la deuxième guerre mondiale, on estimait qu’un logement devait être chauffé entre 12 et 15 °C, mais beaucoup n’avaient pas cette chance.
C’est avec l’arrivée des chaudières au fioul ou au gaz, dans les années 1950, que le chauffage central devient plus efficace et confortable et les températures à l’intérieur des habitations grimpent facilement à 20 °C voir plus. La première crise énergétique des années 70 a renouvelé l’intérêt pour le bois comme source de chauffage. Plus récemment, le chauffage par le sol, inspiré des anciens hypocaustes romains, a commencé à supplanter les radiateurs traditionnels. L’isolation des maisons est aussi devenue un enjeu majeur des économies énergétiques.
Comment se chauffer en Corée et en Chine ?
L’ondol, un système de chauffage traditionnel coréen, qui partage des similarités avec l’hypocauste romain. Ses origines remontent à 5 000 ans avant notre ère, connaissant une évolution notable au Xe siècle. Il est caractérisé par un foyer extérieur, qui sert également de cuisinière, et dont la fumée est dirigée à travers un réseau sous le sol de la maison, via une cheminée située à l’opposé, réchauffant ainsi le sol de manière efficace. Cette méthode de chauffage par le sol, ancestrale, reste prédominante en Corée, illustrant une pratique de chauffage moderne et traditionnelle à la fois.
En Chine, le kang représente une ingénieuse fusion entre les techniques de chauffage ondol et kachelofen. Ce système, avec son foyer extérieur, canalise chaleur et fumée à travers un réseau de conduits pour répartir la chaleur générée par la combustion de bois ou de charbon. Cette configuration assure une transmission de chaleur efficace, permettant au kang de conserver sa chaleur toute une nuit, sans nécessité de recharger constamment le feu. Le kang tire son origine du huoqiang, un lit chauffé remontant au Néolithique chinois, dont l’existence est attestée par des découvertes archéologiques de sols chauffés vieux de 7 200 ans.
La salle de Yangxin, située dans le palais impérial de Pékin, était fréquemment utilisée par l’empereur. Positionnée au nord, cette pièce se caractérisait par sa froideur et son humidité marquées. Ce n’est qu’au cours des travaux de restauration que les experts, en démontant le sol, ont mis au jour un ancien système de chauffage construit en briques, révélant ainsi l’ingéniosité technique des anciens bâtisseurs chinois.
Comment se chauffer dans un igloo ?
Le corps humain a la capacité naturelle de s’adapter au froid grâce à des ajustements internes, comme l’utilisation de la graisse brune riche en mitochondries. Des études ont montré que les gens peuvent s’habituer rapidement à des températures froides, par exemple, en se baignant régulièrement dans de l’eau glacée. D’ailleurs, on raconte que les nouveau-nés esquimaux sont exposés au froid polaire dès leur plus jeune âge.
Alors que la température extérieure peut atteindre les moins 50 °C, les igloos peuvent maintenir une température allant jusqu’à 15 °C. Pour obtenir cette chaleur, l’igloo est à moitié enterré. Il est fait de briques de neige qui contient 10 % d’eau congelée et 90 % d’air, c’est un très bon isolant. De plus, il y a un long couloir qui permet de sortir ou rentrer sans déperdition de chaleur. Le combustible, eh bien, c’est la chaleur humaine.
Comment chauffer en consommant moins sans avoir froid ?
De nos jours, dans le cadre d’une autonomie énergétique, il est possible de fabriquer son poêle de masse dragon avec des matériaux de récupération. Son fonctionnement permet une combustion optimisée, un haut rendement qui restitue lentement la chaleur, mais il n’est pas adapté à tous.
La grande majorité de la population vit dans les villes. S’il y a de plus en plus d’intérêts à construire des maisons à inertie, cela coûte bien plus cher qu’une maison traditionnelle, ce n’est donc pas à la portée de toutes les bourses. Néanmoins, si l’on est propriétaire, il est intéressant de changer de fenêtres pour des doubles, voir triples vitrages. D’isoler le toit avec professionnalisme, car si ce n’est pas bien fait, il y aura des ponts thermiques qui vont annuler l’isolation et endommager la structure.
Comme cité plus haut, la capacité humaine à s’adapter au froid est impressionnante. Il est crucial d’entreprendre ces changements progressivement tout en préservant la chaleur corporelle au niveau du cou, des reins, et des pieds afin d’éviter les maladies. Par ailleurs, maintenir de bonnes habitudes telles qu’un sommeil réparateur, une hydratation adéquate, une alimentation enrichie en vitamine D, et pratiquer la respiration nasale sont autant de facteurs qui renforcent la résilience au froid.
Le projet SlowHeat propose des stratégies novatrices pour accroître le confort à domicile avec des températures intérieures réduites, en explorant l’usage de systèmes de chauffage radiants et de couvertures chauffantes, ainsi que la promotion d’activités physiques légères pour stimuler le métabolisme. Ces approches permettraient de diminuer notre dépendance au chauffage central, offrant ainsi des avantages tant sur le plan financier qu’écologique.
Mon expérience
Depuis 2021, j’ai entrepris de réduire ma consommation électrique. Vivant en milieu urbain, dans un bâtiment érigé au début du XXe siècle, et étant locataire, j’ai pris plusieurs initiatives pour diminuer l’usage d’énergie. J’ai remplacé mon chauffage électrique à convection par un modèle radiant plus efficace. Avec l’arrivée du crépuscule, je m’empresse de fermer les volets et de tirer les rideaux thermiques, tout en réduisant la température ambiante de 1 degré. Ces changements ont porté leurs fruits : ma consommation annuelle a chuté de 7 700 kilowattheures (kWh) en 2021 à 4 410 kWh en 2023.
Cette année, j’ai poussé la démarche plus loin en abaissant encore la température, maintenant un intervalle de 15 à 16 °C la nuit et de 17 à 18 °C le jour. Pour me tenir chaud, j’ai adopté l’usage d’un plaid, d’un gilet, et de mitaines devant l’ordinateur, et je privilégie les boissons chaudes, restant aussi à proximité immédiate du radiateur. Bien que les économies exactes en kWh restent à déterminer, je suis étonnamment satisfaite de ce mode de vie. Le froid se fait rarement ressentir et je n’ai contracté aucune maladie tout l’hiver. La suite promet d’être intéressante.
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