Il y a 13 ans, les médecins lui donnaient deux mois à vivre. Aujourd’hui débarrassée de son cancer, Catia Lattouf a consacré sa vie à aider d’autres survivants, humains et colibris. (Image : adversy alonso / pexels)
Il y a une dizaine d’années, Catia Lattouf de Arida, 73 ans, a commencé à offrir un sanctuaire aux colibris malades, blessés, ou orphelins, dans son appartement de Mexico. Aujourd’hui, son « hôpital pour colibris » s’est développé, illustrant sa façon d’exprimer le caractère sacré de la vie et la grandeur de ces petits oiseaux.
La réserve ornithologique de Catia Lattouf a commencé avec son premier colibri, Gucci, blessé à l’œil.
« Nous lui avons enlevé l’œil. Il n’avait plus qu’un œil, mais tout allait bien. Alors je me suis dit : " où vais-je le mettre ? " J’ai sorti mes lunettes et la boîte était étiquetée Gucci. Je l’ai donc appelé Gucci », se souvient Catia.
Une nouvelle vie
Catia raconte qu’elle a commencé à s’occuper de colibris un an après avoir survécu à un cancer du côlon en 2011, alors qu’ on ne lui donnait que deux mois à vivre. Après avoir sauvé Gucci, Catia a d’abord hésité à se montrer trop affectueuse avec lui. Mais au fil du temps, il est devenu son compagnon dans ses moments d’incertitude.
« C’était en 2012, et j’avais encore peur que le cancer ne revienne », a déclaré Catia.
Catia raconte que Gucci se perchait sur son ordinateur pendant qu’elle travaillait, et que cela l’aidait à faire face à la solitude et à la tristesse. Non seulement elle luttait contre le cancer, mais aussi contre la perte de son mari décédé en 2009. De plus, pour se consacrer à sa guérison physique et émotionnelle, elle avait été contrainte de vendre cinq boutiques de luxe.
« La renaissance. Il m’a donné une nouvelle vie ». Catia évoque les neuf mois pendant lesquels Gucci a vécu avec elle.
Depuis plus de 10 ans, Catia Lattouf de Arida consacre sa vie au sauvetage et aux soins des colibris blessés et orphelins dans son petit appartement, qu’elle a transformé en « hôpital » pour colibris. (Image : Catia Lattouf de Arida)
Un sanctuaire pour les colibris
Après l’arrivée de Gucci, des voisins et des amis ont commencé à lui apporter d’autres colibris. Elle a alors cherché à s’informer sur les moyens de mieux s’occuper des colibris, qui ne pèsent que 4 à 6 grammes. La plupart des oiseaux qui lui sont apportés sont en mauvaise santé. Catia, et son assistante Cecilia, se mettent au travail dès leur arrivée, elles les examinent, les soignent et les réhabilitent jusqu’à ce qu’ils puissent à nouveau voler.
« La plupart de ceux que je récupère sont des bébés. Beaucoup arrivent en piteux état », dit-elle. Certains se sont blessés en heurtant des objets ou en tombant de leur nid. D’autres ont contracté des infections après avoir bu de l’eau contaminée provenant de mangeoires pour oiseaux, très répandues dans la ville. Quoi qu’il en soit, la « nounou des colibris » ne refuse jamais un oiseau.
La plupart des colibris dorment dans la même pièce que Catia. Elle reste avec eux jusqu’à ce qu’ils puissent voler et se nourrir seuls, après cela, elle les transfère dans une autre pièce de sa maison. Lorsqu’ils sont suffisamment forts pour être libérés, ils sont relâchés dans une zone boisée de la campagne de Mexico.
L’importance des colibris pour l’écosystème
Selon Maria del Coro Arizmendi, ornithologue à l’université nationale autonome du Mexique, il existe 22 espèces de colibris dans la ville de Mexico et 57 dans l’ensemble du pays. Parmi elles, les colibris beryllins et les colibris à large bec sont les plus communs.
Les colibris pollinisent différentes plantes en Amérique et jouent un rôle essentiel dans le réseau alimentaire. Selon Pollinator Partnership, une agence de conservation, la plupart des plantes américaines ont évolué de manière unique pour dépendre de ces oiseaux.
L’importance spirituelle des colibris dans la culture maya
Catia explique qu’en plus de leur importance écologique, les colibris sont étroitement liés aux croyances spirituelles des Mayas. Selon les anciennes croyances, les oiseaux qui se déplacent de fleur en fleur représentent la résurrection des âmes défuntes. La visite d’un colibri signifie que l’âme d’un être cher a enfin trouvé la paix.
« Les légendes sur le colibri sont très belles », dit-elle. « Il a toujours été un oiseau sacré pour les Mayas. Leurs dieux l’ont sculpté dans une flèche de jade, dit la légende, et lorsqu’ils ont vu les gens essayer de les piéger, ils sont descendus et ont dit : " quiconque met un colibri en cage sera maudit pour le reste de sa vie " »
Selon Maria del Coro Arizmendi, ornithologue à l’université nationale autonome du Mexique, il existe 22 espèces de colibris à Mexico et 57 espèces dans l’ensemble du pays. (Image : Skyler Ewing / pexels)
Catia Lattouf est reconnue dans le monde entier
Âgée de 73 ans, cette « nounou des colibris » a réhabilité et relâché des centaines d’oiseaux depuis plus de 10 ans. Lorsque des gens lui apportent un oiseau, elle les tient informés des progrès de la réhabilitation. Elle les invite même à assister à la libération de ceux qui se rétablissent suffisamment bien, et c’est ainsi qu’elle est devenue une célébrité parmi les amateurs et les professionnels des oiseaux sur TikTok.
En avril, quelqu’un a publié une vidéo de son « hôpital pour colibris » après avoir remarqué l’attention et le dévouement que Catia portait à ses « patients ». La vidéo a été visionnée plus de 1,5 million de fois, depuis, les demandes de services ont augmenté. Elle s’occupe aujourd’hui d’une soixantaine de colibris.
Catia est contre le fait de garder les colibris en captivité dans des cages, c’est pourquoi elle consacre également son temps à la formation de gardiens et de sauveteurs d’oiseaux au Mexique et dans toute l’Amérique.
« J’entraîne même des gens au Pérou, au Guatemala, en Argentine, dans l’État mexicain du Chiapas et dans la ville de Monterrey. Ils me disent : j’ai trouvé un colibri, que dois-je faire ? Je prends donc les questions, les vidéos et les messages WhatsApp. Je leur demande des détails sur l’oiseau et je leur explique… comment s’en occuper… Je fais de l’accompagnement et beaucoup d’entre eux survivent », a-t-elle confié.
Efforts de conservation
Les colibris font partie des principaux pollinisateurs, mais ils sont menacés d’extinction par les gravelots et l’homme. Catia pense cependant qu’ils peuvent se rétablir si les gens prennent soin de leur environnement. Elle recommande également d’entretenir correctement les mangeoires à colibris, de planter leurs fleurs préférées et de préparer du nectar maison pour les oiseaux (un volume de sucre pour quatre volumes d’eau).
« Rien n’est garanti », conclut-elle. « Je crois que Dieu donne la vie et la reprend, mais nous faisons tout notre possible. »
