La fête des mères signifie pour une grande partie du monde, des fleurs, des cartes et des cadeaux pour remercier celles qui nous ont élevés. Mais connaissez-vous l’origine de cette fête.
Célébrer les mères dans le monde entier
L’idée de reconnaître et d’honorer les mères remonterait à l’Antiquité. Les Égyptiens vénéraient Isis, une divinité maternelle, tandis que les Grecs et les Romains honoraient respectivement Cybèle et Rhéa, toutes deux faisant référence à la même ancêtre féminine de l’humanité.
Historiquement, la Chine a toujours mis l’accent sur la piété filiale, et de nombreuses légendes chinoises mettent en scène des mères remarquables. Mencius (372-289 av. J.-C.), par exemple, un grand philosophe chinois qui n’était devancé que par Confucius, a eu la chance d’avoir une mère qui a déménagé trois fois pour offrir à son fils la meilleure éducation et les meilleures circonstances.
Les mères en Chine sont plus souvent honorées avec le lis tigré, Lilium lancifolium. Cette fleur est censée égayer et soulager les soucis. Ainsi, la tradition veut que l’on plante des lis tigrés avant de quitter la maison, afin d’apaiser l’anxiété de la mère.
Le Pérou, comme une grande partie de l’Amérique latine, accorde une grande importance à honorer les morts. La fête des mères, célébrée le deuxième dimanche de mai, voit des milliers de personnes se rassembler dans les cimetières pour célébrer les mères décédées.
Au Royaume-Uni, la fête des mères remonte à l’époque médiévale. Elle se déroule pendant la période du carême. Lorsque les enfants pauvres et travailleurs étaient autorisés à rendre visite à leur famille, ils cueillaient des fleurs sauvages sur le chemin du retour et offraient à leurs mères des gâteaux spéciaux appelés « mothering cakes ».
La Fête des mères en France
En France, il faudra attendre le XIXe siècle. Napoléon lancera l’idée d’une fête printanière pour célébrer les « mamans ». Mais cette idée prendra corps au début du XXe siècle, avec pour idée de fond, de mettre en avant les valeurs familiales et relancer la natalité. En 1906 les mères seront à l’honneur en Isère et une Journée des mères sera fêtée à Lyon en 1918, pour rendre hommage aux mères et épouses qui ont perdu leurs fils et époux au cours de la Première guerre mondiale.
En 1920, il sera permis aux communes de rendre librement hommage aux pères et aux mères des familles nombreuses. Avec l’après-guerre, l’objectif est de relancer la natalité en France. Mais, c’est en 1926 que le gouvernement d’Aristide Briand rendra officielle la Fête des Mères. Des médailles de « la Famille Française » seront remises aux mères des familles en hommage à leur investissement pour le repeuplement de la Nation.
Le régime de Vichy sous la houlette du Maréchal Pétain mettra en avant la maternité des mères françaises avec la « Journée nationale des mères », dès le 25 mai 194. Dans Vérités sur l’action du Maréchal Pétain, Henry D’humières retrace ainsi les paroles du Maréchal prononcées à la radio en 1942 : « Vous seules, savez donner à tous ce goût du travail, ce sens de la discipline, de la modestie, du respect qui font les hommes sains et les peuples forts. Vous êtes les inspiratrices de notre civilisation chrétienne »
Toujours dans cet esprit nataliste d’après-guerre sous la présidence de Vincent Auriol (1884 - 1966), la loi du 24 mai 1950 instituera la fête des Mères en ces termes dans son article 1 : « la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d’une journée consacrée à la célébration de la fête des Mères, organisée par le ministre chargé de la Santé, avec le concours de l’UNAF. » Dans l’article 2, il est précisé : « Elle en fixe la date au dernier dimanche de mai (sauf si cette date coïncide avec celle de la Pentecôte, auquel cas elle est repoussée au premier dimanche de juin) ». L’article 3 : « prévoit l’inscription des crédits nécessaires sur le budget du ministère ».
Ainsi traditionnellement la fête des Mères se situe le dernier dimanche du mois de mai en France, à l’exception des années ou ce dimanche coïnciderait avec celui de la Pentecôte.
Aux Etats-Unis, la fête des mères a apporté une gloire éphémère à sa fondatrice
La graine de cette tradition a été semée par Ann Reeves Jarvis, une mère qui a soigné les soldats blessés des deux camps pendant la guerre civile (1861-1865). Après la guerre, elle a travaillé à la création d’une « Journée de l’amitié des mères », qui réunirait les soldats et les mères des deux camps dans un but de réconciliation. Son espoir d’en faire une fête annuelle dans un esprit de paix ne s’est pas concrétisé au moment de sa mort en 1905, mais la graine avait germé et s’était développée pour porter ses fruits avec sa fille, Anna Jarvis.
Poursuivant l’héritage de sa mère, Anna Jarvis a travaillé avec d’autres mères pour consacrer une fête à l’honneur des mères. Le mémorial public qu’elle a organisé en 1908 en Virginie occidentale en l’honneur de sa mère a permis de mieux faire connaître et reconnaître ce jour férié, qui a commencé à être plus largement célébré dans tous les États. Le président Woodrow Wilson a officiellement désigné le deuxième dimanche de mai comme fête des mères, le vendredi 8 mai 1914, juste à temps pour que la première fête des mères ait lieu le 10 mai.
Anna Jarvis a recommandé l’œillet blanc comme emblème floral de reconnaissance pour les mères. « Sa blancheur doit symboliser la vérité, la pureté et la large-charité de l’amour maternel ; son parfum, son souvenir et ses prières. L’œillet ne laisse pas tomber ses pétales, mais les serre contre son cœur en mourant, et ainsi, les mères serrent leurs enfants contre leur cœur, leur amour maternel ne mourant jamais ».
Cependant, Anna Jarvis s’est sentie offensée par l’exploitation commerciale de sa fête. Car pour elle, cette fête devait permettre aux individus de célébrer leur relation personnelle avec leur mère. La commercialisation par les fleuristes, les fabricants de cartes et de bonbons allait à l’encontre de cet objectif. Elle était si indignée qu’elle a même demandé l’abandon de cette fête.
Selon son propre commentaire : « une carte imprimée ne signifie rien, si ce n’est que vous êtes trop paresseux pour écrire à la femme qui a fait plus pour vous que quiconque au monde. Et les bonbons ! Vous apportez une boîte à votre mère et vous en mangez la majeure partie vous-même. Un joli sentiment ». Elle passa ses dernières années à poursuivre les entreprises offensives et mourut dans un sanatorium.
En France, ce dimanche 27 mai, la fête des mères va permettre un temps de retrouvailles en famille, parfois au restaurant, souvent à la maison. Cette fête ne repose plus sur une logique de réconciliation ou de relance de la maternité, comme voulu après les deux guerres mondiales. C’est surtout une fête qui relance le commerce avec en tête les fleuristes, selon un sondage réalisé par Yougouv. Pour autant, la fleur de lis, qui symbolise la Vierge Marie, protectrice des Rois, reste la préférée de nombreuses familles françaises.
Rédacteur Charlotte Clémence
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