L’hygiène, discipline permettant de préserver la santé de façon optimale, poursuit son évolution selon les époques, les cultures et les peuples et déroule le fil de l’histoire tel un miroir de la société.
Les origines : antiquité grecque et romaine
Dans la Grèce antique, l’hygiène, symbole de santé, était ritualisée sous forme de libations effectuées lors des bains publics aux vertus purificatrices. Le mot hygiène est dérivé de Hygie, nom de la déesse de la santé et de la propreté dans la tradition grecque. Le médecin Hippocrate préconisait l’usage de l’hygiène à des fins curatives et préventives. Établissements de la Rome antique et de son empire, les thermes ont profondément marqué la culture romaine. « Les bains prennent une grande importance dans la vie publique et privée des Romains. A partir du Ier siècle après notre ère, on édifie ces véritables monuments publics que sont les thermes » écrit Lydie Devulder, de l’Université Claude Bernard de Lyon I dans son rapport de recherche intitulé : « Les usages de l’eau au cours de l’histoire » (année 1999-2000).
L’ère de la toilette sèche
Au Moyen Âge, les bains publics jugés suspects et peu recommandables sont finalement interdits par l’église catholique qui retient seulement les ablutions pour leur valeur symbolique liée au baptême. L’Europe, depuis les temps anciens, croyait que les maladies se propageaient à cause de l’eau contaminée, l’air vicié, ou « mauvais air ». Il s’agit de la théorie des miasmes. À la Renaissance, l’eau, complètement bannie et vilipendée, est remplacée par la toilette sèche. Celle-ci s’opère par friction à l’aide d’un linge propre. L’eau et le savon s’utilisent uniquement pour le lavage des mains et du visage. L’hygiène et la propreté dépendent alors de la blancheur des vêtements et de l’abondance de parfums utilisés. « La propreté de notre linge et l’abondance que nous en avons valent mieux que tous les bains du monde » expliquait l’écrivain Charles Perrault à l’époque de Louis XIV.(1)
Au XVIIe siècle la toilette sèche perdure mais au XVIIIe siècle l’usage de l’eau réapparaît. Les demeures les plus riches sont équipées de cabinets de toilettes tandis que se développe des idées favorables à l’hygiène corporelle, en particulier au sein de la bourgeoisie.
Du XIXe siècle à nos jours : l’hygiène, enjeu de santé publique
Le XIXe siècle marque un tournant dans l’évolution de l’hygiène. Louis Pasteur, pionnier de la microbiologie, démontre l’existence de micro-organismes responsables de la propagation des maladies. Ses recherches viennent détrôner la théorie des miasmes et donnent naissance à l’hygiénisme, branche de la médecine axée sur le contrôle des mesures d’hygiène. Les médecins de l’époque encouragent l’usage de l’eau et du savon pour la toilette quotidienne. Dans le même temps se développe l’enseignement de l’hygiène corporelle au sein des écoles et des familles.
Au XXe siècle, avec le développement des travaux d’assainissement, l’hygiène se démocratise. D’après les résultats d’une enquête de l’Institut national de statistique et des études économiques (INSEE) datant de 1997, « le confort sanitaire des logements s’est notablement amélioré depuis 1997, date de la dernière enquête logement. La plupart des logements (95 %) disposent aujourd’hui des trois éléments indispensables que sont un point d’eau courante, des toilettes intérieures et une salle d’eau ».
L’hygiène s’inscrit dans le cadre de la santé publique, d’où la création en France d’organismes tels que la Société française d’hygiène de médecine sociale et de génie sanitaire fondée en 1966, rebaptisée en 1992 « Société Française de Santé Publique ». Sur le plan mondial a été créé en 1948 l’Office mondial de la Santé (OMS) qui succède à une autre organisation mondiale de la santé, l’Office International d’Hygiène Publique (OIHP).
Hygiène de vie pour le corps et l’esprit
L’OMS a pour mission de promouvoir la santé pour tous, santé qu’elle définit comme un « état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Composante essentielle de la santé, l’hygiène devenue accessible au plus grand nombre s’est considérablement diversifiée. Les pouvoirs publics mettent en lumière les bienfaits de l’hygiène corporelle, l’hygiène alimentaire, l’hygiène bucco-dentaire, etc. L’hygiène de vie correspond au choix d’un style de vie positif évitant les comportements à risque. La plateforme FILGOOD qui soutient et favorise la santé des professionnels de l’éducation propose quelques règles d’hygiène de vie basées sur l’alimentation équilibrée, le sommeil de qualité, l’activité physique régulière.
Une étude menée sur 14 ans par le Professeur Kay-Tee Khaw à l’Université de Cambridge (1993-2007) conclut qu’un mode de vie sain peut influer sur l’espérance de vie. Les individus qui s’étaient abstenus d’alcool et de tabac, qui avaient pratiqué une marche de 30 minutes par jour et avaient consommé régulièrement des fruits et légumes avaient obtenu une meilleure espérance de vie. Ils avaient vécu 14 années de plus que le groupe de personnes ayant suivi 4 facteurs à risque.
L’hygiène de vie englobe toutes les autres formes d’hygiène. C’est une hygiène pour le corps et l’esprit. « On ne doit pas soigner le corps séparé de l’âme, et pour que l’esprit et le corps retrouvent la santé, il faut commencer par soigner l’âme » dit un proverbe chinois. Selon les experts, une bonne hygiène de vie repose sur des pensées positives et bienveillantes. Celles-ci ont l’avantage de favoriser la santé.
L’hygiène, miroir de la société, reste l’alliée de l’homme moderne soucieux de son bien-être physique et mental.
(1) C. Perrault, « Querelle des anciens et des modernes en ce qui regarde les arts et les sciences », Paris, 1688, p.80
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