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Société. Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle

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Le 31 décembre 2019, la vie de Khedy a basculé. Ce jour-là, sa fille est morte, seule, dans sa chambre, après avoir pratiqué le « jeu du foulard ». Derrière ce nom anodin se cache une pratique extrêmement dangereuse, qui consiste à provoquer une perte de conscience en se privant d’oxygène. Bouleversée, Khedy a fondé l'association Kahina.com pour sensibiliser le grand public aux risques méconnus de ces soi-disant « jeux ».

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Kahina était une adolescente pleine de vie, bonne élève, passionnée de karaté, généreuse et sans histoire.
(Image : avec l’aimable autorisation de Khedy)

Une association née d’un drame

L’association Kahina.com, du nom de sa fille disparue, a pour mission d’alerter les enfants, les adolescents, les parents et les enseignants sur les dangers de certaines pratiques que les jeunes considèrent à tort comme des jeux inoffensifs. « Ce ne sont pas des jeux, ce sont des pratiques mortelles », insiste Khedy. « On en meurt. Ma fille est morte seule, sans savoir qu’elle jouait avec sa vie. » Khedy souhaite toucher le plus de personnes possibles et, pour cela, elle souhaite créer une soirée annuelle télévisée sur ce sujet.

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Le « jeu du foulard » semble anodin et pourtant, on peut en mourir. (Image : Catherine Keller/ChatGPT)

Des pratiques classées en trois grandes catégories

Khedy explique que ces jeux dangereux se divisent en trois types

1. Les jeux de non-oxygénation

Ce sont les plus fréquents. Ils consistent à se couper volontairement de l’oxygène, en retenant sa respiration ou en comprimant les vaisseaux sanguins au niveau du cou, souvent à l’aide de cordons, de ceintures ou même avec les mains. Le but recherché est une sensation d’euphorie, suivie d’un évanouissement léger. Mais les conséquences peuvent être dramatiques : arrêt cardiaque, lésions cérébrales, voire décès.

Ces jeux ont plusieurs noms, dont voici les plus connus : le jeu du foulard, le jeu de la tomate, le black-out challenge ou encore le rêve indien. Ces pratiques circulent parfois entre élèves dans la cour de récréation, mais aussi sur les réseaux sociaux, notamment TikTok.

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Les enfants agresseurs trouvent drôle les réactions de leurs victimes. Pourtant, les conséquences sont douloureuses, voire dramatiques.
(Image : stokasso/Envato)

2. Les jeux d’agression

Dans cette catégorie, l’enfant subit une violence physique ou psychologique, souvent avec son consentement apparent. On y trouve le jeu du crâne fracassé (également connu sous le nom de balayette), le jeu de la virgule (coups portés à la nuque), ou encore le jeu de l’olive (attouchements dans les vestiaires). D'autres jeux comme le « camion des pompiers » ou le « pont massacreur » s’apparentent à des agressions déguisées en défis.

Ces jeux sont pratiqués pour « s’amuser », mais peuvent entraîner des traumatismes physiques graves, des hospitalisations, voire des séquelles à long terme.

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Le défi permet de se dépasser, mais lorsqu’il met sa vie en danger, il faut avoir le courage de refuser. (Image : Wavebreakmedia /Envato)

3. Les jeux de défis

Souvent nés sur internet, ces défis poussent les jeunes à effectuer des actions de plus en plus extrêmes. Le jeu de la baleine bleue, par exemple, impose une série de 50 défis, le dernier étant un appel au suicide. Les premiers défis peuvent sembler inoffensifs (aller à l’école pieds nus, insulter quelqu’un), mais ils deviennent rapidement dangereux et des menaces graves sont portées contre ceux qui ne veulent plus aller jusqu’au bout.

Le Benadryl Challenge, lui, consiste à avaler des doses massives d’antihistaminiques pour provoquer des hallucinations. Le défi du paracétamol pousse les jeunes à avaler plusieurs boîtes de médicaments, mettant leur foie en danger. Ces joueurs finissent à l’hôpital et certains décèdent ou ont des séquelles à vie. D’autres défis impliquent de traverser des routes à grande vitesse ou de se jeter en l’air sur commande.

Une banalisation dramatique

Les jeunes n’ont pas conscience des risques qu’ils prennent. Ils cherchent à impressionner, à se dépasser, à prouver leur courage. Mais ils ignorent que certaines de ces pratiques peuvent entraîner la mort. « Un enfant sur deux qui joue au jeu du foulard ne sait pas qu’il peut en mourir », alerte Khedy.

Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la diffusion de ces pratiques. Pourtant, beaucoup d’enfants découvrent ces jeux par imitation, en voyant un camarade, un grand frère ou une vidéo virale.

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Il n'est pas toujours évident de repérer les signes qui indiquent qu'un enfant joue au jeu du foulard. (Image : media_photos/Envato)

Des signes souvent invisibles

Repérer un enfant qui s’adonne à ces jeux est difficile. Certains indices peuvent alerter : des maux de tête fréquents, une baisse de concentration, des marques au cou (ressemblant à des suçons), des yeux rouges ou des troubles du comportement. Malheureusement, ces signes passent souvent inaperçus ou sont mal interprétés par les parents et les enseignants.

Khedy confie : « En octobre, j’ai vu une marque sur le cou de ma fille. J’ai cru à un suçon fait par un garçon. Je ne pouvais pas imaginer que c’était une trace laissée par le jeu du foulard. »

Informer pour prévenir

En France, les campagnes de sensibilisation existent, mais restent insuffisantes. En Suisse, elles sont encore plus rares. Pourtant, le phénomène est mondial : Europe, Amérique du Nord, Afrique, Amérique latine… Aucune région n’est épargnée.

L'association Kahina.com milite pour une prévention systématique dans les écoles, à l’image des campagnes contre la drogue, l’alcool ou le harcèlement. « Informer ne veut pas dire inciter. Parler d’un danger, c’est donner à l’enfant les moyens de le reconnaître et de s’en protéger. »

Jeu du foulard danger : l’association Kahina alerte sur une pratique mortelle
Prévenir pour éviter des drames, c'est une urgence au vu de la montée de la violence dans les écoles. (Image: jm_video/Envato)

Une mobilisation urgente

Chaque mois, un enfant meurt en France à cause d’un jeu dangereux. Aux États-Unis, on parle de plusieurs décès par jour. Khedy appelle à une prise de conscience collective : enseignants, parents, professionnels de santé, tous ont un rôle à jouer.

« Tant qu’on n’en parle pas, tant qu’on ne sensibilise pas, d’autres enfants mourront. Le mot "jeu" ne doit pas masquer la réalité : ce sont des pratiques potentiellement mortelles. » explique Khedy.


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