La vie est précieuse pour chacun d’entre nous et a pris depuis la deuxième guerre mondiale une importance accrue. L’idée d’attribuer une valeur à une vie n’est pas un concept prédominant dans tous les pays du monde. Si certains Etats maximisent le bien-être de leur population pour préserver la vie, d’autres donnent la primeur au système, en rejetant toute forme d’individualisme.
L’arrivée de la pandémie liée au coronavirus, touche lourdement tous les Etats du monde par une récession sans précédent. Les différentes mesures de confinement, les couvre-feu, les fermetures d’entreprises, accroissent le déséquilibre économique de chaque pays. Cette situation alarmante a suscité de nombreuses réflexions sur la question de savoir si l’on devait d’abord sauver des vies ou sauver l’économie. Un dilemme qui se pose avec acuité, malgré la position ferme des pays européens de donner la priorité à la vie de l’homme.
Pourquoi sauver une vie ?
Conformément à la Constitution et au droit des assurances, les États européens mettent en avant une politique de protection des citoyens pour lutter contre le tabagisme, les accidents de la route, la maladie, mais aussi la pauvreté et l’exclusion. Les compagnies d’assurances prennent en charge toutes formes de risques pour garantir le mieux-être de l’homme et limiter les dommages.
Au Royaume-Uni cette question est analysée et étudiée avec minutie par le concept de QALY (Quality-adjusted life year ou année de vie pondérée par la qualité). Il s’agit d’un indicateur économique visant à estimer la valeur d’une vie. Le QALY peut être utilisé en médecine pour déterminer la valeur pécuniaire d’une intervention ou d’un traitement. Au regard de cette notion, les anglais ont posé la question de savoir combien un contribuable était prêt à dépenser pour qu’un malade inconnu vive en bonne santé une année de plus. La réponse a varié d’un pays à l’autre, mais la moyenne s’est située dans les pays riches de 24 000 à 60 000 €. Au Royaume Uni la fourchette est de 20 000 à 30 000 livres sterling, 47 000 € en Suède, 80 000 € au Pays Bas. Ces analyses mettent en avant la notion de solidarité.
Conformément au rapport de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économique) de 2012, il est indiqué que la valeur d’une vie en France et en Europe se situerait autour de 3 millions d’euros. (Image : Helena Jankovičová Kováčová / Pixabay)
Conformément au rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) de 2012, il est indiqué que la valeur d’une vie en France et en Europe se situerait autour de 3 millions d’euros. Ce coût est pris en compte dans la sécurité routière, en matière de santé et dans les administrations. En fixant le prix d’une vie, on peut estimer l’attribution d’un gain par rapport à une perte qu’elle induit. Aux USA, le prix d’une vie est de 2,47 % moins élevé qu’en France, alors que le pouvoir d’achat est 18,29 % plus élevé.
Dans le cadre de la pandémie qui sévit depuis 2019, le coronavirus est un révélateur nouveau de la valeur d’une vie humaine. Il faut savoir que dans le passé, les hommes et les systèmes se sont enrichis en exploitant les hommes, au titre de l’esclavage, de la misère ouvrière, de la guerre, du racisme… Il semblait dans ce contexte que la vie humaine n’avait pas la valeur que nous lui connaissons aujourd’hui.
Le XXe siècle a été marqué par une série d’épidémies. Il y a eu l’épidémie de grippe espagnole de 1918 à 1920 qui a entraîné 100 millions de morts, puis la grippe de Hong Kong 1968-1969 qui a décimé 1 million de personnes, il y a eu des grippes saisonnières, telle que la grippe aviaire qui a causé 1,1 million de décès. Par ailleurs, le XXe siècle a connu deux guerres mondiales causant, 20 millions de morts en 1914-18 et 70 millions de morts en 1939-45. Durant ces périodes le coût de la vie humaine en perte a été considérable.
Mais en 2020, face à l’apparition d’une nouvelle pandémie liée au virus du PCC, l’économie mondiale s’arrête pour 1 mois, puis un deuxième mois, en confinant des villes et des pays pour stopper la propagation du covid-19 et sauver des vies, en particulier, celles des personnes âgées et les personnes fragiles les plus vulnérables.
En fait, la société est confrontée à une nouvelle expérience qui révèle la valeur qui est subitement donnée à la vie humaine. Apparemment la vie a une grande importance. Cela nous est confirmé par les comportements des individus et le positionnement des Etats développés. Il se pourrait même que la valeur de la vie humaine pour la société soit plus grande que celle que lui donnent les citoyens individuellement, selon l’analyse du Point Économie.
Depuis décembre 2019, la pandémie du coronavirus s’étend dans tous les pays par vagues successives et l’Europe n’est pas épargnée. Les conséquences sur la santé, l'économie et la vie quotidienne sont très lourdes. En France, la situation sanitaire est très préoccupante, mais l’Etat français reporte un possible reconfinement, pour ne pas alourdir le déficit des entreprises et répondre aux inquiétudes de la population. Malgré l’appel de la communauté médicale à prendre des mesures rapides pour limiter l’étendue des variants anglais et sud-africain, malgré la résignation de 63 % des français pour un nouveau confinement, le Gouvernement s’accorde du temps pour observer et analyser l’état sanitaire du pays avant d’opter pour des mesures drastiques.
Sauver l’économie peut-il sauver des vies ?
La Covid-19 a plongé l’économie mondiale dans une situation inédite de récession, dont les effets devront se faire sentir dans un futur proche. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)
La Covid-19 a plongé l’économie mondiale dans une situation inédite de récession, dont les effets devront se faire sentir dans un futur proche. Selon les Echos la pandémie du coronavirus va coûter 7 000 milliards de dollars du PIB à l’échelle mondiale.
Selon les prévisions de l’OCDE sur l'évolution du PIB réel dans le monde en 2020, il y aura un repli du PIB mondial de -4,5 % pour 2020.
Pour la France le recul serait de - 8,3 % selon les estimations publiées le vendredi 29 janvier par l’INSEE. Dans les autres pays le recul du PIB est aussi dramatique : au Royaume Uni - 20,4 %, en Espagne -18,5 %, - 5 % en Allemagne, - 13 % en Italie, -9,5 % aux USA en décembre 2020. Ainsi, les différents pays du monde sont « embourbés » dans un marasme économique, alors que la crise sanitaire perdure et que beaucoup d’Etats se reconfinent une troisième fois. C’est un désastre pour l'économie mondiale.
Doit-on faire un choix entre sauver des vies et sauver des emplois ? Selon une étude des hautes études de Santé Publique (EHESP), le 1er confinement a permis de sauver 3 millions de vies en Europe et 60 000 vies en France.
Selon une étude des hautes études de Santé Publique (EHESP), le premier confinement a permis de sauver 3 millions de vies en Europe et 60 000 vies en France.(Image : Jacques GAIMARD / Pixabay)
Mais, la plupart des économistes d’Europe et des USA pensent qu’un confinement durable pourrait tuer des vies à brève et moyenne échéance. Pourtant, il n’y a plus de choix à faire entre la croissance et la vie, car la vie doit toujours l’emporter. « Pour sauver l’économie, il faut d’abord sauver les gens ».
Toutefois, Les analystes pensent que le choix des chefs d’Etat conduit tout droit à une catastrophe économique et humanitaire, au-delà de toutes les situations connues dans l’histoire de l’humanité à ce jour. Ainsi 200 millions de personnes supplémentaires vont rejoindre le seuil de l’extrême pauvreté, en raison du blocage de l’économie mondiale. Le chômage est en train d'exploser dans tous les pays par suite des fermetures d’entreprises en masse. Le nombre de morts du Covid-19 risque d’être moins important que celui causé par le confinement car le confinement strict détruit des pans entiers de l’activité économique.
Le professeur Phillip Thomas à l’Université de Bristol du Royaume Uni, a fait savoir dans l’une de ses études, que les mesures répétées et draconiennes de confinement pourraient entraîner dans son pays l’équivalent de 560 000 morts en raison de la récession prolongée.
Pour Edouard Husson, historien et ancien directeur général de l'ESCP Europe, la perception de la pandémie est très individualiste. En 1914, les soldats acceptaient la mort pour défendre la patrie parce qu’ils avaient le sentiment d’être un chaînon dans une lignée. Par ailleurs, quand il y avait des épidémies régulières, les Etats prenaient des mesures de précaution pour soigner les gens, mais le peuple envisageait la mort comme un phénomène sociétal normal. Aujourd’hui, la guerre est devenue un souvenir lointain, aussi l’humanité affiche une tolérance de « zéro mort ». Il semble que la société soit prête à sacrifier l’économie, même si elle en connaît les enjeux. Les analystes canadiens pensent que l’homme devra payer pour le confinement en vies et milliards de dollars pour les décennies à venir. Cet avis est partagé par l’OMS dans un article du journal le Monde.
Alors que doit-on faire ? La solution préconisée par l’OMS, validée par les Etats, est de vacciner les populations contre le virus le plus rapidement possible. (Image : DoroT Schenk / Pixabay)
Alors que doit-on faire ? Qui sauver ?
La solution préconisée par l’OMS, validée par les Etats, est de vacciner les populations le plus rapidement possible contre le virus. Tous les pays du monde se sont penchés sur cette question et les chercheurs des pays européens, des USA, de la Russie et de la Chine ont proposé des vaccins en unissant leurs forces, pour venir à bout du coronavirus. La plupart de ces vaccins ont été approuvés par le conseil scientifique de l’Europe, hormis celui en provenance de la Chine qui est en cours de validation. Maintenant, que ce soit le vaccin Pfizer-BioNTech, AstraZeneca, Moderna, Sputnik V, ou Sinopharm, les différents pays « s’arrachent » le maximum de doses pour protéger leur population. La plupart des pays ont mis en place des remparts pour sauver leurs ressortissants et protéger leur économie.
Mais des disparités apparaissent en fonction de la richesse des pays et il semble que les pays en développement soient les grands oubliés de la vaccination.
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