Quand le bon sens traditionnel des peuples reprend du service
Il y a un sujet de discussion en famille et entre collègues qui revient souvent ces derniers temps : et si notre vie post-covid allait enfin être l’occasion d’une vie mieux maîtrisée ?
Les gens ont aimé rester à la maison. Pour travailler l’efficacité est la même. La famille est là plus souvent et de toute façon avec internet personne ne sera jamais vraiment coupé des autres. Moins de transport veut aussi dire moins de pollution et moins de dépenses dans les infrastructures. Fini les embouteillages ! Même la fameuse « bise française » ne semble manquer à personne. Ainsi, cette pandémie et ces restrictions nous donneraient l’occasion de repenser notre rapport au quotidien, au travail et même notre façon de vivre.
Si un tel futur se dessine, n’est-ce pas aussi notre rapport à l’État et à l’autorité qui risque d’être réinterrogé ? Face à cette pandémie, les gouvernements ont poussé d’un cran supplémentaire le contrôle de la gestion du quotidien des gens. À son tour, la contre-réaction, qui était déjà présente chez une bonne partie de la population, s’est intensifiée. Leur message : les individus doivent pouvoir être responsables de leurs choix.
L’Australie: modèle ou anti-modèle ?
Certains pays, plus que d’autres, se sont fait remarquer pour leur gestion de la pandémie. C’est le cas de l’Australie notamment, car les restrictions mises en place sont sévères, alors même que le pays est le moins touché au monde.
Les quartiers de Sydney dans lesquels le virus circule sont les plus sévèrement ciblés par les autorités. Pourtant c’est l’intégralité du territoire des différents états autonomes qui subit les restrictions et les confinements : les écoles sont fermées quelle que soit la zone dans laquelle vous habitez, c’est-à-dire même en l’absence de cas de Covid. De même, les commerces non-essentiels ne sont plus autorisés à ouvrir. Mais pour les habitants des zones où le virus ne circule pas, la pilule est amère.
C’est le cas à Sydney, où les habitants des zones non concernées ne voient pas pourquoi ils devraient plier serviette et renoncer à la plage. En réalité, les habitants de Sydney, Melbourne ou Brisbane ne semblent pas rejeter les restrictions. Ce qu’ils revendiquent, c’est le droit de se protéger eux-mêmes du virus plutôt que de laisser le gouvernement s’en occuper. Pire qu’une ingérence, ils y voient un non-sens : pourquoi une telle « surréaction » de la part de leurs élites ?
Comme le dit Andrew Bolt, journaliste au Daily Telegraph : « les restrictions sont nécessaires, mais c’est à nous-mêmes qu’il revient de nous protéger et non au gouvernement. »
Dans son argument, il cite l’article 37 de l’ordre des médecins, qui s’inspire du serment d’Hippocrate : « le médecin (mais ici on pourrait rajouter l’État ou les experts) doit s’abstenir de toute obstination déraisonnable et peut renoncer à entreprendre ou poursuivre des traitements qui apparaissent inutiles, disproportionnés ou qui n’ont d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. »
Selon Bolt, certains de nos confinements très durs ne sont pas sans rappeler l’acharnement thérapeutique du médecin sur le patient. Les restrictions et les confinements seraient déraisonnables, alors même que le nombre de personnes concernées reste dans certains endroits faible, voire nul. Il y voit un acharnement qui fait plus de mal que de bien.
Et de citer l’exemple de sa tante. Elle vit aux Pays-Bas, est âgée de plus de 70 ans et vaccinée. Malgré cela, elle est consciente qu’en raison d’une santé fragile, attraper le virus lui serait sans doute fatal.
Il y a quatre fois plus de morts liés à la Covid aux Pays-Bas qu’en Australie, pourtant elle ne réclame pas un confinement généralisé. Elle se protège elle-même, dit-elle, et elle demande à ses proches de ne pas venir la voir à moins d’être vaccinés. De même, elle sort peu. Elle comprend qu’il n’y a pas de risque zéro.
Les experts peuvent-ils vraiment tout savoir ?
On ne peut pas nier que l’État et les experts travaillent sans relâche pour trouver des solutions. Mais les peuples en ont-ils tant demandé ? Ce que les manifestations ont confirmé c’est que les peuples des différents pays ne sont pas prêts à renoncer au bon sens populaire. Même les gouvernements ou les experts les mieux intentionnés – et il y en a – n’ont pas forcément raison. Les peuples aussi peuvent avoir raison, et ils réclament qu’on leur reconnaissent la capacité à utiliser leur bon sens.
Cette difficulté des gouvernements à gérer la pandémie d’une part, et le flou entretenu sur l’origine chinoise du virus d’autre part – auquel on peut maintenant ajouter le doute sur l’efficacité réelle des vaccins – tout cela inquiète les populations. Sur les risques sanitaires bien-sûr, mais aussi sur la capacité des élites à gérer les choses. L’État et les experts ne font plus l’unanimité auprès de beaucoup de gens, et parfois pour des raisons assez différentes.
À ce stade, deux conceptions critiques de l’État et des experts semblent se détacher: ceux qui y voient un groupe sur-organisé et omnipotent, qui agit dans l’ombre dès qu’il le peut, avec finesse, et une manipulation machiavélique bien huilée (les théoriciens du complot), et ceux qui au contraire y voient des administrations dépassées, d’une incompétence qui devient comique, et gérées par des bureaucrates déconnectés.
Quelle que soit la façon dont ils font entendre leur voix, en manifestant ou pas, en acceptant ou pas la vaccination et les pass sanitaires, les peuples réclament le retour à un certain bon sens et un certain retrait des technocrates. Ils veulent qu’on leur reconnaisse la capacité à se gérer eux-mêmes. Pendant ce temps-là, la gouvernance par les experts s’enfonce dans la crise.
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