En milieu urbain, la marche s’est muée en exercice difficile, voire périlleux. L’espace réservé aux piétons se réduit comme peau de chagrin. Les pouvoirs publics alertés s’ingénient à trouver des solutions afin que le piéton retrouve sa sérénité.
Qu’est-ce qu’un piéton ?
Avant de se pencher sur le sort réservé aux piétons, il faudrait définir la notion de piéton. Si étymologiquement, le terme de piéton désigne toute personne se déplaçant à pied, selon le code de la route (Art R412-34/) sont considérés comme piétons :
« 1. Les personnes qui conduisent une voiture d’enfant, de malade ou d’infirme, ou tout autre véhicule de petite dimension sans moteur.
2. Les personnes qui conduisent à la main un engin de déplacement personnel motorisé, un cycle ou un cyclomoteur.
3. Les infirmes qui se déplacent dans une chaise roulante mue par eux-mêmes ou circulant à l’allure du pas ».
Le piéton, très protégé par le code de la route est tenu néanmoins de se déplacer sur les trottoirs prévus à cet effet, emprunter les passages piétons, respecter les feux lumineux.
Des piétons de plus en plus vulnérables
La législation souligne le caractère vulnérable du piéton plus exposé aux dangers que les usagers de la route motorisés. Les piétons paient en effet un lourd tribut en matière d’accidents. Le bilan de la sécurité routière pour l’année 2021 révèle que sur plus de 50 000 accidents corporels, on dénombre 3944 tués dont 414 piétons, et « 24 usagers d’engins de déplacement personnels ». D’après un rapport Statista effectué en 2020, 3 % des piétons décédés se trouvaient sur un passage pour piétons lors de l’accident.
Dans le même temps, une montée des incivilités envers les piétons se fait jour. En grande majorité, les piétons sondés avouent avoir peur de circuler sur les trottoirs et les passages « protégés ». L’espace réservé aux piétons serait devenu une sorte de jungle que se disputent les marcheurs, les conducteurs de trottinettes et les cyclistes, eux-mêmes chassés des pistes cyclables par les automobilistes. Les associations de piétons peinent à se faire entendre concernant la question des trottoirs et des accotements mal entretenus. Emprunter des voies aux revêtements inexistants ou inachevés s’avère dangereux. La marche à pied vantée par ailleurs pour ses vertus écologiques et thérapeutiques ne s’en trouve guère facilitée !
Les zones apaisées : une alternative prometteuse
L’espace réservé aux piétons, sujet de débat récurrent, semble lié essentiellement au civisme et au comportement. La tendance vise à rappeler aux usagers que la route est un espace public à partager dans le respect de tous. Chacun a des droits et des devoirs y compris le piéton. Plus vulnérable, celui-ci doit redoubler de vigilance. Certaines villes ont mis en place le principe des « zones apaisées » pour encourager une cohabitation plus sereine entre les divers acteurs en présence.
Les zones apaisées se présentent sous plusieurs formes :
- Les zones 30
Ces zones favorisent un meilleur équilibre entre la vie locale et les véhicules. La vitesse n’excède pas les 30 km/h.
- Les zones de rencontre
Celles-ci facilitent l’activité urbaine mais les piétons sont prioritaires face aux véhicules tous autorisés à circuler.
- Les aires piétonnes
Dans cet espace dédié aux piétons qui peuvent y circuler sans contraintes, la vitesse maximale des véhicules autorisés ne dépasse pas 10 km/h.
- Les voies vertes
Il s’agit d’un espace où les piétons, les cyclistes et les trottinettes évoluent dans un cadre agréable. Seuls les véhicules d’entretien et les véhicules des riverains y sont autorisés.
Depuis 2020 la ville de Nantes a développé les zones de rencontres sur tout son territoire. Sur le site de la ville, on peut lire : « La réussite de la ville apaisée est intimement liée au vivre ensemble, au respect mutuel des comportements de chacun des usagers ». Une enquête diligentée par la municipalité est menée auprès des administrés, invités à évaluer les nouvelles mesures.
La ville de Pau propose des zones apaisées où se côtoient les divers dispositifs cités plus haut. L’objectif est de cultiver le vivre ensemble.
Un projet de ville apaisée dans la capitale
À Paris les relations entre les divers usagers de la route tournent souvent au drame. La Mairie de Paris prévoit de consulter les Parisiens et les Franciliens au sujet de l’usage des trottinettes qui provoquent l’exaspération des piétons « marcheurs ». Pour enrayer les tensions, la ville a mis en œuvre des mesures telles que la journée sans voiture, notamment le premier dimanche du mois.
À l’instar d’autres villes de France et d’autres capitales européennes telles que Madrid et Rome, la ville de Paris a établi un projet de zones apaisées afin de rééquilibrer l’espace réservé aux piétons, aux cyclistes et aux usagers des transports en commun. Il s’agit de proposer aux habitants des rues plus attractives et plus sûres. Les arrondissements concernés seront les suivants : Paris Centre (Ier, IIe, IIIe, IVe arrondissement) ainsi que les Ve, VIe et VII arrondissements. Ces zones sont aussi appelées zones à trafic limité. Pourront y circuler les ayants droit, les résidents disposant d’un macaron, les bus, les taxis. De telles politiques devraient se concrétiser à l’horizon 2024.
L’espace réservé aux piétons sera-t-il le reflet d’une ville apaisée où règnent en maîtres la courtoisie, le civisme et le vivre ensemble ? La question reste posée.
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