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Société. Quand l’intelligence artificielle peut prédire la personnalité

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Intelligence artificielle (Image : geralt / Pixabay)

Dans un futur proche, lorsque vous postulerez pour un emploi ou rejoindrez une nouvelle équipe au travail, il se peut que ce soit une machine qui évalue votre personnalité pour déterminer si vous êtes apte à occuper ce poste.

Réalisant que les gens pourraient facilement manipuler les tests conventionnels de personnalité, une équipe de chercheurs en informatique et psychologie du groupe Macquarie, du CSIRO, et de l’université de Sydney, a décidé d’étudier des moyens de rendre la détection de personnalité plus objective.

Shlomo Berkovsky, professeur associé de l’institut Australien d’innovation sur la santé Macquarie, a déclaré : « Les gens peuvent très bien modifier leurs réponses et adapter leur comportement pour correspondre à l’image que l’on attend d’eux. »

Ainsi l’équipe a pensé à une nouvelle approche : « Notre idée principale était de détecter la personnalité de quelqu’un en utilisant des méthodes objectives qu’il ne pourrait ni contrôler ni manipuler ».

Berkovsky a présenté cette nouvelle recherche en début de mois, au CHI 2019,  première conférence internationale sur l’interaction homme-machine, organisée par l’Association for Computing Machinery, l’organe de recherche informatique le plus à la pointe au monde.

L’équipe s’est vu décerner le prix du meilleur article de la conférence – une vraie reconnaissance pour l’originalité et la portée de ce travail.

Pas de tricherie : l’équipement spécialisé offre un résultat honnête

Les chercheurs ont décidé d’analyser les réponses corporelles des personnes, telles que la dilatation des pupilles, l’activité cérébrale, et la conductance cutanée (comme lorsque vous êtes excités et que votre peau dégage momentanément des micro gouttes de sueur) au moyen des vidéos et des images suggestives.

Pour mener à bien l’expérience et collecter les données, ils ont fait venir 21 personnes dans leur laboratoire. Ils les ont équipées de lunettes spéciales dotées de deux mini caméras intégrées pour enregistrer la dilatation des pupilles et le mouvement des yeux, d’un casque pour enregistrer l’activité du cerveau et de deux pinces porte-électrodes sur leurs doigts pour détecter leur rythme cardiaque et leur conductance cutanée.

« Les méthodes d’IA seraient moins chères, plus rapides et plus précises que les outils d’évaluation des experts actuels. »

Les chercheurs ont ensuite montré à ces personnes des images et des vidéos validées, déjà étayées par des recherches antérieures indiquant qu’elles suscitaient des émotions. Chaque personne a visionné les vidéos pendant environ 14 minutes et regardé les images pendant 9 minutes tandis que leurs réponses corporelles étaient enregistrées.

Une fois les données collectées, les chercheurs les ont traitées et ont utilisé l’Intelligence Artificielle (IA) pour préjuger des 16 traits de personnalité à partir de trois modèles d’évaluation de la personnalité, établis et largement utilisés en psychologie.

La quantité est la clef

À leur grande surprise, Les traits de personnalité prédits, étaient très précis. Berkovsky a déclaré : « En utilisant simplement les données relatives aux yeux, nous avions une précision de près de 86 % des prévisions. Avec l’ajout d’autre données sensorielles, la précision s’élève à plus de 90 % ».

« En fait, plus vous ajoutez de données et de réponses corporelles, plus d’informations sont capturées, ainsi l’IA peut prédire les traits de personnalité à des niveaux de précision de plus en plus élevés. »

Il a ajouté que des technologies semblables de prédiction pourraient être utilisées dans le futur à des fins de recrutement ou de constitution d’équipes : « L’IA pourrait bientôt remplacer les tests existants pour collecter des données objectives sur l’homme. Les méthodes d’IA seraient moins chères, plus rapides et plus précises que les outils d’évaluation d’experts actuels. »

Regard vers l’avenir

Berkovsky utilise déjà cette capacité de prédiction de l’IA comme un premier pas vers une recherche plus large à laquelle il participe à l’institut Australien de l’Innovation en Santé; il a déclaré : « Parce que nous avons trouvé que ces réponses physiologiques contiennent de nombreuses informations, nous essayons d’appliquer des idées similaires pour prédire les conditions médicales. »

Son équipe essaie d’utiliser l’IA pour prédire le développement et la progression de troubles mentaux et neuronaux tels que la maladie d’Alzheimer, ainsi que pour des difficultés d’apprentissage telles que la dyslexie, qui est très difficile a diagnostiquer. Berkovsky a déclaré : « Imaginez simplement que, au lieu de faire subir à un enfant des tests cliniques avec un spécialiste, il lui suffirait d’utiliser un téléphone mobile normal qui capterait ses yeux et sa voix pendant qu’il lit quelque chose. »

« Nous espérons pouvoir arriver à ce que l’IA prédise un diagnostic de dyslexie en quelques minutes. Les applications de cette technologie en matière de santé sont infinies. »
 

Procuré par : Melinda Ham, Macquarie University
 

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