L’humanité a une longue histoire en ce qui concerne les migrations dues au changement climatique. Toutefois, ces migrations se faisaient en général à petite échelle, sur plusieurs décennies, voire plusieurs siècles.
Selon un rapport de 2018 de la Banque mondiale, on pourrait assister à la migration de plus de 140 millions de personnes à travers le monde d’ici 2050, en raison du changement climatique. Cet événement serait susceptible de déclencher des conflits dans de nombreuses régions et de menacer le développement mondial.
La migration
Selon ce rapport, intitulé Groundswell - Preparing for Internal Climate Migration, les trois régions suivantes seraient les plus gravement impactées par le changement climatique : l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et l’Asie du Sud. En raison de problèmes tels que les mauvaises récoltes, la pénurie d’eau, l’aggravation des ondes de tempête et l’élévation du niveau de la mer, les habitants de ces régions seraient contraints de se déplacer dans des zones centrales, soit à l’intérieur de leurs frontières, soit vers les pays voisins. Ces 140 millions représentent pour l’essentiel près de 2,8 % de la population des trois régions. Il y aurait cependant un bon côté à cela : si les émissions de gaz à effet de serre étaient réduites et que des plans appropriés étaient mis en place, le nombre de migrants pourrait être ramené à 40 millions.
« Nous disposons encore d’une petite marge, avant que les effets du changement climatique ne s’aggravent, pour préparer le terrain à cette nouvelle réalité... Les mesures prises par les villes pour faire face à la tendance à la hausse des arrivées en provenance des zones rurales, et pour améliorer les possibilités d'éducation, de formation et d’emplois, porteront leurs fruits à long terme. Il est également important d’aider les gens à prendre de bonnes décisions quant à savoir s’ils doivent rester là où ils sont, ou s’installer dans de nouveaux endroits où ils seraient moins vulnérables », a déclaré l’administrateur de la Banque mondiale (World Bank).
Des millions de migrants pourraient demander l’asile, ce qui créerait une crise internationale. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Dans l’ouest du Pacifique, en raison de l'élévation du niveau de la mer, huit îles ont été submergées et deux autres sont en passe de l’être. D’ici 2100, près de 48 îles seront recouvertes par les eaux. Les habitants de ces îles n’auront nulle part où aller si ce n’est chez leurs voisins mieux lotis, qui ne seront peut-être pas si enclins à les accueillir. Pour exemple, une famille de l’archipel des îles Kiribati a demandé le statut de réfugié à la Nouvelle-Zélande en 2015. La Haute Cour a rejeté la demande. À l’avenir, des millions de personnes seront amenées à demander ce statut de réfugié en raison du changement climatique qui provoque une crise internationale.
De nombreux pays ont signé le Pacte mondial des Nations Unies sur les migrations (PMM), qui renseigne sur les mesures que les gouvernements peuvent prendre pour faire face à ce problème. « La priorité principale est de trouver des solutions qui permettent aux gens de rester chez eux et de leur donner les moyens de s’adapter à l’évolution des conditions environnementales. Cette approche vise à éviter les cas de migrations désespérées et les tragédies qui y sont associées. Toutefois, lorsque les impacts du changement climatique sont trop intenses, une autre priorité mise en avant dans le Pacte est d’améliorer la disponibilité et la flexibilité des voies de migrations régulières », a déclaré Dina Ionesco de lOrganisation internationale pour les migrations (OIM) à UN News
L’impact américain
Une étude sur l’impact de l’élévation du niveau de la mer en Amérique prévoit que près de 13 millions de personnes pourraient être contraintes de quitter les zones côtières d’ici la fin de ce siècle. Six millions d’entre elles viendraient du seul État de Floride. En raison de cette migration, les États comme la Californie, le New Jersey, New York et la Louisiane devraient faire face à un afflux massif de migrants. Le seul événement qui correspondrait à une migration aussi importante dans l’histoire des États-Unis serait la grande migration du XXe siècle, lorsque près de six millions d’Afro-Américains ont quitté le sud pour des villes du nord, de l’ouest et du Midwest.
La Floride sera la région des États-Unis la plus touchée par le changement climatique. (Image : pixabay / CC0 1.0)
« Il n’y a pas un État qui ne soit pas touché par cela... La grande migration s’était faite du sud vers le nord industrialisé, alors que maintenant cela se ferait de tous les endroits côtiers des États-Unis vers tout autre endroit des États-Unis... Tout le monde ne peut pas se permettre de déménager, nous pourrions donc nous retrouver avec des populations piégées qui se retrouveraient dans une spirale descendante. J’ai du mal à imaginer ce que serait cet avenir », a déclaré le démographe Mat Hauer, auteur principal de l’étude, au journal The Guargian. Le niveau de la mer le long des côtes américaines pourrait s’élever de presque 2 mètres au cours des prochaines décennies. Des parties importantes de Boston, de Caroline du Nord, de Virginie et de Floride pourraient être submergées.
Bien que des prédictions aussi terribles sur l’avenir ne devraient pas être considérées à la légère, il faut garder à l’esprit que de nombreux changements climatiques catastrophiques prédits dans le passé se sont révélés faux. À la fin des années 1930, plusieurs personnalités de premier plan parlaient de la fonte de l’Arctique et de la façon dont cela allait changer le monde. Près de 80 ans se sont écoulés et l’Arctique n’a toujours pas fondu.
Dans les années 1960, on a prédit que la surpopulation serait le prochain problème, le biologiste Paul Ehrlich de l’université de Stanford avait proposé que l’Amérique rationne l’eau d’ici 1974 et la nourriture d’ici 1980. Un article français avait rapporté que les Maldives seraient sous l’eau 30 ans après. Non seulement ces 30 ans se sont écoulés, mais les Maldives sont aujourd’hui une destination touristique prospère, dotée d’une riche culture. Cependant, rien ne garantit que de telles choses ne se produiront pas.
Rédacteur Fetty Adler
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