Avec l’urbanisation galopante de ces dernières années la population a vu se réduire de façon significative le contact avec la nature. Ainsi donc une discipline valorisant les vertus curatives et apaisantes de la forêt s’est mise au goût du jour. Il s’agit de la sylvothérapie, née au Japon il y a plus de trois décennies.
Qu’est-ce que la sylvothérapie ?
Le terme est apparu depuis peu. Il provient de deux mots latins silva qui veut dire « forêt » et therapeia qui veut dire « cure ». La sylvothérapie consiste à s’immerger dans la nature, se ressourcer au contact des arbres, en particulier pour en recueillir les vertus régénératrices. Dans les années 1980, le ministère japonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche, a inventé le Shinrin-yoku ou « bain de forêt » afin d’enrayer les effets préoccupants du stress en milieu urbain et professionnel. En 2012, le professeur Qing Li, médecin immunologiste à l’Université de Tokyo, fonde une nouvelle discipline médicale : la sylvothérapie. Dans un livre destiné aux scientifiques Forest medicine, il démontre en quoi la forêt représente un soin naturel pour l’homme.
La méthode bien implantée dans « le pays du Soleil Levant » gagne du terrain en France depuis quelques années. En fait la thérapie existait déjà. Sans être nommée, elle était pratiquée par diverses cultures ancestrales, notamment les Amérindiens ou les Druides, fascinés par la forêt, à qui ils rendaient jadis un culte.
Plus près de nous, dans la France du XIXe siècle, des médecins recommandaient aux malades tuberculeux, des cures en forêt de résineux, pour bénéficier d’un environnement sain et apaisant.
Des bienfaits reconnus par la science
Le docteur japonais Qing Li et ses confrères ont mené diverses études révélant les nombreux bienfaits d’une promenade immersive en forêt. La découverte centrale concerne l’amélioration du système immunitaire due à l’émission de phytoncides, ces substances volatiles produites par les arbres. Les phytoncides détruisent les bactéries et les champignons. Dans le même temps, il s’avère qu’après trois jours et deux nuits passés en forêt, l’activation de cellules anticancéreuses augmente. Il s’agit de cellules appelées NK, Natural Killer. Le milieu médical a mis également en évidence une réduction de la pression artérielle et une baisse de la glycémie survenant après les bains de forêt. Les arbres contribuent à diminuer la production de cortisol, l’hormone du stress. Leur fonction apaisante et relaxante les transformerait en véritables antidépresseurs à ciel ouvert. En outre, les bains de forêt entraînent une amélioration des facultés cognitives et de la santé cardio-vasculaire.
Comment s’y prendre pour réussir un bain de forêt ?
Malgré l’absence de règles strictes en matière de thérapie forestière, quelques conseils peuvent s’avérer utiles. Il convient de vivre l’instant présent au moment d’entrer en contact avec la nature et d’amorcer la promenade en forêt. « Laissez-vous guider par votre corps. Écoutez où il souhaite vous emmener. Suivez votre odorat. Et prenez votre temps. Peu importe si vous n’arrivez nulle part. Vous n’allez nulle part. Vous savourez les sons, les odeurs et les images de la nature en vous laissant imprégner de la forêt. Vos cinq sens sont la clé pour libérer le pouvoir de la forêt. » écrit le Dr Qing Li dans son livre paru en 2018, Shinrin Yoku -L’art et la science du bain de forêt-Comment la forêt nous soigne. Il convient en premier lieu d’éloigner tout appareil électronique pour éviter la déstabilisation. Chacun selon son ressenti peut sélectionner un arbre. Le choix ne sera pas anodin affirment les experts.
Certaines personnes qui en ressentent le besoin finissent par s’asseoir au pied de l’arbre. D’autres préfèrent le toucher, voire l’enlacer. C’est le tree hugging (câlin aux arbres), geste symbolique, preuve d’une communion qui s’établit avec l’arbre choisi. Ce geste n’est nullement obligatoire et il faudrait se garder de s’approcher, toucher ou enlacer n’importe quel arbre. Certains d’entre eux ont une écorce ou des feuilles urticantes provoquant des allergies et des démangeaisons. Découvrir les effets de la sylvothérapie peut aussi s’opérer en groupe, sous l’égide d’un sylvothérapeute averti.
Quels arbres privilégier pendant le bain de forêt ?
Tout arbre est unique en son genre et dispense des bienfaits différents. Le saule pleureur (Salix), le plus romantique des arbres, apporterait le réconfort, tandis que le chêne (Quercus) avec sa prestance majestueuse, symbole de force et de puissance, serait une source d’énergie. Pour les Celtes, il représentait l’arbre par excellence, le roi des arbres. Le tilleul (Tilia) réputé pour ses propriétés calmantes, inciterait au lâcher-prise. Le frêne (Fraxinus), d’une haute valeur symbolique, représente la longévité, la force, la renaissance. Son nom est à l’origine de beaucoup de patronymes français, signe de son importance dans l’histoire collective. Quant au bouleau (Betula), en tant que premier arbre du calendrier celtique, il incarne la naissance et le renouveau. Selon Laurence Monce, sylvothérapeute, le bouleau, c’est « l’arbre purificateur ». « Aller à sa rencontre durant votre promenade en forêt, apaise immédiatement votre âme » explique-t-elle dans son livre paru en 2018, Ces arbres qui nous veulent du bien : à la découverte de la sylvothérapie.
Le hêtre (Fagus sylvatica) fort et délicat à la fois, utilisé pour la fabrication de la pâte à papier, personnifie la connaissance, la mémoire. Il apporterait la sérénité. L’olivier (Olea) peut compléter cette liste non exhaustive. Arbre aux multiples vertus, omniprésent au sein de la tradition méditerranéenne, l’olivier incarne la paix et la transmission.
La sylvothérapie, thérapie essentiellement simple et naturelle s’apparenterait à une forme de méditation. Se connecter à la forêt permet en quelque sorte de se connecter à notre arbre intérieur…
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