La voix est le premier cri qui marque la naissance d’un être humain sur terre. C’est le plus vieil instrument de l’identité de l’homme au cœur de son origine.
La résonance de la voix est un souffle transformé en son, qui donne des informations sur notre état d’être, nos émotions, nos intentions et se révèle être en correspondance étroite avec notre vécu, la voie ou le cheminement que nous choisissons d’emprunter dans notre vie. Ainsi, voie et voix seraient irrémédiablement liées à l’identité de toute personne.
En cette période troublée où le déconfinement inquiète davantage que le confinement, des « voix » suspicieuses, inquiètes et anxieuses s’élèvent contre les dispositions, et les « voies » prises par les instances gouvernementales sont jugées peu convaincantes.
La voix est le « second visage » de l’Homme
Christophe Haag, professeur en psychologie sociale à l’EM-Lyon, nous dit que : « La voix, propre à l’Homme, est un second visage, elle est aussi expressive que le faciès. Par d’infimes changements, elle peut trahir l’émotion, séduire ou irriter, blesser ou persuader.... Lorsque nous discutons avec autrui, nous avons tendance, par effet miroir, à imiter sa voix, son rythme, ses tournures de phrases, son intonation pour réduire la distance sociale entre lui et nous ».
Ainsi, la voix est en prise directe avec notre cerveau. Elle est depuis toujours le miroir de nos émotions. Elle est douce et chaleureuse quand nous sommes compatissants et à l’écoute de l’autre. Elle peut aussi être agressive et imposante, quand nous sommes en colère, impatients ou angoissés.
« Tout travail vocal nous fait entamer un travail très profond sur nous-mêmes ». (Image : Ján Števonka / Pixabay)
Ceux qui pratiquent le chant savent bien qu’il faut apprendre à utiliser le souffle pour faire sortir les meilleures sonorités de sa voix. D’ailleurs Bernadette Mercier, chanteuse lyrique précise : « Quelqu’un qui se tient très voûté, avec le sternum enfoncé, ne peut pas avoir une voix libre… Tout travail vocal nous fait entamer un travail très profond sur nous-mêmes. Quant au fil des cours de chant, on sent que le corps de l’élève se replace et que le son s’ouvre, souvent la relation s’en ressent, une part de timidité tombe aussi ».
Ainsi le moi-sonore de l’homme est son expression vocale qui lui permet de prendre possession de son espace et de se situer dans son environnement. La voix nous permet d’exister par rapport aux autres, mais aussi d’être en interrelation avec autrui. Il est bien connu que ceux qui souffrent d’une pathologie de l’expression ont une voix éteinte parfois étouffée.
La sonorité vocale nous donne aussi des renseignements sur notre état de fatigue, d’ailleurs les scientifiques pensent qu’elle est un signe préventif pour système nerveux de l’arrivée de maladies.
En psychologie, il est reconnu que la voix s’exprime directement à travers nos émotions, au même titre que le regard ou le gestuel. Le son vocal situe immédiatement la personne et nous dit qui elle est. Cela confirme l’idée que la voix est en relation avec le vécu de l’homme. En effet, les émotions sont le véhicule que nous utilisons pour traduire nos joies et nos peines, la lassitude ou la détermination, la compassion ou la colère, la patience ou l’agitation... Tout est exprimé dans le timbre de voix et c’est pour cela que le cheminement social ou spirituel d’un être se matérialise dans l’expression de notre oralité. Une oralité qui passe par l’écoute et se trouve être tributaire du souffle, qui assure la fréquence grave ou mélodieuse.
Le cheminement de la voie de l’Homme influence sa voix
Le chemin qui est la voie tracée pour aller d’un endroit à un autre est aussi la voie qui va de soi à soi, pour se retrouver et mieux se connaître. En spiritualité, comme dans le bouddhisme par exemple, on parle de chemin d’accomplissement pour la redécouverte de son Être total.
La voie demande de porter attention à chaque pas, pour arriver progressivement à ses objectifs et parvenir à son but idéal. Ce but peut être sociétal, spirituel, ou basé sur l’honneur, la moralité, le respect, le pouvoir, la richesse ou la destruction. Tous les chemins sont possibles ! Pour arriver à destination, selon la voie choisie et la manière de la parcourir, notre vécu pourra être harmonieux avec une fusion dans l’unité retrouvée en soi, où décousue voire chaotique, si la superficialité de notre monde environnant reste une donne importante pour construire notre moi.
Tout est exprimé dans le timbre de la voix et c’est pour cela que le cheminement social ou spirituel d’un être se matérialise dans l’expression de son oralité. (Image : Tumisu / Pixabay)
On peut donc devenir meilleur ou pire à tout moment de notre vie, selon la voie que l’on choisit. Et, bien entendu, ces choix bons ou mauvais vont s’extérioriser à travers notre sonorité vocale, qui peut traduire en un mot, qui nous sommes.
Si la voix identifie l’homme et la femme, l’enfant et l’adolescent, il est certain qu’elle est un vecteur de notre état d’être intérieur. Ainsi, sur un simple bonjour, on peut immédiatement déterminer avec quel genre d’interlocuteur on a affaire.
La fréquence de la voix d’une femme est plus haute que celle d’un homme. C’est un principe bien connu. Mais en Chine, il y a une exception à cette règle, avec le « dialecte Wu », dans lequel les voix masculines et féminines émettent des fréquences quasiment identiques.
Ainsi la voie qui indique le cheminement de notre vie à travers nos expériences et nos choix, semble avoir une incidence majeure sur la sonorité de notre voix. En effet, un homme sage, raisonnable, imprégné de principes de tolérance, de compassion et de patience aura une voix douce, altruiste et respectueuse. Il saura exprimer par la voix du cœur, son énergie positive, pure et bienveillante pour transmettre un message oral à son entourage.
Un homme belliqueux, impatient et égoïste sera fortement imprégné du principe « moi avant, les autres après » ou l’expression bien connue « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Dans ce cas, sa voix sera forte, rapide, dominante, voire agressive. Cette tonalité va susciter de l’inconfort pour les autres, qui se sentiront agressés, meurtris, voire décontenancés.
En spiritualité, comme dans le bouddhisme par exemple, on parle de chemin d’accomplissement pour la redécouverte de son Être total. (Image : Karin Henseler / Pixabay)
Il y a différents types de voix qui font apparaître des états d’être multiples dans la société. Nous avons les voix du rugissement, du grognement, de la protestation, de la supplication ou de la bienséance… Ce sont ces voix qui s’expriment la plupart du temps dans les pays démocratiques, où le peuple fait savoir son ressenti quand il n’est pas en phase avec les décisions prises par ses représentants politiques. C’est une démarche démocratique qui fait entendre la voix du peuple.
Mais il y a d’autres pays, où la population n’a pas la possibilité d’exprimer ses besoins. Le peuple est muselé et meurtri dans ses revendications. C’est le cas pour certains pays qui n’autorisent pas à leurs ressortissants à manifester, s’exprimer sur les réseaux sociaux ou se rassembler sur la place publique.
Il y a un proverbe qui dit que La parole libère, espérons que cet adage pourra se vérifier à l’avenir et que la voix permettra d’ouvrir la voie.
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.